
J’ai traduit to be afraid par avoir peur, mais j’hésitais entre avoir peur ou être apeuré(e). Car que l’on le veuille ou pas, on en revient souvent au fameux choix entre être et avoir.
Être en état de peur, être apeuré(e), ou avoir la peur en soi, au ventre, au coeur ou ailleurs, du pareil au même non ? Deux façons de dire la même chose ? Ou presque ? Ou pas ?
Être apeuré(e) semble à première vue plus impliquant que d’avoir de la peur en soi. Mais au-delà de la stricte sémantique, les deux états sont semblables. Selon que l’on se conçoive davantage un être d’état ou un être d’avoir.
Être en vie, ou avoir une vie ?
L’anglais me semble davantage une langue d’état, comparativement au français qui semble davantage avoir et posséder.
Quelques exemples.
I am scared = j’ai peur, I am hungry = j’ai faim, j’ai soif = I am thirsty.
Je pense donc je suis, je sens et je suis ou j’ai des pensées et des émotions qui me passent par la tête, le coeur et le corps.
Pour en revenir à la peur, les principales peurs humaines sont probablement la mort, la souffrance, l’abandon, l’humiliation, la disparition. Et quelques autres on the side bien sûr.
Si plusieurs humain(e)s disent ne pas avoir peur de mourir – ce que l’on verra bien pour de vrai en temps et lieu – plusieurs avouent toutefois avoir peur de souffrir, ou avoir peur que leurs proches souffrent. Mais comme l’affirme ici Montaigne: une personne qui a peur de souffrir souffre déjà de ce dont elle a peur. Pensons-y.

Simple à dire mais allez le dire à quelqu’un(e) qui a peur, que ce soit de mourir ou de souffrir. Pas moins pénible pour elle. Et quand la peur nous tient, bien difficile de s’en débarrasser.
Parfois c’est la peur qui nous tient, et parfois, c’est nous qui la tenons et ne la laissons pas aller. Car parfois, la peur réconforte aussi. Certains ont peru d’avoir peur, mais d’autres aiment ça. D’où les films d’horreur. J’ai peur donc je vis. Je suis apeuré, donc je suis.
Donc a-t-on la peur en soi ou sommes-nous la peur ?
Petite – ou grande – question existentielle, mais aux répercussions similaires.
Peut-être que la réponse juste consiste tout simplement à se permettre d’avoir ou d’être la peur quand la peur se manifeste en nous et autour de nous.
Car si on pense à l’avenir comme on le fait tous et toutes parfois, et particulièrement en ces temps incertains, il est quasiment inévitable de ressentir une certaine crainte, une inquiétude, ou une peur bleue, ou d’une autre couleur, devant les menaces qui nous se dressent devant nous.
Que ce soit peur pour soi, pour ses enfants ou petits-enfants, la peur est bien réelle.
Et chacun chacune de nous doit apprendre à vivre avec. Comme la souffrance quand elle se présente.
Et il n’y a pas d’autre choix que de la ressentir quand elle nous passe dedans ou autour, de la reconnaître et de l’accepter.
Qu’on la soit, ou qu’on l’ait. Qu’elle soit réelle, ou imaginée. Qu’on la laisse se consumer. Car elle vient, et va. Tout naturellement.
Il est songé à souhait ce texte.
Acceptance of fear when it seizes me
so I can process it, conquer it
and keep on growing.
Si la peur a mauvais goût,
est-ce que la prudence est un enrobage sucré
et la sagesse une indifférence gastronomique?
J’aimeJ’aime
J’ajouterai que dans mon cas, la quiétude a meilleur goût que la modération. héhéhé
J’aimeJ’aime