
Nous sommes des apprenti(e)s. Nous sommes tous et toutes ici pour apprendre.
Apprendre la vie en général. Et certaines choses en particulier.
Chacun(e) nos chemins, chacun(e) nos leçons.
Mais la leçon qu’on partage tous et toutes consiste à désapprendre ce que l’on nous a appris et que l’on croit savoir.
Désapprendre nos certitudes.
Désapprendre nos croyances, les dures comme fer surtout, et celles qui durent depuis longtemps en particulier.
Les croyances d’un peuple transmises d’une génération à l’autre, sans que l’on ne se pose trop de questions.
Certains s’objecteront et diront qu’il est important de se souvenir. En particulier ici au Québec où nos plaques d’immatriculation en font un mantra répétés à quelques millions d’exemplaires, tellement qu’on ne le remarque même plus, même dans les heures de pointe ou l’on passe des heures à l’avoir l’avoir dans la face sur le bumper des voisins qu’on suit.
C’était la St-Jean récemment et certains étaient déçus qu’on ne se souvienne pas plus que ça. Mais se souvenir de quoi me direz-vous ? En tous cas, les souvenirs des francophones sont sûrement différents de ceux des gens des premières nations. Alors pour la fierté, on pourra repasser. Car la réalité est si relative malgré une histoire partagée.
Désapprendre donc. Avant de mourir. Car on ne quittera pas avec nos connaissances ni nos croyances.
Osho faisait d’ailleurs une grand distinction entre connaître et connaissance.
Il disait que connaître est un processus dynamique qui s’acquiert par expérience concrète, toujours en cours de réalisation, jamais complété. Tandis que la connaissance nous est transmise, léguée, passée, et pour cela souvent morte. La connaissance est empruntée alors que le fait de connaître ne se fait que par soi, au présent, par tous les sens et non seulement par la tête.
C’est pourquoi on n’a pas besoin de se souvenir de nos expériences acquises à la sueur de notre front; elles sont inscrites dans nos cellules, dans notre corps, tatouées sur notre peau, pétries dans notre coeur.
Désapprendre alors.
Pour redevenir une tasse vide, toujours prêt et prête à recevoir la vie sans biais, sans présupposés, en pleine neutralité.
Juste les fous qui ne changent pas d’idées dit-on. Sans être fous, ni folles, plusieurs ne peuvent remettre en question la connaissance empruntée qu’ils et elles transportent dans leur bagage. Sinon qui seraient-ils et elles ?
Personnellement, j’aime bien l’expression conserver son coeur d’étudiant(e).
Car si penser savoir est une chose, être certain(e) de savoir en est une autre, et l’on prend souvent les choses de la vie pour du cash parce qu’on pense savoir. Sauf que… que savons-nous vraiment ? Même cette existence n’est peut-être qu’une grande illusion dont on se réveillera lorsque l’on quittera notre corps. Ou avant. Mais pour le moment encore pas mal de choses dont on se pense certains de.
En fait, on ne sait jamais rien, jamais vraiment rien. En particulier au sujet de la mort. Le grand point d’interrogation de la vie. On s’y prépare sans pouvoir savoir. On a beau avoir plusieurs ami(e)s qui quittent avant nous, sans qu’on n’ait la moindre idée de ce qu’ils et elles vivent. Même si Paule Lebrun disait que c’était tellement ordinaire de mourir, nous on en sait pas combien ordinaire ça peut être.
Et à chaque fois qu’un(e) de nos proches, ami(e), membre de la famille part, c’est une petite part de nous qui se détache de notre bloc d’identité, de ce que l’on avait construit comme image de soi. Et au fil des morts que l’on observe se passer hors de soi, on se désagrège jusqu’à épuisement complet du stock d’essence qui nous compose. Jusqu’à ce que l’on se décompose totalement soi-même. En terre ou par le feu. Petit morceau par petit morceau. Un fil à la fois, la toile d’araignée se défait.
Jusqu’au moment ou l’on saura peut-être pour vrai !
Il faudrait donc toujours parler au conditionnel, avec usant du peut-être.
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Notre ami Prem Bruno a quitté le navire il y a quelques jours. Prem = Amour.
On s’en vient ami d’amour.

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Lien de mon amie MD
Autre façon de voir ça
https://www.jepense.org/difference-savoir-connaissance/