
Ces temps-ci, quelques personnes dans mon environnement immédiat sont souffrantes. Physiquement, émotivement comme psychiquement.
Parfois ce sont les blessures invisibles qui sont les plus douloureuses. Comme on ne les voit pas, on ne peut que les imaginer, les deviner, tenter de les sentir et les ressentir.
Mais il est souvent bien difficile de sentir la douleur d’autrui.
Mais à moins de le faire, ou du moins d’essayer, de tenter de se mettre à leur place, il est impossible de comprendre ce qu’ils et elles peuvent vivre. Évidemment je ne parle pas comprendre avec sa tête, pas seulement en tous cas, mais comprendre avec tout son corps, avec ses tripes, son coeur, son âme même. Ressentir leur douleur dans notre corps à soi, si cela est possible. SI on a déjà souffert, ça peut résonner.
Difficile de se mettre à la place des autres, surtout quand ils et elles souffrent. Pour nous, la moyenne des ours et des oursonnes, suite à un long hiver et à l’aube du grand réveil printanier, qui cherchons tous et toutes à être heureux et le plus épanoui(e)s possible, la simple idée de ressentir de la souffrance est toujours rébarbative et répulsive. On ne veut tout simplement pas aller là. Tout naturellement humain. On se dit qu’on a assez de la nôtre sans prendre sur soi celle des autres.
Mais ces temps-ci, avec plusieurs personnes qui admettent vivre de la souffrance en ces temps qui semblent plus particuliers que jamais auparavant, comme c’est peut-être toujours le cas, nous sommes confronté(e)s à la souffrance ambiante.
Que ce soit par des gestes spectaculaires qui heurtent la vie de victimes innocentes, notamment des enfants, ou par les oui-dires rapportant une souffrance collective, problèmes de santé mentale généralisée, les temps sont durs pour certain(e)s. Et il semble y avoir une masse critique.
Mais plutôt que de ne pas vouloir voir cette souffrance et encore moins la ressentir, voir l’éviter à tout prix, il faut tout au moins l’admettre et la reconnaître. La souffrance fait partie de l’expérience humaine. Et sans jugement ce n’est que sensations. Désagréables et inconfortables, mais que sensations. Leur rejet et non-acceptation les rend encore plus difficiles à vivre.
Difficile aussi de comprendre comment quelqu’un qui souffre peut vouloir s’en prendre à autrui, comment on peut vouloir imposer sa souffrance à d’autres qui n’ont rien à voir avec notre souffrance à nous. Ce simple constant est pénible. Et soulève en nous une telle impuissance. Ainsi qu’une grande incompréhension. Et un peu de colère, quand ce n’est pas découragement.
En ce sens, la citation ci-haut de Walt Whitman offre une approche intéressante face à la souffrance de nos proches. Car il est bien inutile de demander à quelqu’un qui souffre comment il ou elle se sent. IL et elle se sent mal, très mal, immensément mal. Mais l’idée de devenir soi-même la personne qui souffre nous permet de prendre contact avec sa réalité.
Hier je parlais à une personne proche qui vit un passage difficile. Et je pouvais voir sur son visage la douleur qu’elle ressent, je pouvais ressentir en moi sa souffrance à elle. Cette souffrance à laquelle, si on a déjà souffert soi-même, ce qui est d’ailleurs inévitable, est la même et seule souffrance. Un mal-être, une disposition d’inconfort extrême en soi.
Si on peut seulement s’en souvenir, pas seulement avec sa mémoire de tête mais aussi avec celle de son corps, cela nous permet de vibrer au même rythme que l’autre, de se mettre à sa place. Et d’agir avec plus de pertinence, et d’adéquation face à elle. Et ainsi entrer en relation d’une façon juste, sans pep talk tout aussi inutile que stérile, ou encore même infantilisant. Se mettre à son niveau.
Simplement être présent pour l’autre, l’accueillir dans sa souffrance, dans son mal-être, et être conscient(e) qu’entre la chimie du corps et les multiples dimensions de l’esprit humain, c’est surtout la présence d’un autre coeur que l’autre a besoin. Pour s’accrocher, revenir à l’humain en soi. Du non-jugement, de l’empathie de notre part, et une acceptation de la personne avec toute sa souffrance.
Mais on ne peut réellement accepter la souffrance d’autrui que lorsqu’on ne peut tout d’abord accepter et faire face à sa propre souffrance à soi.
On nous dit que ça va bien aller. Oui, la plupart du temps peut-être que ça va bien.
Mais parfois, ça va moins bien, parfois ça va mal en ta.
Et cela est normal, et humain, et OK.
Alors soutenons-nous.
Lorsque je suis souffrante je deviens plus vulnérable. Parfois ou souvent la réserve de compassion des autres peut être à sec.
Accepter ce qui est en me disant : it shall pass.
En me demandant comment je peux contribuer à ma propre guérison ???
Beau texte rempli de compassion.
Merci.
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amor amor
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