
et lorsque nous ne savons plus où aller, nous avons entrepris le vrai voyage.
– Wendell Berry
Quoi faire et aller où ?
Les questions se posent. Plus que jamais. En particulier depuis quelques années. En particulier maintenant. Car que maintenant, toujours que maintenant.
Mais en réalité, a-t-on déjà su quoi faire et où aller ?
On nait, on fait du mieux qu’on peut et après un certain temps, on meurt et on retourne à la maison. Le seul endroit où l’on va vraiment dans cette existence. D’où notre corps va, et vient.
Parfois on pense savoir certaines choses mais au fond on ne sait jamais vraiment rien. On n’a jamais vraiment su. Au fond on ne sait peut-être jamais vraiment. Que savoir ?
En fait la seule chose que l’on doive et puisse apprendre consiste à ne rien faire, qu’à être, tout simplement, tout totalement. Simple à dire, encore plus simple à – ne pas – faire. Tellement simple qu’on ne peut le faire justement. Le non-faire est quelque chose à – ne pas – faire. On ne peut que laisser la vie faire.
On fait beaucoup dans cette vie. On fait beaucoup pour pas grand chose au fond.
On va et vient beaucoup dans cette vie. On court en rond. Souvent on court après sa queue. Ou après autre chose, comme la gloire, ou le bonheur. Ou le cash.
Mais quand vient un temps où l’on ne sait plus quoi faire, c’est le temps d’arrêter, de s’arrêter. Que le mental qui va continuer à rouler pour un bout de temps. Et ralentir tranquillement. Temps d’observer alors. Observer les idées, les pensées, les émotions, les sensations. Et ne rien faire à leur sujet.
Et aller nulle part ailleurs que là où l’on se trouve. Pour se re/trouver. Pour faire du surplace. Pour spinner sur soi et lentement ralentir. Pour être. Qu’être. Tout simplement. Si simple que ça en est compliqué car pas ce que l’on a appris à faire. Rien.
Rien, à faire. Nulle part, où aller.
Ici, qu’ici.
___
Directions
Ce n’est pas que le chemin a disparu. C’est seulement qu’étourdi de chagrin
et frappé par la peur, nous perdons parfois notre volonté
Mettre un pied devant l’autre.
Mais nous ne sommes pas perdus.
Déjà dans le noir, nous nous sommes retrouvés.
ce qui étonne c’est que nous sommes si nombreux,
et déjà avec nos voix nous construisons des ponts faits de lumière.
Le monde tremble, nous trébuchons et nous nous aidons à nous élever,
et maintenant il est temps
pour nous encore mettre un pied devant l’autre –
pour ne pas échapper à ce qui nous fait peur
mais marcher sans broncher
vers le centre désordonné des choses.
Le chemin que nous choisissons maintenant
n’est pas celui que nous avons parcouru
ou même vu avant,
le chemin est celui qui apparaît
sous nos pieds
à chaque étape,
et nous persistons,
voyageurs dans l’obscurité glaciale
qui commencent à voir la lumière
comme il façonne l’horizon
et sache, même s’il fait froid,
que le changement dont nous rêvons
a déjà commencé à arriver.
~ Rosemerry Wahtola Trommer