
Si l’empathie est l’art de comprendre les émotions, c’est aussi et surtout vouloir et pouvoir ressentir les émotions des autres.
Mais pour cela, il faut être capable de sortir de soi, de se mettre à la place des autres. Il faut vouloir aussi ressentir tout ce que le monde ressent en dehors de soi. Mais ce faisant, on ressent alors le plus beau, mais aussi le plus dur, le plus souffrant en l’autre.
Et je soupçonne que c’est d’ailleurs précisément pour cela que certains se referment sur soi: pour ne pas sentir ce que le monde sent et ressent. En particulier ces temps-ci car passage étroit pour plusieurs.
Mais peut-on vraiment se refermer sur soi-même ?
On peut bien essayer, mais comme nous ne sommes pas des imperméables ni des parapluies, comme nous sommes tous et toutes fabriqué(e)s de la même poussière d’étoiles et battons tous au même rythme, il me semble que les choses finiront inévitablement par nous atteindre, peu importe nos efforts de refermement en et sur soi, peu importe notre tendance à vouloir nous protéger du monde. Car nous sommes le même monde, nous sommes du seul et même monde.
L’idée alors consiste peut-être non pas à se fermer aux autres, mais à s’ouvrir totalement au monde, à se laisser passer à-travers, à lâcher prise et à se laisser traverser par le monde entier. Se laisser toucher, non pas pour se faire détruire, mais simplement se laisser être touché(e) par le monde. Vibrer et devenir le monde.
Ouvert(e), vulnérable, transparent(e).
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L’amour altruiste est le sentiment spontané d’être relié à tous les autres êtres. Ce que vous ressentez, je le ressens. Ce que je ressens, vous le ressentez. Il n’y a pas de différence entre nous […]
Lorsque j’ai commencé à pratiquer la méditation de la compassion, j’ai observé que ma sensation d’isolement commençait à s’atténuer, tandis que je ressentais de plus en plus une impression de force. Là où, auparavant, je ne voyais que des problèmes, je me mis à ne voir que des solutions. Alors que je considérais mon bonheur comme plus important que celui des autres, je commençais à percevoir le bien-être des autres comme le fondement même de ma paix intérieure.
– Yongey Mingyur Rinpoche, traduit par Matthieu Ricard
via André Beaudoin et Robert Portvin
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Et ci-bas, un extrait tiré de Poids Lourd, Recueil de poésie par Daniel Bélanger, qui traduit bien mon sentiment actuel face à la situation d’une proche.

Si tu as besoin de partager l’effroi, je suis là. Je te vois…
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merci, droit au coeur
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Merci…..
Vouloir prendre soin de l’autre tout en prenant soin de soi.
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soin soin
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