WE TOO SHALL PASS

Le passé et l’avenir font partie du présent. – Alan Watts

Il existe une expression anglaise (qui a peut-être été traduite d’une autre langue) qui dit: This too shall pass, qu’on pourrait traduire en français par ceci aussi devrait passer, ou ceci aussi va passer pour les plus catégoriques.

Comme le temps, comme les choses agréables de la vie, tout passe. Notamment les choses agréables qui passent toujours plus vite qu’une visite chez le dentiste.

Tout passe, comme chacun(e) de nous passera. Dans l’histoire, comme notre tour parfois que l’on préfère passer. et parfois, on laisse passer. Avant de trépasser.

Même si nous ne sommes pas mort(e) encore, jamais mort(e) encore en fait, car encore en corps, pas mal certain qu’on le sera un jour, ou de soir. Car oui, probablement qu’on mourra. On passera à-travers le temps comme le temps nous passe à-travers, comme le temps nous rentre dedans. Pas trois fois passera, une seule fois. On passera tout droit, comme on passera aussi de l’autre bord comme le veut l’expression. Et toujours dans le domaine des expressions, celle-ci qui ne se dit presque plus désormais avec la fin des buanderies asiatiques: tu feras comme le chinois, tu repasseras.

Tout passe. Et parfois même, certains choses repassent. Parfois lentement, parfois trop vite. Plus on vieillit, et plus on dirait que ça passe vite. La vie passe, le temps passe, on passe. Et de certaines choses, on ne peut plus s’en passer.

Nous ne sommes plus ce que l’on a déjà été, mais sommes-nous déjà ce que l’on sera plus tard ? La question se pose. Car avec les algorithmes, notre passé détermine de plus en plus ce qui nous est offert, ce qui nous est donné à voir. Notre furetage passé détermine notre futur. Un peu – trop – déterministe à mon goût. On devra apprendre à sortir du moule comme des sentiers déjà explorés car sinon notre avenir est déjà tout tracé. On laisse des traces désormais, des traces qui nous menacent. Intéressante époque que celle-ci. Et un peu folle.

On dit en général que l’on ne peut changer notre passé. Et que ce passé nous influence soit en nous en construisant, ou au contraire, si nous sommes en mode réactionnel, en sens inverse en nous poussant agir à l’encontre de ce qui a déjà été pour ne pas le répéter. Chacun(e) sa façon d’agir ou de réagir. Action réaction.

Si certains affirment qu’on ne peut refaire le passé, Bashar avance au contraire qu’on peut recréer notre passé à partir du présent, qu’on peut réinterpréter ce qui s’est passé à la lumière de qui nous sommes aujourd’hui. Vous créez votre passé à partir du présent dit-il. Intéressante perspective qui nous dévictimise, qui nous libère du poids de nos expériences passées.

Bashar dit aussi que Le temps et l’espace sont des illusions et que tout existe en même temps, que nous ne voyons que ce que nous sommes à l’écoute de la vibration que l’on peut voir. Extrême relativité spatio-temporelle, comme existentielle car vu ainsi, qui voulons-nous être ? Qui pouvons-nous être ? Petites questions légères d’un vendredi de mai.

Alors passé, présent et futur, du pareil au même ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Peut-être. De toute façon, sur la pointe de l’iceberg de ce présent, tout ce que l’on a déjà été, comme tout ce que l’on sera éventuellement, peut être un cadeau si on le conçoit ainsi. Ou pas un cadeau la vie pour d’autres. Notre choix dit-on. Joyeux Noël.

Mais au final, tout ce que l’on peut être maintenant est qui l’on est. Avec tout ce qui nous motive, nous fait bouger, avec notre entière lignée familiale logée dans les cellules, avec l’histoire entière de l’humanité en nous, et nous dedans.

Car nous portons tous et toutes le monde entier en chacun(e) de nous, tous univers compris. Nous l’avons toujours porté et le porterons peut-être aussi toujours, peut-être même après notre mort car le corps de nous délimite pas. Nous sommes le monde, et ce nous, ce moi multiplié des milliards de fois en des corps étrangers, n’est pas ce qui nous limite et nous définit. Pas plus que le passé ni l’avenir fait de nous qui nous sommes maintenant.

Nous sommes la trame sur laquelle passe le temps et notre conscience du temps qui passe, nous sommes le fil, et le sans fil, oui fils et filles de la création, enfants de la grande récréation humaine.

Nous sommes le vent qui danse, nous sommes le temps qui pense et qui dépense. Nous avons été, nous sommes et nous serons pour l’éternité. Ici, maintenant, tout le temps, sans temps. Éternellement.

La Vie à l’état pur, la Vie au-delà d’une présence qui l’observe, au-delà d’une présence qui s’observe observer le temps qui passe. La Vie sur laquelle nous ne laisserons aucune trace. La Vie, sans filtre, la Vie avec laquelle on flirt, la Vie dans laquelle on fitte, ou pas, la Vie sur laquelle on glisse ou surfe, Ze Life sur laquelle on rap ou se râpe.

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Il est absolument impossible de parler de la véritable condition de la Présence Radieuse. C’est absolument infiniment ouvert et infiniment insoluble. Le fait marquant est que vous l’êtes. Vous n’êtes aucune des perspectives partielles qui s’y présentent. Vous n’êtes pas limité à être l’une de ces perspectives. Vous êtes tous pratiquement comme vous êtes tous les rêves dont vous rêvez la nuit sans limitation. Vous êtes celui qui fait le rêve, qui expérimente le rêve, et vous êtes immergé dans le rêve sans être limité à aucun des rêves particuliers
.

Regardez n’importe quelle chose qui semble apparaître comme une certaine chose. Si vous vous détendez simplement et faites l’expérience de ce qui est réellement là, cela s’ouvrira et se présentera avec une mer infinie et sans fond de qualités savoureuses et de plénitude…

Quand on essaie de le concrétiser, cela devient un désastre car on se retrouve dans la douleur et la confusion. Plus vous lâchez prise et laissez les choses telles qu’elles sont, plus vous appréciez pleinement et vous engagez pleinement dans ces différentes dimensions. Lorsque vous essayez de saisir l’un d’entre eux ou de le concrétiser, vous perdez en réalité la plénitude de ce qu’il est.

Le summum de la sagesse dans la vie est de la laisser couler. Laissez les énergies être ce qu’elles sont et faites ce qu’elles font. N’essayez pas de leur donner un sens, de les cartographier, de les saisir ou de ralentir. Il n’y a pas de freins. Laissez tomber.

La conscience est un mythe. Il n’y a aucune prise de conscience. Cela ne peut pas être décrit. Il n’y a vraiment rien. Il n’y a pas de dimensions. Il n’y a pas de conscience. Nous en parlons avec ces termes parce qu’il est utile de démanteler la structuration plus lourde à laquelle nous sommes habitués dans notre cadre de référence humain normal. En réalité, tout cela n’est que du pur miracle. Tout cela est absolument non structurel et indifférencié. Ou non. Ce n’est rien, mais ce n’est rien non plus. Tous ces concepts comme la conscience ou la conscience sont des jouets pour enfants. Ce sont des jouets d’enfants puissants, mais à un moment donné, on les lâche. Et tu vis.

by Peter Brown, – This That is, via Joan Tolifso,

AT TENDRE (VERS) LA VIE

Tu n’as pas besoin de quitter ta chambre. Reste assis à ta table et écoute. N’écoute même pas, ne fait qu’attendre, reste tranquille, immobile et solitaire. Le monde s’offrira tout simplement à toi afin d’être démasqué; c’est inévitable, il ne fera que se présenter à toi sous forme d’extase.
– Franz Kafka

Wow, tout un statement que celui-ci de Kafka ce matin. Laissez-moi le répéter phrase par phrase car riche en indices de vie.

Tu n’as pas besoin de quitter ta chambre.

Qui parmi nous peut ne pas quitter sa chambre ? Et ce, même si elle inclut une salle de bain 😉

Car nous avons tant à faire, tant de besoins à satisfaire autres que dormir et attendre : par exemple, manger, socialiser, parcourir le monde, aller en nature, se divertir, s’activer au boulot pour réussir à payer ses comptes, et si on est chanceux, à ne pas perdre sa vie en tentant de la gagner. Monde de matière à faire.

Mais rester seul(e) chez-soi ? Gros gros défi. Quoi qu’on dise que certains jeunes japonais ne sortent plus de leur chambre pour ne jouer qu’à des jeux en ligne.

Personnellement, j’ai de moins en moins d’intérêt à sortir de chez-moi. Je m’y sens comblé, si bien entouré, et en plus, j’ai la chance d’avoir des ami(e)s qui passent régulièrement pour faire musique et silence. Grande grande chance. Home sweet home.

Reste assis à ta table et écoute.

Même si je ne fais pas que ça, de plus en plus le silence, l’observation et la méditation sont mes in/activités de plus en plus favorites, avec faire musique. Quelques travaux manuels et quelques marches en forêt meublent aussi mon quotidien car matière oblige et matière matière tant tu nous tiens et tant nous sommes.

Mais je pense savoir ce que Kafka tente de nous communiquer avec ses mots: Il n’y a rien à obtenir de l’extérieur, tout est déjà ici, déjà en soi. On n’a qu’à demeurer alerte et à écouter.

Et si on ne peut faire autrement, apprendre à écouter en étant actif. Quand même une job de pro.

N’écoute même pas, ne fait qu’attendre, reste tranquille, immobile et solitaire.

Oh il ne suffit pas de simplement écouter semble-t-il; non, il va plus loin en disant: n’écoute même pas, ne fait qu’attendre, immobile et solitaire.

Autre gros contrat, quasi impossible à réaliser dans notre forme actuelle de personne il me semble. Car nous sommes des êtres d’action, des bibittes sociales, avec un grand besoin d’être diverti(e), désennuyé(e), que dis-je, mû(e)s par un désir quasi irrépressible d’interagir de diverses façons, de nous occuper, de bouger.

Avec le temps, et la contrainte du corps et parfois de l’esprit, on apprend, parfois à la dure et par obligation malheureusement, à rester tranquille, immobile et solitaire. Mais éventuellement, avec la mort qui nous attend, c’est l’état ultime dans lequel on finira notre vie. Alors pas peut-être pas une si mauvaise idée d’apprendre à se pratiquer d’ici là ? Pré-retraite ultime.

On perd tant de temps à tourner en rond, à regarder des écrans, la plupart du temps pour boire de si mauvaises nouvelles, ou désormais pour regarder la vie des autres sur des réseaux plus a que sociaux. Divertissement numérique et cathodique, observation de la vie extérieure à soi, tout pour ne pas – trop – se regarder soi-même.

Et pourtant, quoi d’autre que l’apparence de soi nous peut-on vraiment observer ?

Qu’est-ce qui mérite notre attention davantage que ce qui en nous entrave la vie à l’état pur ?

Le monde s’offrira tout simplement à toi afin d’être démasqué; c’est inévitable, il ne fera que se présenter à toi sous forme d’extase.

Le monde s’offrira tout simplement à toi. Si on ne l’interprète pas, si on ne le distortionne pas, le monde s’offre simplement à nous. Il le fait afin d’être démasqué. Mais pour cela, il faut le regarder sans filtre, les yeux dans les cieux, ici les deux pieds bien sur terre.

On définit généralement l’extase positivement, ou comme un état dans lequel une personne se trouve comme transportée hors de soi et du monde sensible, un état hors de soi. Il nous seulement à définir le Soi, s’il existe une telle chose. Est-ce que la part du divin en nous, ou la fin de la séparation d’avec le Grand Manie Tout ? Beaucoup de temps requis pour méditer là-dessus je crois. Beaucoup de silence encore à apprendre à faire.

De nombreux sages, dont Osho, mon best à moi, mon beloved, aimaient dire qu’il est inévitable qu’on retrouvera notre nature divine éventuellement, quoi que l’on fasse, effort ou pas. Kafka semble sorti du même moule en affirmant que le monde s’offrira à nous afin d’être démasqué inévitablement. Il affirme aussi qu’il se présentera sous forme d’extase. À faire fléchir, et réfléchir. Méditons là-dessus car il semble y avoir là un précieux secret.

Ce que je comprends de ses propos est qu’on sortira éventuellement de notre forme actuelle, qu’elle soit physique ou intellectuelle. On s’en libèrera, on s’en évadera, soit par la mort, soit avant si on réussit à allumer et à pogner la patente. Si on réussit à saisir existentiellement que l’oie n’a jamais été dans la bouteille 😉 Si on finit par entendre la seule et unique main qui applaudit. En fait si on finit par entendre le chuchotement Dieu car on a suffisamment écouté.

Donc à nos pieds, ou à nos oreilles. Ou est-ce au coeur de notre coeur ?

DIEU OU PAS

Tu penses que Dieu nous regarde d’en haut, mais ça nous voit de l’intérieur.
– Rumi

Le concept de Dieu est probablement celui qui fait le plus réagir au monde. Certain(e)s l’adorent, le vénèrent, d’autres la bannissent et ne croient même pas en lui/elle/ça. On n’a qu’à dire Dieu et le feu pogne, d’adoration ou de détestation. Dieu laisse peu de gens indifférents. La plupart des guerres sont menées en son nom, peu importe son ptit nom: Dieu, argent, ou pouvoir.

Pourtant, tellement futile comme débat et comme combat. Car qu’il y ait une puissance supérieure unique ou multiple, une sagesse, une énergie, une force divine, name it, qui tient tout ça ensemble, ou que tout soit le fruit d’un grand hasard (même si certains sont convaincus dur dur dur qu’il n’y a pas de hasard) et/ou d’un chaos brillamment orchestré, quelle différence cela fait-il au bout du compte ?

De toute façon, on a probablement créé Dieu à notre image en fonction de nos caractéristiques régionales et locales.

Pour ça que le concept de Dieu, et notre représentation d’une force supérieure, présente tant de différentes déclinaisons, différentes couleurs de peau, qu’on lui fait parler différents langages, ou qu’on lui attribue tant de livres différents.

Dieu est le plus grand mot générique – passe-partout et passe-nulle-part – qui veut tout et ne rien dire en même temps.

Oh my God & Wo your God !

Seuls les gens à l’aise ont le luxe de se poser des questions à son sujet de toute façon. Les Palestinien(ne)s ou les autres peuples qui vivent en guerre n’ont pas ce luxe, eux et elles qui ne cherchent qu’à survivre au quotidien et à échapper aux bombes, et à manger et boire un peu.

Dieu, peu importe le nom qu’on lui donne, prêt ou impose, est un luxe que tous ni toutes ne peuvent se payer.

Alors quand on prie, à qui prie-t-on ?

À la vie ? À l’existence ? Au pouvoir supérieur ? À l’intelligence divine ? À soi-même ?

À voir l’état du monde, pas certain que nos commandes et nos demandes soient entendues ni reçues. À moins que nous soyons back order au niveau de la bonté divine comme humaine. Même rappelons-nous que la plupart des humain(e)s sont des gens de bonne volonté, peu importe les mauvaises nouvelles qu’on nous convient et ce qu’on veut nous faire croire.

Alors, malgré tout le chaos du monde, implorons Dieu, Allah, Jehovah ou quoi/qui que ce soit, ou pas, et gardons espoir, ou le silence, mais conservons la foi au coeur que tout finira pas se placer, que la paix vaincra, que les gens de bonne volonté triompheront. Dieu ou pas.

Car je ne sais pas si une telle présence que celle de Dieu existe en dehors de nous, mais si on a tous et toutes un coeur qui bat, que là que Dieu peut se trouver, qu’ici.

Poupoum divin et humain.

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À la question posée par François Busnel : « Dans le monde actuel, comment faire pour garder intacte notre capacité d’émerveillement ? », Christian Bobin a répondu :

Toujours ramener la vie à sa base, à ses nécessités premières : la faim, la soif, la poésie, l’attention au monde et aux gens.
Il est possible que le monde moderne soit une sorte d’entreprise anonyme de destruction de nos forces vitales sous le prétexte de les exalter.
Il détruit notre capacité à être attentif, rêveur, lent, amoureux, notre capacité à faire des gestes gratuits, des gestes que nous ne comprenons pas.
Il est possible que ce monde moderne, que nous avons fait surgir et qui nous échappe de plus en plus, soit une sorte de machine de guerre impavide.
Les livres, la poésie, certaines musiques peuvent nous ramener à nous-mêmes, nous redonner des forces pour lutter contre cette forme d’éparpillement.
La méditation, la simplicité, la vie ordinaire : voilà qui donne des forces pour résister.
Le grand mot est celui-là : résister.

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Tous les matins, on a une mission.
Trouver la gaieté au milieu des raisons de désespérer.
La beauté au milieu des laideurs.
La gentillesse au milieu des visages fermés.
Les caresses au milieu des griffes.
La tendresse au milieu des gifles.
L’ouverture au milieu des fermetures.
Si vous acceptez cette mission, la journée sera magnifique.
Si vous la refusez, allez vous recoucher tout de suite !
– Edouard Baer

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Par exemple
https://www.lapresse.ca/actualites/2024-05-15/le-club-des-super-donneurs-de-sang-s-elargit.php

ÉCRIRE EN DILLETANTE

Écrire…
est souvent la seule chose qui te sépare de l’impossible… aucune boisson, l’amour d’aucune femme, aucune richesse ne peut l’égaler… rien ne peut te sauver à part écrire… ça permet aux murs de ne pas tomber, aux hordes de ne pas t’écraser… ça fait éclater la noirceur… écrire représente l’ultime Dieu parmi tous les Dieux…
– Charles Bukowski, Damned Poets Society

Quiconque connait un peu Bukowski sait qu’il a eu une vie difficile et intense. Mais on peut sentir combien l’écriture lui a été salvatrice pour passer à-travers ses démons et ses cauchemars.

Sans que la vie de votre humble chroniqueur ne soit aussi chaotique, l’écriture joue un rôle important dans ma petite vie beaucoup plus tranquille ici dans la forêt et je peux sentir ce que veut convier Charly boy.

La plupart des matins, aux aurores, au seuil d’une nouvelle chronique, après avoir choisi un meme qui m’inspire, je fais le vide, je me tasse du chemin et je me rends disponible aux mots. Je laisse passer le Dieu des Dieux des mots.

Je me tasse du chemin, du moins j’essaie, je laisse les mots monter, eux qui se bousculent même parfois un peu car ils veulent sortir avec tant d’enthousiasme. Moi je tente seulement de les ordonner un peu, de tenir les guides, de les démêler, de défaire les noeuds entre eux et de leur donner un sens unique ou multiple, avec un soupçon de non-sens et une touche de double sens qui souvent passera inaperçue. Mais là la vraie beauté peut-être, la nuance qui passe inaperçue.

Quand on écrit en dilettante, on est complètement libre, on n’a à répondre aux attentes ni aux demandes de personne. Personne ne nous paie pour nos mots, on peut donc écrire free, librement, gratuitement.

On peut se faire croire qu’on est écrivain, ou un écriveux, comme dans gosseux de mots, comme dans sculpteur de jeux de mots. Car comme pour un sculpteur, le gros du travail d’écriture consiste à retirer le trop plein, à alléger, à purifier ce qui veut se dire.

Les mots constituent le matériel brut, la matière première pour quiconque tente de dire ce qui ne se dit pas, l’indicible, l’inexprimable. Pour dire le silence, ce qui se cache entre les mots, ce qui se glisse entre les lignes. Tenter de tout dire pour ne rien dire.

Écrire ne sert à rien. Mais écrire permet tout. Écrire ouvre sur tout, ouvre à tout.

Ça permet de dire notre indignation devant l’horreur, car tant d’horreur en ce moment sur terre, particulièrement en Palestine. Nous, ici, spectateurs/trices, à regarder se déployer sous nos yeux un génocide alors que des milliers de mères et d’enfants sont attaqués, tués, affamés, assoiffés.

Les mots sont des larmes de destruction massive devant l’horreur. Aligner les mots pour exprimer son impuissance, pour dire sa détresse devant l’inhumanité, l’injustice, la barbarie. Aie humanité, wake up !

Écrire pour vivre, pour respirer, pour ventiler ce trop plein d’émotions soulevées par la folie de notre monde.

Exprimer pour ne pas réprimer, exprimer pour ne pas déprimer, mais aussi pour laisser s’imprimer en soi toutes ces réflections que nous renvoie ce monde, réel ou illusoire. Du moins, certainement un monde miroir.

Écrire juste comme ça. Et comme ceci aussi. Écrire juste comme ça. Taper quelques mots out there dans ce grand monde virtuel, rapper quelques mots qui riment et qui friment. Écrire tout seul, écrire tout bas, discrètement, écrire pour rien, écrire en vain. Et pourtant, écrire quand même.

Écrire avec tout son coeur même si nos mots ne seront effleurés que par quelques paires d’yeux, dont les vôtres. Et à ce moment, quand on sent ou pressent des yeux sur nos mots, quelque chose en nous se touche, se rejoint, se lie. Et là on sait que l’on n’écrit pas pour rien, on sait qu’on écrit pour se relier, à toi, à vous, à nous, à plus grand que soi. Et que par ces mots partagés, nos coeurs se rejoignent pour un tout petit moment d’éternité.

Et alors on sait que les Dieux et que les Déesses des mots veillent sur nous, pour nous guider vers le silence du Grand Manitou.

Aho les mots écrits tout bas !

TANT QU’À Y ÊTRE, AUSSI BIEN TOUT DONNER

Qui ne donne rien n’a rien.  Le plus grand malheur n’est pas de ne pas être aimé mais de ne pas aimer. – Albert Camus

Étrange de traduire du Camus de l’anglais au français. J’avoue que j’ai googlé pour retrouver ses mots à lui.

D’ailleurs, la citation complète va ainsi : Qui ne donne rien n’a rien.  Le plus grand malheur n’est pas de ne pas être aimé mais de ne pas aimer. La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent.

Car l’avenir n’est rien d’autre que du présent répété et toujours nouveau. Car même le futur n’est toujours que moment présent rafraîchi, encore et encore.

Certaines personnes sont incapables d’amour. Autant d’en donner que d’en recevoir. En fait, c’est probablement la seule et même chose donner et recevoir car si on n’aime pas, on ne peut vraiment accepter l’amour d’autrui. Si on ne s’aime pas soi-même, comment peut-on aimer autrui ? Et si on s’aime, comment ne pas aimer autrui ? Car elle et lui, pareil comme moi.

Je crois vraiment qu’on ne peut recevoir plus d’amour que celui qu’on peut donner, et vice-versa. Car c’est notre ouverture et notre capacité à donner, à laisser passer l’amour en soi et à la distribuer autour de soi qui détermine le flot d’amour qui nous passe dessus et dedans. Nous sommes des portails d’amour, plus ou moins ouverts, plus ou moins fermés.

En anglais, on dit lovable – love able : capable d’aimer, capable d’en donner, d’en recevoir, d’en partager in and out.

Moi c’est avec Veeresh que j’ai appris à m’aimer, et à aimer. C’est avec lui, sous sa direction, par son exemple, que j’ai osé être moi-même, être tout ce que je suis, le plus beau comme le moins. Et ajuster le moins. Embellir le moins, le corriger, l’ajuster.

Je pense souvent aux gens ambitieux, aux glands de ce monde, à ceux qui veulent contrôler le monde, ceux qui exploitent l’humanité à leurs propres fins et jamais je ne les envie. En fait, je les plains.

Car ils ont beau penser posséder quoi que ce soit, un peu ou beaucoup, en fait, ils ont le coeur vide. Et ils toujours peur de perdre le peu qu’ils ont. Car plus on en accumule, plus on en a à perdre. Plus on en possède, et plus on en perdra car c’est certain qu’on perdra tout ce que l’on peut tenir dans nos mains, ou dans notre compte de banque. Tout passe et tout passera. Notre corps compris. Que le contenu de notre coeur qui restera.

On dit que l’on perd tout ce que l’on ne donne pas et que l’on possède à tout jamais tout ce que l’on a donné.

Alors quitte à vivre, autant tout donner. C’est ce que les mères ont fait et nous ont appris, grâce à elles que le monde survit.

RÊVER MIEUX OU NE PLUS RÊVER ?

Que te restera-t-il si tu abandonnes tes rêves ? – Jim Carrey

Le terme rêve est un drôle de pistolet.

On dit parfois que pour être vivant(e), on doit poursuivre nos rêves. Et on dit aussi qu’il faut arrêter de rêver, qu’il faut s’éveiller.

En fait on dit un peu n’importe quoi vous et moi.

On vit dans un univers de mots, de concepts, d’idées et de croyances qui ont souvent très peu à voir avec la réalité dans laquelle trempent nos deux pieds, le sol sur lequel nous marchons et tentons sans cesse de réaliser nos rêves, soit de les transformer en réalité. Ce processus d’ancrage requiert efforts et persévérance, ainsi que l’audace d’écouter son coeur, de suivre son intuition.

Parfois, notre vie suit le cours de nos rêves, et parfois nos rêves se transforment en cauchemars. Et parfois, on rêve lucidement.

Un vrai tango entre aisance et effort la vie, entre persévérance et lâcher prise, entre rêve et réalité, ou plutôt rêves et réalités car ceux-ci se conjuguent au pluriel.

Certains disent qu’on doit arrêter de rêver, d’autres qu’il faut vivre ses rêves jusqu’au bout plutôt que de rêver d’être en vie.

Vis tes rêves plutôt que de rêver d’être vivant(e).
Sois qui tu es vraiment, le créateur/trice que tu es.
Sache que tu es qui tu sais être.
Et agis de façon à démontrer que tu le sais, et ainsi ce sera.
– Bashar

On dirait que certaines personnes réussissent facilement à transformer leurs rêves en réalité. Alors que d’autres s’essaient en vain et n’y arrivent jamais. Ah la vie.

Bien sûr qu’on a tous et toutes des idéaux, qu’on veut réaliser certaines choses. Du moins la plupart d’entre nous car certains ont très peu d’ambition. Ce qui n’est ni une bonne ni une mauvaise chose si on fait la paix avec ça j’imagine. Et avec le temps, on dirait qu’on veut moins faire qu’avant, sinon être en paix.

On valorise souvent les gens motivés, mais on peut aussi considérer la motivation comme une fuite par en avant. Car si on vit totalement le moment présent, on ne s’en va pas nulle part, on est ici, on n’est qu’ici, maintenant. Sans but ni objectif à atteindre.

It takes two to tango, nos rêves et nous, nous et nos rêves !

Et la vie est la musique, et le chef d’orchestre.

En même temps, on a beau rêver, ou pas, le quotidien nous pousse au cul. On vit dans un corps avec des besoins criants au quotidien. Et on doit payer les comptes. Pas si simple la vie d’humain(e). Entre rêve et réalité, entre rêves et réalités. Tango Tango !

Sommes-nous chenilles en transformation qui doivent tenir bon jusqu’à l’ultime transformation papillonesque ? Est-ce que certaines chenilles se contentent de demeurer chenilles ? Est-ce que la chenille doit absolument vouloir devenir papillon ou est-ce que c’est hors de son contrôle et la vie décidera anyway ?

Car le miracle se produit autant pour les chenilles que pour les papillons. Peu importe le résultat.

Soyez prudent.
Dès que vous commencez à parler, vous créez un univers verbal, un univers de mots, d’idées, de concepts et d’abstractions, entrelacés et interdépendants, se générant, se soutenant et s’expliquant à merveille et pourtant, le tout sans essence ni substance, de simples créations de l’esprit.
Les mots créent les mots, la réalité est silencieuse.

– Sri Nisargadatta Maharaj, Je suis cela

Au fond peut-être qu’on doit revenir à cette ancienne sagesse autochtone

et simplement se taire et laisser la vie faire et nous défaire 😉

LA VIE LA MORT

La mort demanda à la vie : pourquoi tout le monde t’aime et me déteste.
La vie lui répondit: parce que je suis un beau mensonge et toi la douloureuse vérité.

Toute notre vie durant, la plupart d’entre nous vivons comme si on n’allait jamais mourir. Car la vie appelle la vie évidemment et le bizzy buzz du quotidien nous entraîne dans son sillage à aller toujours de plus en plus vite. La mort ? Pas le temps de penser à ça maintenant, trop occupé, trop à faire.

Mais ils/elles sont de plus en plus nombreux à préparer leur mort. À faire en sorte que tout soit en ordre dans la paperasse avant de trépasser, pour ne pas laisser à leurs héritiers un fouillis administratif. À élaguer les trop nombreuses affaires, faire de la place. Certain(e)s ont la chance de se préparer, d’autres quittent subitement. Chacun(e) sa sortie. Mais pour la plupart, on a le luxe de se préparer. Le fait-on ? Autre histoire.

Pourtant, chaque jour de notre vie nous amène à la mort, nous mène vers la mort, nous y rapproche. Un pas à la fois, si possible chaque pas dans la foi. Chaque petit bout de vie est un pas de plus vers l’ultime fil d’arrivée. Arrivée vers le grand nul part, vers la fin et le repos du corps. La mort du corps en effet car pour l’âme, on ne sait trop la suite qui nous attend. Ni même si suite il y a même. Alors squeezons tout le jus pendant qu’on orange.

Est-ce que la vie est vraiment un beau mensonge et la mort une douloureuse vérité ?

Pas toujours, car pour certain(e)s c’est la vie qui est douloureuse alors que la mort représente une libération. On voit passer parfois sur les réseaux asociaux des messages de parents qui annoncent le départ abrupte d’un de leur enfant. On voyait peu ça avant même si ça se passait quand même. Jamais simples les jeux de maux de l’esprit. Empathie parentale.

Alors, la vie est vraiment un beau mensonge et la mort une douloureuse vérité ?

Peu importe. Car certains disent que si la mort est une certitude, la vie ici-bas serait une grande illusion. Pourtant, il me semble que ces deux-là forme une paire, un couple non? Pas simple la vie, ni la mort peut-être non plus. Ou peut-être plutôt une grande libération de notre corps. Grand envol vers l’inconnu.

La vie, la mort. Que des mots. Pour le moment, la mort du moins. À part celles des autres. La nôtre, on n’en sait rien encore. Même si elle est déjà un peu ici, même si elle se passe un peu à chaque jour.

Chacun(e) notre petite vie dans cette grande Vie. Avec notre lot de déceptions, de revirements, de joies et d’apprentissages. Avec l’amour, la tristesse, l’apprentissage de l’humilité et de notre humanité.

Peu importe nos croyances, la vie est un long processus par lequel on passe tous et toutes, avec nos propres défis et leçons, nos joies et nos peines.

On pense parfois savoir ce qu’est la vie, et puis tout à coup, Euréka, on réalise qu’on ne sait rien. On réalise que nous ne sommes rien devant la mort, surtout pas un corps. Mais pas encore totalement.

Ci-bas, quelques belles paroles de vivants qui ont passé et laissé de belles traces.

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Que cette horrible aventure des humains qui arrivent sur cette terre, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, ne les rende pas bons, c’est incroyable.

Et pourquoi vous répondent-ils si vite mal, d’une voix de cacatoès, si vous êtes doux avec eux, ce qui leur donne à penser que vous êtes sans importance c’est à dire sans danger ?

Ce qui fait que des tendres doivent faire semblant d’être méchants pour qu’on leur fiche la paix, ou même, ce qui est tragique, pour qu’on les aime.

– Albert Cohen, Le Livre de ma mère

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Albert Einstein a visité le Japon. Il séjournait dans un hôtel et voulait donner un pourboire au personnel de l’hôtel, mais le Japon n’a pas de culture du pourboire.
Ils considèrent parfois les pourboires comme une insulte.
Le travailleur a déclaré : « Cela fait partie de mon travail, monsieur, je reçois mon salaire » et a refusé d’accepter le pourboire.
Einstein ne le savait pas.
Il a appris qu’il recevrait le prix Nobel ce jour-là et Il a dit à l’empoyé : « Je veux partager ma joie, vous n’acceptez pas le pourboire, mais si vous me le permettez, je vous offrirai un souvenir. »
Il a pris le stylo et le papier dans sa chambre d’hôtel et a écrit un mot.
Signé par Albert Einstein
L’ouvrier japonais a conservé cette note jusqu’à la fin de sa vie.
Après sa mort, il a vendu son petit-fils aux enchères et a vendu le billet pour un million 600 mille dollars en 2017.
Einstein a écrit la phrase suivante à l’Hôtel Impérial de Tokyo :
« Une vie humble donne plus de bonheur qu’une vie agitée à la poursuite d’un succès inconscient. »
La littérature sur la compréhension réelle de cette phrase est bien supérieure à 1 600 000 $.
Le bonheur ne se vend pas le dimanche.
Peut-être que vous pouvez acheter un bon lit, mais vous ne pouvez pas acheter un sommeil paisible.
Peut-être que vous pouvez acheter une belle maison chère, mais vous ne pouvez pas acheter une maison heureuse.
Comme dirait Mark Twain :
« De bons amis, de bons livres et une vie confortable où vous pouvez dormir quand vous posez votre tête sur l’oreiller, et si vous avez une conscience, c’est la vie idéale. »

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George Gurdjieff n’a jamais parlé d’amour de toute sa vie.
Il n’a jamais écrit une seule ligne sur l’amour.
Un jour, ses disciples le pressèrent beaucoup et lui dirent : Dis au moins quelques mots.

Vous n’avez jamais rien dit sur l’amour.
Pourquoi ne parles-tu pas d’amour ?
Gurdjieff a dit : Tel que vous êtes, l’amour est impossible.

Si vous ne connaissez pas l’amour, quoi que je dise, vous ne comprendrez pas.
Il a condensé tout son sentiment d’amour en une seule phrase.

Il a dit : Si vous pouvez aimer, vous pouvez l’être ; si vous pouvez l’être, vous pouvez le faire ; si vous pouvez le faire, vous l’êtes.
Et il a dit : Ne me forcez plus. Je ne dirai rien d’autre.
L’amour n’est pas possible d’ordinaire. L’amour est une erreur. Là où vous êtes, l’amour est une erreur. Ce n’est pas possible.
On ne peut pas aimer ! – parce que d’abord, vous n’êtes pas ; vous pensez simplement que vous l’êtes.
Tu n’es pas seul; vous êtes une foule.

Comment peut-on aimer ?
Un esprit tombe amoureux ; un autre esprit n’en sait rien.

Un esprit dit qu’il aime ; un autre esprit, en même temps, réfléchit à la manière de haïr, un autre esprit se dirige déjà vers la haine.
Vous êtes une foule à l’intérieur ; vous n’êtes pas un tout cristallisé, vous n’êtes pas un – et seul celui/celle qui est Un peut aimer.
L’amour n’est pas une relation ; l’amour est un état d’être.

Donc, peu importe ce que vous appelez l’amour, ce n’est pas l’amour.
~ Osho

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Au sein de certaines cultures, on dit que les anneaux de tristesse s’accumulent autour de notre être intérieur au cours de notre vie.
Tout comme les années de croissance des arbres.
Mon sentiment est que cela n’arrive que lorsque nous jugeons la tristesse comme mauvaise, comme quelque chose à éviter.
Ce n’est qu’alors que nous supprimons la tristesse et formons les anneaux.

Mais si nous explorions la tristesse au lieu de la fuir ?
Et si nous remettions en question l’idée fausse selon laquelle la tristesse est mauvaise ? Après tout, c’est un événement tellement humain !
Et il a une profondeur extraordinaire.
Ahh ! peut-être que sa profondeur nous fait croire qu’elle va nous anéantir, alors qu’en réalité elle nous traversera et nous fera cadeau du calme qui suit la tempête.
Avec une meilleure compréhension et une plus grande clarté.
Peut-être que la prochaine fois que la tristesse frappera à votre porte, ouvrez-la et invitez-la à entrer.
Apprenez à le connaître et à en faire l’expérience.
Et peut-être que cela ouvrira une porte vers une partie plus profonde de qui vous êtes VRAIMENT !
Amour…
Subhan

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Et ajout de dernière minute via Jean Gagliardi

À peine a-t-on le temps de vivre qu’on se retrouve cendre et givre.
Adieu
Et pourtant j’aurais tant à faire
avant que les mains de la terre me ferment à jamais les yeux.
Je voudrais faire un jour de gloire d’une femme et d’une guitare, d’un arbre et d’un soleil d’été.
Je voudrais faire une aube claire pour voir jusqu’au bout de la terre des hommes vivre en liberté.
Assis entre deux équilibres dans ce monde qui se croit libre et qui bâtit des miradors, je voudrais bien que nul ne meure avant d’avoir un jour une heure aimé toutes voiles dehors.
À peine a-t-on le temps de vivre qu’on se retrouve cendre et givre
Adieu
Et pourtant j’aurais tant à faire avant que les mains de la terre me ferment à jamais les yeux.
De mes deux mains couleur d’argile je voudrais bâtir une ville blanche jusqu’au-dessus des toits.
Elle serait belle comme une chanson du temps de la Commune pétrie de bonheur hors-la-loi.
Et puis que le printemps revienne pour revoir à Paris sur peine des enfants riant aux éclats.
Lorca errant dans Barcelone tandis que l’abeille bourdonne dans la fraîche odeur des lilas.
À peine a-t-on le temps de vivre qu’on se retrouve cendre et givre.
Adieu
Et pourtant j’aurais tant à faire avant que les mains de la terre me ferment à jamais les yeux.

– Henri Gougaud

7 Juillet 1936 – 6 mai 2024

TOUT NOUS EST DONNÉ, ET REPRIS

Développez cette confiance que tout ce dont vous avez besoin viendra à vous quand vous en aurez besoin.
– Abraham Hicks via Kim Trinh

Développez cette confiance que tout ce dont vous avez besoin viendra à vous quand vous en aurez besoin. Sinon c’est que vous n’en aviez pas vraiment besoin 😉

Ou comme on dit : à la fin tout sera pour le mieux. Alors si tout n’est pas pour le mieux en ce moment, ce n’est pas la fin. Grande vérité de la police.

De toute façon, à la fin, c’est notre corps qui retournera en poussière d’étoiles alors que notre âme ? Notre âme, aucune idée où elle ira. On verra bien. Ou pas. De toute façon, on ne sait même pas tout à fait ce qu’elle est ni ce qu’elle fait ici en ce moment même.

Dans la vie, la seule attente qu’on peut avoir est de ne pas avoir d’attentes. Pas trop du moins. En fait, pas si grave d’avoir des attentes car l’attente semble pas mal humaine et généralisée. Ça doit même faire partie de notre génétique. La vie va vers. Suffit juste de ne pas trop s’attacher à l’idée que la vie comblera nos attentes. On peut et on doit faire du mieux qu’on peut en ce moment et on verra bien ce qui arrivera. Inch Allah !

Espérer le mieux – pour soi comme pour tout et toutes – tout se préparant à faire face au pire, ou du moins au non espéré un peu craint. Genre.

Je me suis permis de traduire très librement come to the place par développez cette confiance. Car je ne vois pas comment on peut arriver à quelque part en soi sans y participer activement. On arrive rarement à quelque part sans avoir minimalement préparer le chemin pour y arriver. Consciemment, ou inconsciemment.

On n’arrivera jamais à une disposition intérieure de non attente si on n’en a pas déjà eu quelques-unes ni sans avoir été déçu(e) par nos attentes. Ça fait partie de la game humaine. En fait ce ne sont peut-être que les multiples déceptions résultant de nos attentes passées qui peuvent nous apprendre la non-attente. La futilité de penser que nos attentes se réaliseront en action. Certaines le sont, la plupart non. Et ainsi va la vie.

Prévoir l’imprévisible et attendre l’inattendu sont des beaux slogans mais pratiquement quasiment impossibles à réaliser. Car comment imaginer l’inimaginable ? J’imagine qu’on doit être ouvert à tout, à plus que tout même, mais ce plus-que-tout est si vaste et pratiquement inimaginable. Alors ne prévoyons mais soyons prêts à tout, et à plus que ça, à n’importe quoi. Même si on peut faire des plans et tendre vers.

On a beau affirmer ne pas avoir d’attentes, moi le premier, les attentes émergent sans qu’on s’en rende compte. La vie est attentes, la vie est mouvement vers. Sans attentes, je ne sais pas si on continuerait d’avancer en tant qu’humanité.

La vie tend toujours vers. Toujours en suspension dans le vide.

Alors espérons du bon, du beau, du doux, pour soi comme pour les autres, plantons des graines d’espoir, et soyons conscient(e) que la vie n’est pas que ça. Parfois si, parfois pas.

Plutôt que de vouloir certaines choses et ne pas en vouloir certaines autres, apprenons tout simplement à dire oui, à faire confiance, à garder notre foi vivante en sachant que tout ce qui nous est offert par la vie est ce qui est, tout ce qui doit être car c’est ça qui est ça. Et si nous ne sommes pas satisfaits(e)s de ce que nous voyons et vivons, voyons voir ce que l’on peut faire pour s’en rapprocher un peu plus de ce que l’on sent juste, de ce que l’on voudrait.

Clarté et flexibilité, fermeté et souplesse.

Je disais dans le titre que tout nous est donné. Mais au fond, on sait bien au fond que toute vie n’est qu’un prêt. La vie nous est seulement prêtée car tout nous sera repris. À nous d’en faire oeuvre utile, une oeuvre d’art, à nous de développer l’art de notre humanité. Avant qu’on nous la reprenne.

Toutes et toutes des étoiles filantes, que des étoiles filantes.

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AUCUNE DEMEURE
par Claude Leclerc

Il n’y a aucune demeure
Où déposer nos valises !


Tout n’est que transit
Aucune destination possible !

Aucun sol solide sous nos pieds
Que du vide !

Aucune sécurité
Nulle part
Pour le petit bonhomme
La petite bonne femme
Dans votre tête !

Le mental
Le moi
Cherche constamment
Une demeure
Une maison
Où déposer ses valises
Où s’installer
Où s’attacher
Pour ne pas être aspiré
Par le vide…

Une relation
Une croyance
Au minimum un chien
Un chat
Une idée
Une cause…

Toute vie personnelle
Est une vie dans l’imaginaire
Sans substance réelle…

Et tout imaginaire
Est éphémère…


Sur fond de légèreté absolue
De liberté absolue…

L’insoutenable légèreté de l’être…

Insoutenable pour le moi
Qui veut
Qui veut à tout prix
Prendre forme
Exister quelque part
Atteindre un but
Une destination
Qui veut s’attacher
À un port, un pays
Une idée, une personne…

Trouver une demeure
Avec des murs et un toit
Solides…

Pour ne pas disparaitre
Dans le vide
Dans l’infini…

Et pourtant…

Et pourtant
Ce n’est que dans l’abandon
À ce vide
Cette légèreté
Dans ce lâcher prise
Que l’on trouve notre véritable nature
Vaste comme la vastitude elle-même
Profonde comme la profondeur elle-même…

Et pourtant
Ce n’est qu’en desserrant le cœur
Autour du désir d’exister à tout prix
Dans le temps
Dans la forme
Pour l’un, pour l’autre
Que l’on trouve notre existence réelle
Éternelle
Et surtout
Bienheureuse…

Nous voyageons
À bord d’un train de pensées
Qui traverse de beaux et moins beaux
Paysages relationnels
Heureux ou douloureux…

Qui croise de grands lacs magnifiques
Et des torrents de boue
De haine…

À bord d’un train imaginaire
Qui vole dans des ciels jouissifs
Et plonge dans des enfers
Insupportables…

Mais…
Ne descendons pas du train
Relaxons dans le mouvement…

Toute l’existence n’est que mouvement
Sur un fond intemporel
De silence…

Un silence sacré
Divin
Est notre seule demeure
Identité
Solidité…

Tous ces voyages
Enrichissent notre humanité
Élargissent et approfondissent
Nos vies…

Mais si nous voulons arrêter le train
Trouver refuge quelque part
S’attacher à une demeure particulière
Nous souffrirons inutilement…

Profitons des paysages
Mais laissons-les défiler
N’y cherchons
Ni la paix, ni un bonheur stable…

L’amour dans l’attachement
N’est plus l’amour…

La paix et la joie réelle
Ne peuvent exister
Dans une maison
Une croyance
Une idéologie
Fermées…

La liberté
La béatitude
Ne peuvent tenir
Dans une idée…

L’océan sacré que vous êtes
Ne peut tenir dans une vague…

Une vague
Qui fait trois petits roulements
Et puis s’en va…

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Enwèye à maison

COMING HOME
Hinario Luz Azul # 15

We are coming home
Safely coming home
We are coming home
Sweet home again

As we are approaching
Getting closer and closer
We all have to leave
Our luggage behind

As we’re getting nearer
Getting lighter and lighter
We’re finding our way
Back home again

Para sempre home again
Para sempre home again

LE COEUR ET LE NEZ SENTENT

Je viens de passer 2 jours avec ma plus vieille dans sa briocherie-café des Cantons. J’y ai plongé le week-end, autant les mains dans l’eau de vaisselle que mon nez de Cyrano de la brioche dans les odeurs et les effluves qui sont caractéristiques à son café nommé officiellement Mélange Maison, mais qui, dans les faits est Chez Léonie. Une odeur de cannelle et de sucrés et sacrés bonheurs règne dans son antre du scone et de la brioche. Ma fille crée olfactivement et littéralement de la magie.

Il règne dans l’antre de Léonie une atmosphère impossible à transmettre par mots.

En tentant de le faire, je réalise l’impossibilité de transmettre encore davantage les odeurs que les ambiances. Car pour l’ambiance, je peux bien essayer de vous décrire la vibe, le feeling qui flotte dans sa shoppe à délices, les sourires et les menoum menoum qu’on entend quand les gens croquent la brioche.

Je peux vous dire aussi tout l’amour qui règne dans la place, la bonnefemmie de la proprio qui accueille chaque personne comme si elle était la plus importante au monde, le soin visible et évident qu’elle apporte à tout ce qu’elle fait et touche. Ça sent l’amour dans sa shoppe à scones et cie. Chaque personne qui y a mis les pieds, le coeur et le nez sait ce que je tente de dire ici. Car ce qu’elle fait touche directement les gens, right there dear.

Mais pour les odeurs, alors là, c’est carrément impossible à convier.

D’ailleurs hier j’ai animé ma méditation en ligne à partir de son café et à la fin, on a fait un ptit coucou virtuel aux ami(e)s, surtout destiné à nos 2 âmis du BC qui connaissent Léonie depuis longtemps mais qui n’ont jamais vu sa place. Et je réalisais alors ce que je ne pouvais convier comme information primordiale: ce que ça sent chez Léonie.

Si on peut décrire plus ou moins la vue, l’ouïe, le toucher et le goût, il me semble plus difficile de décrire l’odorat. En tous cas moi je trouve ça ardu de décrire l’art du nez. Et encore plus difficile de décrire ce que ça sent chez Léonie. Odeur unique, odeur d’amour à la canelle.

Tenez, c’est comme ma plante qui fleurit rosement deux fois pas année et qui ne sent que la nuit dont j’oublies toujours le nom. Au moment même ou j’écris ces mots, juste avant l’aurore, j’ai le nez – jusqu’à l’âme – plein des effluves que libèrent ces petites fleurs roses, que je ne tenterai même pas de vous décrire mais et qui ne se rendront jamais jusqu’à votre nez. Je pourrais vous montrer une photo, et peut-être que vos yeux liront ces quelques mots qui tentent plus mal que bien de convier ces odeurs, mais jamais elles ne pourront traverser l’écran. L’odeur est un sens de nez. Et de coeur.

La vie ça peut se sentir, mais pour les odeurs, il faut être sur place. Car le nez ne ment jamais. Only the nose knows. En anglais, on smell et on feel, en français on sent et on sent. Et on ressent.

Certaines odeurs sont transmissibles. Par exemple, je peux vous décrire les odeurs du bord de mer car pour la plupart, nous avons une expérience commune de ce fait : les algues, la varech, le poisson, la mer quoi.

Mais pour les brioches de Léonie, alors là, désolé, vous devrez apporter votre nez sur place. Because only the nose knows. Mais le coeur aussi. Le coeur sent. Et les yeux peuvent tout de même avoir une petite idée.

à Austin, rue principale, près de l’Abaye St-Benoit. Les samedis et dimanches, Léonie vous ouvre son atelier d’art olfactif et gustatif – ses cafés, ses cafés m’sieurs dames.

S’OCCUPER DE SES AFFAIRES

Tout le monde veut être quelqu’un, alors nous ne faisons qu’ajouter confusion et douleur en nous, comme chez les autres; et pourtant nous pensons sauver le monde ! On doit tout d’abord clarifier son propre esprit et ne pas s’occuper de la confusion des autres.
– Krishnamurti

Dans la vie, il a les pro ceci, et les anti cela. D’un côté, les pros et de l’autre, les contres. Il y a les bons, puis les mauvais. Les riches et les pauvres, les gentils et les méchants. on dit que la médaille a toujours deux côtés. Dualité quand tu nous tiens. Et nous retiens.

Ces temps-ci, le monde semble plus divisé que jamais auparavant, plus extrême. Peut-être que ça a toujours été le cas mais peut-être aussi qu’on le voyait seulement moins, que c’était moins apparent.

Et au fond, peut-être que toute vie a besoin de dualité pour exister, pour se manifester. Le choc de la matière et de l’anti-matière.

Nous voulons tous et toutes être quelqu’un(e), être quelque chose. Nous voulons exister. Nous sommes faits de matière, crée à partir de solide. En apparence du moins. Et la vie achoppe sur nous, et nous sur elle. La vie se choque avec elle-même.

On pense savoir ce que le monde a besoin pour aller mieux. Et pourtant. Le simple défi de mettre et de garder sa vie en ordre est en soi tout une tâche.

En ce moment, le principal conflit qui occupe l’espace public est celui qui a cours au Moyen-Orient. Conflit qui dure depuis des siècles, sinon des millénaires. Sévit aussi la guerre impliquant l’Ukraine et la Russie.

Il semble que les deux situations soient beaucoup plus complexe qu’elles ne le semblent à première vue pour nous, néophytes de la politique internationale.

Toujours si nuancée la vie, alors que notre connaissance et notre compréhension sont si limitées. Et pourtant, on opinionne à grand tour d’écran. On règle le sort du monde en quelques tours de méninges.

Faire la paix avec soi-même et en son propre esprit semble si simple et pourtant, on préfère s’occuper du monde et arranger le sort de la planète et de ses habitants plutôt que d‘apaiser sa propre vie.

Nos yeux sont faits pour regarder en dehors de soi, alors ceci explique peut-être cela. Tout un défi d’être dans le monde, mais de ne pas le laisser nous submerger.

Un bateau ne coule pas lorsqu’il est dans l’eau.
Il coule quand il y a de l’eau dedans.
Ce qui se passe autour de nous n’est pas si important.

L’important est ce qui se passe à l’intérieur de nous.
– Rumi

Je l’écris souvent mais nous qui sommes parmi les privilégié(e)s de ce monde, nous devons rester près de coeur des gens qui vivent les conflits, en nous gardant une ptite gêne sur notre réflexion de juger la situation sans en connaître tous les détails.

Car le monde n’est peut-être pas aussi réel qu’il le semble, ni aussi bruyant si on prend le temps et le soin de bien écouter.

Écoute le silence au creux de l’illusion du monde.
~ Jack Kerouac

Et la vérité et le mensonge pas toujours qui ils prétendent être.

Selon une légende du 19e siècle, la vérité et le mensonge se rencontrent un jour. Le mensonge dit la vérité : « Regardez quelle merveilleuse journée c’est » ! La vérité regarde les cieux et soupire avec plaisir, car la journée était vraiment vraiment belle. Ils passent beaucoup de temps ensemble, et finissent par finir dans le puits.

Le mensonge dit la vérité : « L’eau est très agréable, trempons ensemble ! « La vérité est, un peu méfiante cette fois, teste les eaux et découvre qu’elles sont en effet très agréables. Ils se déshabillent et commencent à nager dans le puits. Soudain, le mensonge sort de l’eau, revêtit les vêtements de la vérité et s’échappe.

La vérité en colère sort du puits et court partout pour trouver le mensonge et remettre ses vêtements. Le monde, voit la vérité nue, et détourne son regard de mépris et de rage.

La pauvre vérité revient au puits, entre et disparaît à jamais, cache dans le puits sa honte. Depuis, le mensonge parcourt le monde, habillé en vérité et satisfait les besoins de la société, parce que le monde, de toute façon, n’est pas intéressé par la vérité nue.
~ Monique Attinger

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Les hommes crèvent d’occuper le futur, jamais le présent.
Ils se préparent à vivre, ils ne se réjouissent pas de vivre.
– Éric-Emmanuel Schmitt, L’homme qui voyait à travers les visages