
Hum, hum.
Humble devant les autres, humble avec nous-mêmes. Tout est là. Demeurer humble devant les autres car nous sommes tous faits de la même terre, du même humus, et être humble avec soi-même, car notre relation avec soi teinte toutes nos relations avec autrui.
L’humilité est un drôle de concept. Parfois la quête d’humilité peut ne s’avérer que vanité, fausse modestie. Moi le plus humble.
En fait, on ne peut cultiver l’humilité, on ne peut que la devenir au fil de nombreuses expériences, dont certaines difficiles et même humiliantes, ou humilisantes, du moins pour notre orgueil, notre amour propre, notre petit égo juste à soi. C’est souvent quand on perd la face qu’on retrouve son coeur.
On ne devient humble qu’en acceptant notre profonde vulnérabilité et notre co-dépendance au monde et aux gens qui nous entourent, en reconnaissant la profonde humanité qui se trouve au coeur de soi et qui nous relie à la terre et au reste du monde.
On ne peut vouloir être humble, on ne peut que le devenir par la force des choses et des événements de la vie.

L’humilité est très simple, très zen.

Qu’acceptation de ce qui est, tel que c’est comme nous le rappelle si bien notre classique prière de la sérénité.
Mon Dieu donne-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne puis changer,
le courage de changer les choses que je peux
et la sagesse d’en connaître la différence.
Acception, courage, changement, sagesse et discernement.
L’humilité est inévitablement discrète, elle s’ignore elle-même. L’humilité aime l’ombre, elle se terre sous terre, elle prend place à l’arrière scène.

L’humilité est un processus qui s’acquiert parfois, souvent, à la dure.
De fait, l’humilité n’est en quelque sorte souvent rien d’autre que la disparition et la perte de notre arrogance, cette arrogance et cette détermination qui nous servent si bien à nous construire en ce bas monde, à faire notre place dans la société, notamment dans la première moitié de notre existence. Car avec le temps qui passe, et notre vitalité qui diminue, l’humilité s’acquiert.
Et vient un temps dans notre vie, avec le temps qui nous passe dessus, qui nous sable et nous polit, où l’on commence à ramollir, à oser se montrer vulnérable, ouvert, faible, ce mot tabou. Alors que faible et fiable sont de proches cousins, et faible est un bien fort joli mot. Comme la grandeur qui inclut inévitablement la petitesse.

L’humilité comme racine de la grandeur humaine.
L’humilité c’est se tenir droit devant la mort, celles de nos proches qui nous pétrissent le coeur, comme de la nôtre qui viendra nous prendre au juste moment. L’humilité c’est regarder sa propre disparition en pleine face et avoir foi et confiance que ce que nous sommes profondément ne peut pas mourir.
Ainsi, laissons la vie nous polir, nous policer, nous montrer nos limites, notre grandeur comme notre petitesse. Notre orgueuil comme notre politesse. Et faisons confiance que tout ce qui est est juste et bon, et que l’on ne peut partir que de ce qui est pour aller vers ce qui doit. Car de toute façon, ce qui est n’est que ce qui doit être puisque cela est. Et humbles profondément nous sommes, au-delà de toute prétention et arrogance.
____
L’humilité est le symbole de la Noblesse. – Mestre-Conselheiro Luiz Mendes
____
Seul un changement de la représentation que nous avons de nous-mêmes et du monde – un changement de paradigme – peut nous faire revenir dans le sillon et retrouver le bon sens.
C’est ce que nous enseignent toutes les sagesses et les spiritualités de l’humanité […] soit de se rappeler que le mot humain trouve sa racine dans le latin humus qui veut dire terre, cette terre où nous sommes nés, à laquelle nous appartenons et qui nous constitue.
Cet humus qui est aussi la racine du mot humilité. Il est temps de se rappeler que nous ne sommes vraiment humains que si nous sommes humbles.
– Boris Cyrulnik – Votre cerveau n’a pas fini de vous étonner (2012)