
– Simone Nitzan
J’ai utilisé ce meme principalement pour jouer autour de l’expression chemin spirituel car ce thème me fait parfois réagir, parfois sourire. Comme si quelconque forme de vie pouvait ne pas être spirituelle, non habitée par l’essence du grand Esprit. Et qu’un chemin pouvait ne pas être spirituel, même s’il est ancré solidement dans la matière. Comme s’il y avait une claire frontière entre esprit et matière. Allo encore chère dualité.
Nous sommes nombreux à aimer nous considérer comme une personne hautement évoluée spirituellement. Encore un beau tour du petit moi on dirait bien. J’allais écrire ce cher égo – oups je viens de le faire – mais ce terme est si galvaudé, connoté négativement, craint même et utilisé à toutes les sauces que je tente de l’éviter désormais, préférant plutôt parler en termes de personnalité, de petit moi, d’humanité, de simplicité, d’arrogance et/ou d’humilité.
Comme si on pouvait vivre sans égo, comme si ce terme était un péché. D’ailleurs je trouve que le terme péché est également mal compris. Péché ne veut que dire erreur, comme dans essai, tentative de quelque chose de nouveau et, qui dit erreur dit possibilité d’apprentissage. Et qui dit processus d’apprenti sage dit inévitablement commettre des erreurs pour pouvoir apprendre de celles-ci. Pas vraiment d’autres façons d’apprendre à mon avis. Aucun parcours sans faute de toute façon. Et jamais de faute, que des leçons, et pas de leçon sans écart.
Pour en revenir au chemin spirituel, si on pousse la logique à son extrême, la destination finale et inévitable de ce chemin pour chacun(e) de nous, notre chemin individuel, réside dans la mort du corps physique. L’âge nous démontre cela en rappelant un à un(e) nos proches plus âgées, puis nos ami(e)s. Passage lors duquel on pense que notre âme, notre ptit bout du grand esprit, retournera enfin à la maison.
Mais pourquoi ne nous sentons-nous pas déjà – et toujours – à la maison ? La question se pose, et reste la plupart du temps sans réponse. Et c’est parfait ainsi car toute réponse risque d’être imposée par la peur de l’inconnu. Qui mourra verra bien, ou rien, ou pas.
Comment notre corps physique nous empêche de sentir cette connexion que nous rêvons retrouver une fois le corps largué ?
Pourquoi penser que lorsque nos poumons vont cesser de respirer et notre coeur de battre, que cela fera en sorte que l’on se sentira faire davantage partie de la vie ?
Si on ne sent pas déjà comme faisant partie intégrale du monde, pourquoi nous y sentirions-nous davantage dans l’au-delà ? Et l’au-delà n’est-il pas ici aussi ?
Voilà quelques petites banales questions qui me parcourent le cerebelum au vent de mes périodes de réflexion, de silence et de méditation. Jusqu’à ce que je me resaisisse et revienne à ma respiration. Car ça le plus vrai des chemins, un pas à la fois, une respiration à la fois.
Et possiblement des questions qui vous passent par l’esprit vous aussi à l’occasion.
Car c’est le propre de l’humain – coeur corps esprit et égo compris – de chercher du sens. Comme c’est la tendance chez plusieurs parmi nous de tendre vers un ailleurs meilleur, d’avancer constamment par en avant. Et de fait, de n’être jamais totalement ici, souvent sinon toujours quelques pas en avance sur soi-même.
On aime se penser évolué(e) spirituellement, OK je vais parler pour moi. On aime même se penser le plus humble. Voyez, je parle même de moi à la troisième personne qui exclut la personne qui tape. Aussi évolué que ça le chroniqueur de glands chemins. Comme si on s’en allait à quelque part alors que nous sommes simplement ici.
L’Égo spirituel est probablement l’une des taches – et tâche peut-être aussi je ne se sais trop car ça semble faire partie de la job de la connaissance de soi – les plus difficiles à faire partir sur le linge blanc de notre haute considération de soi-même.
D’un côté, nous doutons de nous-même au plus haut point – quel est le sens de la vie ? qui suis-je ? ou vais-je ? pourrais-je payer mon loyer ? – et de l’autre, pour compenser ? – nous devons avouer que nous ne savons absolument rien face au grand mystère et que parfois la peur nous assaille face à l’inconnu, face à l’infini. Et cela est parfait ainsi. Et juste et bon.
Suffit d’apprendre à vivre avec le doute. À vivre a bout de son nez, à courte vue car là que les choses se passent. Jamais dans la phase finale de l’hypothétique plan quinquennal de toutes sortes d’affaires. Surtout ces temps-ci, si incertains.
Alors marchons ce chemin lentement et en toute conscience, une respiration à la fois, chaque moment au bout de son nez, le coeur grand ouvert et l’esprit comme un parachute. Sans se tenir après quoi que ce soit, ni retenir quoi que ce soit qui nous bouille profondément à l’intérieur. À l’écoute. Car la petite voix est peut-être celle de Dieu qui nous chuchote à l’âme 😉
Et invoquons le grand esprit – la grande esprite 😉 afin qu’il/elle/ça ou peu importe les lettres nous inspire dans notre humble quête qui consiste à prendre chaque pas dans la foi et à devenir qui nous avons toujours été comme qui nous sommes déjà.
Occupons notre coeur et notre âme. Sur ce chemin vers la maison.