BULLES DE COEUR

Tu existes telle une idée dans ton esprit. – Shunryu Suzuki

J’aurais aussi pu traduire cette affirmation de différentes autres façons:

Tu n’existes que comme idée dans ton mental,

ou encore,

Toi, en tant qu’identité, tu n’existes pas vraiment, tu n’es qu’une idée dans ta tête.

En essayant d’interpréter, et non seulement traduire, j’imagine qu’on peut donner le sens qu’on peut aux mots des autres. De toute façon, c’est un peu toujours ce que l’on fait quand on lit, écoute ou entend autrui. D’ailleurs, concernant l’ouïe et l’écoute, on dit que l’ouïe est un sens mais que l’écoute est un art.

On impose à tout ce qui pénètre en nous, tout ce qui nous arrive, notre sens, notre compréhension, notre interprétation. Rien ne provient de l’extérieur à nous sous forme neutre. Il y a une charge, une intention et des émotions dans tout ce qui nous parvient, et nous recevons tout ça avec nos filtres, nos jugements et nos présupposés. En ce sens, le plus juste pour connaître quelqu’un est de le/la lire.

Car on aura beau dire ce que l’on veut, preacher sur toutes les tribunes, ce que l’on fait nous définit avec plus de justesse que ce que l’on peut dire ou prétendre. On ne peut que marcher sa parole comme on dit, être comme on fait.

Pour en revenir aux propos de Mr Suzuki, il est bien difficile pour certain(e)s d’entre nous de concevoir que nous ne sommes rien, que nous n’existons pas. Et pourtant.

Avant que nous nous incarnions, nous n’étions pas de ce grand party humain, même chose après notre mort. Même si on dit que les esprits restent, la forme a changé, change et changera. On dit aussi que nous ne sommes qu’une seule et même âme, incarné(e)s dans une multitude de formes. Alors moi c’est toi et vice et versa.

Mais d’autre part, si nous sommes l’observateur/trice de ce grand jeu, nous sommes aussi l’observé(e), tout autant que le processus d’observation dans lequel l’observé est perçu.

Donc, même si on peut s’entendre que notre nom est personne, pour le moment nous sommes tout de même quelqu’un, une personne, une forme de présence pensant, sentant et ressentant. Il y a quelque chose, que l’on identifie comme soi, ou moi, qui prend acte de certaines transactions prenant place dans diverses dimensions, sous diverses formes. À la mesure de notre capacité de saisir.

On pense savoir; savoir ce que les autres vivent, ce qu’ils/elles ressentent, mais on pourrait être surpris car leur monde est possiblement très différent de ce que l’on imagine qu’il est. Tout ce que l’on a comme guide est cette petite voix en soi. Qu’on existe ou pas, qu’elle existe ou non.

La voix.
Il y a une voix en toi.
Qui toujours soupire et chuchote.
Je sens que ceci est juste pour moi,
Je sais que cela ne l’est pas.
Aucun enseignant, prêtre, parent, ami(e),
ou sage ne peut décider
Ce qui est juste pour toi – écoute simplement
La voix qui parle en toi.

Que cette voix existe ou pas, que nous-même existions ou non, pour le moment nous sommes ici. Incarné(e), vivant(e), présent(e). Une âme avec un corps, ou dans un corps, ou le corps enveloppé d’une âme comme certains aiment le décrire plutôt, cette âme habitée d’un coeur. Personnellement, j’aime penser d’ailleurs que c’est dans notre coeur que réside notre petit bout de la seule et unique grande âme.

Si nous sommes quelque chose, nous sommes peut-être une bulle dans l’infini, sur cette terre qui tourne dans le vide sur elle-même, une certains présence en forme qui prend acte que quelque chose est en train de se passer, quelque chose en train de passer, avec nous dedans, comme en nous. Ou pas. Peut-être seulement un grand rêve qui se déploie sur l’écran du vide. La grande illusion.

Et comme le disait Bashar ici l’autre jour, nous n’expérimentons qu’une infime partie de réalité – même de notre propre et petite réalité, mais quand on ouvre son coeur, toutes ces passerelles, toutes ces portes et ces fenêtres s’ouvriront aussi et nous verrons alors toute la richesse de notre réalité.

Ainsi, la clé est peut-être de vivre de plus en plus à travers le coeur, à travers son propre coeur, en écoutant notre petite voix. Qu’elle existe ou pas, que nous existions ou non. Mais, quand même, ce poupoum poupoum qui bat dans sa cage. Thoracique.

Même ces mots sont-ils réels ? Écoutons pour voir.

Poupoum poupoum…

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