
Cette citation de Rumi me fait penser à ces quelques mots que j’ai bien appréciés de l’ami Adam du village ici qui écrivait la semaine dernière : Le sens est pour moi là où le cœur s’ouvre.
Deux façons de dire la même chose.
Deux façons de dire que ce n’est pas la tête qui doit mener notre vie, même si on est plutôt éduqués, de par notre culture de performance, dans une société d’actuariat, de planification et de prévision, à penser notre chemin, à prévoir et préparer notre demain.
Combien de fois nous sommes-nous fait demander, enfants : que veux-tu faire quand tu vas être grand(e) ?
Dès l’école secondaire, sinon primaire, on demande aux jeunes de choisir leur avenir, de penser leur vie à venir, de préparer leur carrière. Si cela était plus courant jadis, il semble que cette époque soit un peu révolue. Un peu. Car on réalise que l’avenir est imprévisible, imprédictible. On ne peut vivre que maintenant.
Pas rare désormais d’avoir 3-4 carrières au cours de la même vie. Pas rare de fonder quelques familles, ou d’en reconstituer une. Pas rare non plus de voir des gens quitter de bonnes grosses jobs payantes pour partir faire ce qu’ils/elles aiment, ce qui les passionnent, au risque et périls de leur coeur. Et c’est tant mieux. Le coeur peut en prendre.
Car en effet, c’est le coeur qui devrait mener notre vie. Pas que la tête ne serve à rien, toujours utile d’avoir une calculette pas trop loin. Mais elle devrait n’être qu’au service du coeur, et non l’inverse comme c’est trop souvent le cas. Très censé de savoir compter sur son coeur.
Parfois, quand on arrive à ce point où l’on ne sait plus par où avancer, quand on ne sait plus où faire le prochain pas, on ne peut que s’arrêter, faire silence et écouter son coeur. Sous le poupoum poupoum initial de notre pompe biologique, réside une autre dimension. Au-delà, ou au-dessous de ce que l’on entend, et ressent dans un premier temps quand on se branche sur son coeur, résonne une délicate musique, chante et chuchote une petite voix, se cache une douce inspiration logée au plus profond des ramifications intimes de notre coeur.
Mais pour entendre les aspirations profondes de son coeur, il faut s’arrêter assez longtemps, et régulièrement, et écouter, et sentir. Car le coeur est un muscle qui demande du temps et de l’attention. Le coeur est un orgue de barbarie, a grand pipe organ.
Nos petits coeurs individuels battent en choeur au même rythme que le grand coeur du monde, même si chacun(e) a son rythme qui lui est propre. Ces coeurs qui battent à différentes rythmes forment une grande harmonie, l’harmonie des coeurs humains, animaux et végétaux qui règne en cette existence.
Malgré les apparences. Même si on dirait que les coeurs battent en retraite ces temps-ci, même s’ils semblent en chamaille. Au fond, ce ne sont que nos têtes qui s’enfargent dans les fleurs tapies dans le chaos, car les coeurs ne sont qu’un, ne forment qu’un. Un seul coeur humain.
– Grand-mère, la guerre a commencé !
– Mon enfant, la guerre est déjà dans le monde. Et depuis si longtemps. Ce que tu vois aujourd’hui n’est pas le début, mais l’extension de la stupidité humaine.
– N’y a-t-il aucun moyen d’arrêter cette stupidité ?
– On ne peut l’arrêter qu’avec du courage. En regardant à l’intérieur de soi. Il est temps de déposer les armes de la peur, de faire taire les bombes du raisonnement, de lâcher les avions de contrôle. Et de mener la seule bataille qui en vaudrait la peine : celle contre notre propre résistance à la vie !
– Mais grand-mère, il y a des bébés qui meurent, des personnes âgées, des jeunes… que peut-on faire ?
– Demande-toi plutôt ce que tu veux ÊTRE. Et sois l’amour, partout autour de toi. Ce qui signifie suivre son cœur, toujours ! Même si tu es obligé de mettre ta vie sans dessus dessous. C’est avec nos cœurs que nous sommes en guerre depuis toujours, commençons par là et trouvons la paix ! Il est temps d’allumer les candelabres de notre feu intérieur.
– Elena Bernabè via François Thiboutot sur FB
De tout coeur avec toi, brodeur !
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same to you itou
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