
Une fois de temps en temps, j’aime utiliser comme point de départ chronique des mots qui me questionnent, des agencements de mots avec lesquels je suis ou plus moins d’accord. Ceux-si en sont. Moins d’accord que plus dans ce cas-ci. J’aime ces mots de travers qui me font réfléchir tout croche et de côté. En fait j’apprécie ces mots qui font fléchir ma pensée en tous sens, et tordre mes croyances.
Premièrement, vous, une chose ?
Hey chose, pousse mais pousse égal.
Que l’on parle de moi, de toi, du soi en général, de nous ou de vous, d’ils ou d’elles, sommes-nous tout d’abord quelque chose ? Ou quelqu’un ? On aime le penser pour la plupart. Ça nous rassure, ça nous fait exister. Dans la boîte, ou en dehors.
Plutôt que quelque chose ou quelqu’un, ne sommes-nous pas plutôt rien ? Un tout petit rien du tout dans ce grand Tout ? Un tout petit rien, né tout nu et qui mourra dans de beaux draps ? Ou dans les bras de Murphy ? Un petit rien abrillé d’un bel égo en cuir épatant ? Un tout petit trou ce nous dans le grand tout terrien, tout terrain de la grande terre de rien que nous sommes ! Cette terre que nous sommes d’ailleurs en train de déshabiller et de déshériter à force de l’user et de l’abuser.
Avec le temps qui passe, je trouve beaucoup plus reposant de tendre à ne devenir rien du tout, à ne plus chercher à être quoi ou qui que ce soit. J’ambitionne de devenir rien du tout, de dé-devenir.
Plutôt qu’à toujours tenter d’être quelque chose dans ce grand fourre-tout cosmico-comique. Car être quelqu’un, c’est quelque chose. Ce n’est pas rien d’essayer tout le temps d’être ou de devenir, c’est fatiguant, épuisant. Ça use. Si on arrête seulement de vouloir devenir quoi ou qui que ce soit, nous sommes déjà, tout simplement.
Ah aussi simple que ça ? Peut-être.
Au fur et à mesure que l’on avance dans la vie, que notre corps vieillit, et que l’on s’approche de la mort à venir sans avenir et du grand repos, on semble de moins à moins enclins à devenir quoi – ou qui – que ce soit, car on développe une certaine intuition que la course folle vers le grand n’importe quoi ne rime à rien. Ou du moins rime de moins en moins à quelque chose, ou à quelqu’un.
Quiconque a déjà vu un(e) proche sur son ultime lit a pu réaliser la futilité de la course folle – et même de la simple marche – vers nulle part ou vers quoi – ou qui – que ce soit. La mort nous ramène à la simplicité même de la naissance, relie le fil d’arrivée au fil du départ, et à la fin de course folle à lier. Vivement le grand repos, qui est d’ailleurs possible avant la fin. Si on arrête simplement de chercher, euréka ! on a trouvé.
Autre formulation problématique à mon avis que celle qui vise à tenter de se trouver.
Car quiconque cherche finit par trouver quelqu’un, ou quelque chose. Quiconque cherche un sens à la vie a tendance à en trouver un. Même s’il faut le faire de force, ou à tort ou à raison.
Mais y a-t-il quoi ou qui que ce soit à trouver ? Se fouiller sans fin jusqu’à l’épuisement, pour finalement arrêter et se trouver bien drôle d’avoir tant chercher à trouver.
Quand on cherche, on se force parfois à trouver. Alors que si on arrête tout simplement de chercher, tout est ici. Ma foi. Mais il faut parfois s’épuiser à chercher pour se rendre compte qu’il n’y a rien à trouver.
Alors pourquoi ne pas chercher à se perdre plutôt qu’à se trouver ?
Car nous sommes né(e)s rien, nous sommes né(e)s de rien. Du moins de pas grand chose, tout au plus un tout petit pain. Et nous retournerons, au bout de la route, et de la déroute, au bout de notre petite route de doutes, et de croûtes à manger, à ce petit rien issu du grand tout. Petit pain de rien du tout. Pain à la raison. Peut-être que c’est tout. Et peut-être que c’est tout partout.
Ainsi, au fond, comme en surface, tout ce que l’on aura vécu n’aura peut-être été que du vent ? Une quête ? Que de la broue dans le toupet, que du vent dans la face ? Peut-être une grande farce que cette vie-ci de recherche dans laquelle on s’efforce tant à construire quelqu’un – ou quelque chose ?
Une vie à tenter de bâtir quoi ? Pour qui ? Pour quoi ? Pourquoi ?
Les questions se posent mais ne nous reposent pas.
Alors vient alors un moment où l’on pause les questions, ou peut-être plutôt sont-ce les questions qui se déposent.
Fini les qui, basta les quoi, goodbye les quand et les pourquoi.
Et il ne reste alors que ceci, qu’ici. Guili guili et le tour est joué. On s’est fait jouer un bon tour. On en a fait le tour.
À force de chercher à trouver, on s’épuise. Et peu importe ce que l’on peut trouver nous sera repris au fil d’arrivée. Car on vit les mains vides, et la tête pleine, et ce n’est peut-être que le coeur qui mérite d’être rempli. Le coeur brisé, et maintes fois paré, et réparé.
Si on nait les mains et le coeur vides, l’âme vierge et toute ouverte, tout ce que l’on peut accumuler ne peut que s’emmagasiner dans le coeur, là où réside notre âme. Paraît d’ailleurs que ce n’est que le contenu du coeur qu’on emmènera avec l’âme au bout du chemin. Qui mourra verra.
Quant à Google, allez-y, faites vos recherches, et perdez-vous y votre lutin. De toute façon, tout ce que vous y trouverez n’est que du vent algorythmé.
Et anyway gang, qui perd gagne.
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La vérité toute crue est que, dans ce monde, rien n’a d’importance.
– Zentao via Khirad
Ah que t’es mots invitent à la détente.
Le vent emportera tout et oui le rien survivra….🌺
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