UNE CERTAINE IDÉE D’UN INCERTAIN SOI

Il n’existe pas de soi à comprendre, seulement l’idée qui crée le soi.
– J. Krishnamurti

___
Vous ne venez de nulle part, vous n’allez nulle part, vous êtes l’être intemporel et vous êtes pure Conscience. C’est en vous imaginant séparé que vous avez crée le fossé. Abandonnez l’idée que vous êtes ce que vous pensez et il n’y aura plus de fossé. Tout est vous, tout est vôtre. Il n’y a personne d’autre… C’est un fait. – Nisargadatta
___

Tous et toutes, chacun chacune, nous sommes tellement centré(e)s sur notre petite personne. Le monde et l’univers entier tourne autour de notre de petit nombril individuel (plus ou moins sec). Moi moi moi, ET le monde. Soit. Ainsi soit-il. Ou peut-être pas. Le monde en moi ?

Nous pensons que lorsque nous prions Dieu, il – ou elle ou ielle ou ça – nous écoute et nous entend et répondra éventuellement à nos demandes, commandes et intentions. Certain(e) aiment penser qu’il n’y a pas de hasard et que tout est déjà planifié et décidé. Le grand plan divin. Que lorsque quelque chose arrive, ça suit un certain plan pré-déterminé, celui de l’Ordre des choses.

OK, belle croyance, mais croyance quand même. Et peut-être seulement ça, qu’une simple croyance, un peu simpliste aussi. Gardons-nous une ptite gêne alors.

Pourtant, probablement plus plausible que la réalité ressemble davantage à quelque chose comme ça :

Moi: L’univers a quelque chose de planifié pour moi.
L’Univers: je ne te connais même pas.

Pensons-nous vraiment que quelqu’un ou quelque chose up there nous connait et nous reconnait ? Pensons-nous vraiment qu’une telle chose qu’un Soi/soi existe en notre corps ? Que ce soit avec un petit s ou un grand S.

Malgré le doute, j’aime bien l’idée que quelque chose de plus grand que moi me protège et veille sur moi. Ça me rassure. Belle idée. Mais qu’une idée. Comme le soi.

L’idée que nous ne sommes RIEN est terrifiante pour certaines personnes. Alors on s’efforce d’être quelqu’un, de devenir quelque chose. Et on y met beaucoup d’énergie, et de soin, et de fioritures. Et on s’attache à ces ptites bibittes-là.

Comme on en jasait hier ici autour des mots de Jung (https://atisupino.com/2023/03/22/tous-et-toutes-egos-en-cette-vie/), on passe la première moitié de sa vie à se forger un égo solide (qui n’est de toute façon jamais vraiment solide car tout égo n’est qu’une création vacillante dit-on) alors qu’on passe la seconde moitié de notre existence à vouloir s’en débarrasser (ou du moins à en sortir, ou du moins s’en dégager un peu).

Pas si simple la vie humaine.

Car ce qui veut disparaître – l’égo, le soi, le Dieu intérieur ou peu importe le nom qu’on choisit pour nommer l’innommable mystère – qui, en premier lieu n’existerait même pas, pas vraiment du moins – ne fait que penser vouloir disparaître.

Car dès que la vie nous menace dans l’existence fondamentale de qui nous pensons être en tant que petit conglomérat humain mobile incarné formé de poussière d’étoiles, nous résistons, nous chokons. En situation d’incertitude et de grand doute, nous revenons vite à nos vieilles croyances, nos vieilles pantoufles d’habitudes. Nous resserrons nos mains sur le volant en affirmant nous en remettre à une puissance Divine ou Supérieure, au Grand Pilote automatique Divin.

Nous sommes de drôles de petits dieux et déesses vous et moi.

Si on pouvait seulement accepter que nous ne savons à peu près rien, ni du Grand Plan, ni de Dieu, ni de soi, petit ou grand S.

Si nous pouvions seulement accepter qu’il nous faille apprendre à faire confiance et à développer la Foi – en quoi ? – sans toujours chercher à savoir, ou penser savoir.

Vivre la tête dans le doute, le coeur grand ouvert et les deux pieds dans la foi.

Au fond, et en ce sens j’apprécie la lucidité de Krishnamurti, nous ne sommes probablement qu’une graine de vie, qu’une idée d’un soi quelconque. Une illusion de quelque chose qui existe séparémment de tout le reste. Avec chacun chacune notre propre définition, notre propre conception de ce qu’un Soi/soi peut être ou représenter, que ce soit avec un petit s, ou grand.

En soi 😉 le concept, ou l’idée d’un soi, pour reprendre les mots de K, un Soi avec un S majuscule est encore plus dérisoire. On comprend que ça veut signifier la présence du Divin en notre corps mais en réalité, c’est probablement l’égo qui s’en accapare de la majusculinité. En fait c’est l’Égo qui s’orne toujours d’un É majuscule. Lui qui triche et s’affuble bien souvent d’une identité divine. Le petit Roi avec un R majuscule.

Et en même temps, et entre-temps, pour le moment, nous ne sommes que des petits bonhommes et de petites bonnes femmes, cherchant notre place dans le grand Jeu des formes, dans le monde de la matière. Encore mûs et mûes par d’innombrables besoins et instincts, quelque part entre la réalité animale et celle humaine, à définir et à investiguer par le biais d’expériences humaines qui nous semblent bien concrètes quand nous les vivons. Et pourtant dit-on.

Nous ne serions qu’une idée créant un soi ?

Let’s find out.
___
L’humilité est le symbole de la noblesse.
– Mestre Conselheiro Luiz Mendes

2 réflexions au sujet de « UNE CERTAINE IDÉE D’UN INCERTAIN SOI »

  1. claude lemieux SAMANO

    Peut-être mon ami qu’il n’y a rien, que je ne suis rien, Une insignifiante poussière d’étoile, mais que de merveilles, de tumultes intérieurs. Que de vie, que de beauté, que de musique, Je suis simplement venu sur terre pour la musique. Et O miracle louanger cette vie encore et en corps.

    J’aime

    Répondre
  2. Prashanti.

    Réflexion contrastante sur le Soi …ou soi lorsque je pense à des textes que j’ai lu dernièrement sur la psychologie du Soi. Ça amène une certaine ouverture à….d’autres perspectives.

    J’aime

    Répondre

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s