
La fête des Mères aujourd’hui. Comme à chaque 2ème dimanche de Mai. Bien peu une journée par année pour souligner officiellement, ouvertement et publiquement tout l’amour, les sacrifices, le soin, et l’importance de nos mères dans nos vies, dans LA vie. Quand même, au moins une journée.
Mais un peu étrange de fêter la fête des mères cette année alors que l’enjeu du droit à l’avortement revient – encore ? tab… – dans l’actualité. D’ailleurs, les boys, on se mêle de nos affaires et on se calme le sac à pompoms OK ? Car vraiment pas de nos affaires cet enjeu-là.
Mais autre débat. OK la fête des mères.
Moi, aujourd’hui, c’est vers certaines mères et femmes en particulier que j’aimerais envoyer ces quelques mots et pensées.
Premièrement, aux mères qui ont perdu un ou des enfants, que ce soit en cours de grossesse, à la naissance, après quelques jours ou plusieurs années plus tard. Il n’est pas naturel de perdre des enfants, ce n’est pas dans l’ordre des choses.
La simple idée de perdre un enfant me chavire le coeur de tous bords et côtés et sème une tempête de désordre dans ma tête de père, et ceci n’est qu’une peur imaginée pour moi alors que pour vous, c’est un souvenir que je ne peux qu’imaginer douloureux que vous portez sous et dans votre peau, un souvenir pénible avec lequel vous devez vivre chaque jour, particulièrement le 2ème dimanche de mai, à chaque année.
Vers vous j’envoies mes pensées les plus douces, les plus sincères, les plus réconfortantes si cela est possible. Vers vous j’envoies mes tentatives de compréhension. Je ne sais pas ce que vous portez en coeur et en corps, je ne peux que le pressentir et l’imaginer, même si seulement vaguement et que dans ma ptite tête. Vous, j’imagine que c’est dans le corps, dans le coeur et jusque dans votre âme que vous le portez. Pour toute votre vie. Je m’incline devant votre douleur (si c’est le cas) et je vous porte en mon coeur, pour ce que ça vaut. Je vous souhaite de faire la paix.
Ce matin je pense aussi à une amie en particulier qui est en train de perdre un de ses fils ces jours-ci, et qui me racontait l’autre jour toutes les tracasseries administratives et médicales qu’ils doivent vivre ces jours-ci seulement pour soulager la douleur de son fils en ces derniers jours. Toute ma compassion à toi ma chère amie, tu sais qui tu es. Ouf !
Je pense aux mères qui n’ont pas pu, ou su, prendre soin de leurs enfants selon les standards habituels. Les mères qui ont dû confier leurs enfants à autrui, soit à des gens ou à des institutions, pour qu’ils/elles reçoivent des soins plus adéquats qu’elles auraient pu leur donner. Peu importe les raisons. Vous avez fait du mieux que vous avez pu, dans la mesure du possible. Sachez que vous n’êtes pas jugées, pas par moi du moins. Car parfois, la vie, elle ne va pas toujours comme on veut, et nous on fait toujours du mieux qu’on peut. Compassion vers vous.
Aujourd’hui, je pense aussi aux enfants qui ont eu des relations difficiles avec leur mère, vous qui ne vous souvenez pas en rose de maman et pour qui cette fête d’aujourd’hui ressasse toujours des souvenirs délicats. Je vous souhaite de faire la paix avec votre mère, qu’elle soit vivante ou pas, que vous la connaissiez ou non. Si ce n’est qu’une mère imaginaire, qu’elle vous prenne dans ses bras et elle dans les siens. Paix sur la terre aux mères de bonne volonté, et/ou aux capacités et habiletés réduites.
Je pense à toutes les femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants, celles qui sont parfois considérées comme des non-mères, et souvent jugées d’égoïstes pour leur choix. Peu importe les raisons pour lesquelles vous n’avez pas eu d’enfants, pas de mes affaires, pas de nos affaires, que les vôtres. Vous avez vos raisons et vos circonstances et que le monde les respecte. Basta !
Je pense à toutes les femmes qui n’ont pas choisi mais qui n’ont pas réussi à avoir d’enfants alors qu’elles en voulaient et en désiraient.
Je pense à toutes les femmes qui ont fait tant de démarches naturelles et moins sans toutefois réussir à arriver à terme. Tant d’essais, tant d’espoirs et de déceptions, tant de montagnes russes chavirantes, sans que la vie ne vienne comme vous le vouliez.
Je pense aux femmes qui ont élevé les enfants des autres comme si c’étaient les leurs.
Je pense à toutes les femmes qui ont porté des enfants pour d’autres, les donnant à la naissance.
Je pense à ma mère, qui a pris soin seule de nous 4, ses enfants. Gratitude infinie môman. Désormais je parle en ton nom.
Je pense aux mères de mes deux filles, Charu et Sabera, je vous ai vu aller depuis 40 ans, depuis 27 ans, je sais un peu, un peu mieux tout ce que ça implique. Merci, encore et encore.
Je pense aussi à toutes ces mères autochtones qui ont vu leurs enfants enlevés et disparaître. Aho !
Je pense aussi aux mère Afghanes aperçues dans un reportage il y a quelques mois et qui doivent vendre un de leurs enfants pour pouvoir nourrir les autres. Ouch en plein coeur.
Et à toutes les autres mères qui prennent soin d’une progéniture, que ce soit la leur ou celle d’autres mères, que ce soit sur les routes en direction d’un home espéré, sur un bateau vers une terre promise, dans un camp de réfugié(e)s, ou dans toute autre situation difficile. On ne peut même pas imaginer. Merci.
Vers vous toutes, qui portez la vie, mères et femmes, que ce soit par des enfants ou autrement, vous qui représentez la moitié de l’humanité et qui ne l’ont pas ni ne l’ont pas eu facile au fil de l’Histoire avec un grand H ou de vos plus petites histoires respectives personnelles, toute ma reconnaissance et mon respect de la part de nous, l’autre moitié du monde qui ose encore décider encore pour vous. Excusez-nous car on ne sait pas ce que l’on fait, sinon on ne le ferait pas. J’espère qu’on va finir par apprendre.
Et en terminant, une pensée toute spéciale pour les femmes du mouvement du Pain et des Forêts qui se regroupent à Québec aujourd’hui. Lâchez pas, nous sommes plusieurs à vous voir, à vous regarder et à vous entendre. Maintenant il faudrait qu’on vous écoute. Car vous portez quelque chose de fondamental.
Amour vers vous toutes. Merci pour la vie.