ICI, D’ICI, LE BONHEUR

Il est difficile de trouver du bonheur en soi, mais impossible de le trouver ailleurs.
– Arthur Schopenhauer

Chronique rose ce matin. En ce temps gris. Car beau rose et gris.

Quelle belle façon de le dire : difficile de trouver le bonheur en soi mais impossible de le trouver ailleurs.

Si on peut certainement trouver des sources de bonheur en dehors de soi, des révélateurs du bonheur inné, le réservoir ne peut inévitablement que se trouver en soi, comme la capacité de le faire croître, résonner, fructifier. De le protéger même.

Je crois que trouver n’est que la première étape dans la quête du bonheur. La seconde, toute narutelle, est de le faire croître, de le répandre, de lui faire prendre de l’expansion, de contaminer le monde, rendre le bonheur contagieux.

Un virus le bonheur ?

Si trouver le bonheur est un enjeu, créer des espaces dans lesquels les gens pourront arrêter et retourner leur terre intérieure pour mieux le cultiver est une suite logique, organique et naturelle à l’essence du bonheur.

On dit que lorsqu’on quittera ce monde, tout ce que l’on pourra apporter avec soi n’est pas ce que l’on a reçu au cours de de cette vie, mais seulement ce que l’on a donné, partagé, offert. Intéressant non ?

On dit aussi que Dieu – ou le Grand Mystère – se doutant bien que ses créatures seraient portées à chercher la clé du bonheur en dehors d’eux/elles-mêmes, jusqu’aux endroits les plus reculés du globe et des mers, il/elle aurait caché cette clé en notre coeur. Là où réside aussi notre âme je crois.

Le bonheur semble être une disposition intérieure, un état, une façon d’aborder le monde, comme chaque journée.

Le bonheur serait peut-être même une décision ? À méditer.

On peut être heureux(se) et comblé(e) en et par soi-même, en quelque sorte la première étape. Mais que la première. Souvent plus gratifiant – et tout naturel – de vouloir le partager avec autrui quand on le trouve.

Peu importe qui. Évidemment avec nos proches et nos bien-aimé(e)s en tout premier lieu, mais éventuellement le bonheur veut voyager, voir plus grand, veut se répandre et aller se faire voir ailleurs.

Difficile de trouver le bonheur en soi

En effet, comme si on nous avait appris que le bonheur habitait ailleurs, comme s’il découlait de quelque chose – ou de quelqu’un – en dehors de soi. Comme le gazon plus vert. Le trouver et le conserver, puis le semer. Comme dans planter et non le fuir.

mais impossible de le trouver ailleurs

Donc à trouver en soi. Tout d’abord. Là qu’on doit chercher.

Trouver le bonheur ? Ou n’est-ce pas plutôt lui qui nous trouve ? Peut-être en fait que c’est le bonheur qui nous cherche, et nous qui devons se laisser trouver. Et le conserver, le cultiver, en prendre soin et le répandre.

Car on doit tout d’abord pouvoir le connaître en soi pour être en mesure de le reconnaître en dehors quand on le croise. On ne peut trouver le bonheur ailleurs si on n’y est pas soi-même. Alors portons-le, et apportons-le partout où l’on va, partout où l’on se trouve. Même quand la tristesse envahit notre coeur, même face à la désolation, à la perte. Le bonheur peut cohabiter avec diverses émotions connexes, tant que tout est assumé, accepté. Le bonheur est un bon coloc.

On dit ici bonheur, mais on devrait peut-être plutôt dire joie. Car si le bonheur semble souvent passager, la joie semble être plus permanente, comme le fond de notre être sur lequel pourrait reposer le bonheur. Ça prend un terrain solide et fertile de joie, une telle capacité en soi-même, pour que puisse grandir le bonheur.

Il est où le bonheur ? chantait le poète. Une bien belle version ici.

___
L’émerveillement est une fleur de la vie.

Personne n’a une vie facile.
Le seul fait d’être vivant nous porte immédiatement au plus difficile.
Les liens que nous nouons dès la naissance, dès la première brûlure de l’âme au feu du souffle, ces liens sont immédiatement difficiles, inextricables, déchirants.
La vie n’est pas chose raisonnable.
On ne peut, sauf à se mentir, la disposer devant soi sur plusieurs années comme une chose calme, un dessin d’architecte.
La vie n’est rien de prévisible ni d’arrangeant.
Elle fond sur nous comme le fera plus tard la mort, elle est affaire de désir et le désir nous voue au déchirant et au contradictoire.
Ton génie est de t’accommoder une fois pour toute de tes contradictions, de ne rien gaspiller de tes forces à réduire ce qui ne peut l’être, ton génie est d’avancer dans la déchirure, ton génie c’est de traiter avec l’amour sans intermédiaire, d’égal à égal, et tant pis pour le reste.
D’ailleurs quel reste ?

– Christian Bobin

4 réflexions au sujet de « ICI, D’ICI, LE BONHEUR »

  1. Anandgyan

    Oui, le bonheur est tel une habitude et choisir de se lever du pied droit …
    Aimer ses bottines, le sol, le fa » et « la » mi …
    Musique, entregent et silence à savourer en chemin vers ici toudé rose gris!

    J’aime

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