Cette année, je reviens du Brésil avec quelques thèmes qui flottent autour de moi et qui m’habitent : humilité, ordinarité, et discernement.

Passer un temps dans un endroit où l’on ne parle pas couramment le langage est toujours en soi une situation qui nous humilise, nous rend humble, nous permet d’apprendre et de ressentir l’humilité. Tout le monde devrait se mettre en telle situation de temps à autres, ça aide à relativiser nos grandes certitudes et à ébranler notre arrogance, si jamais elle voulait s’établir à résidence en soi.

Au fil des jours au cours de notre plus récent passage, mon portugais s’est dérouillé, mais les premiers jours sont toujours ardus quant on ne passe que quelques jours par année dans un pays étranger. Si je peux pratiquement tout lire en portugais avec fluidité, et comprendre 😉 l’écoute du parler à 100 miles à l’heure des Brésiliens entre eux est un tout autre défi, sans parler des divers accents locaux. Mais ça finit par rentrer.

Car au fil du temps, j’ai appris à parler portugais avec les gens. En mimant et en faisant des gestes, en demandant como se disse ? en osant avoir l’air fou, en étudiant beaucoup, en ouvrant mes oreilles pour tenter d’attraper à la volée quelques mots ici et là et refaire des phrases dans ma ptite tête. Bref en étant humble et en voulant être en relation.

Mais j’ai surtout appris le portugais en le chantant, en écoutant et en traduisant les hymnes du Santo Daime, qui sont des prières chantées. Et en osant m’avouer que ma mémoire n’est plus ce qu’elle a déjà été, donc je ne peux jamais dire que je sais. Toujours tout à apprendre, et à ré-apprendre.

L’humilité est le symbole de la noblesse. – Luiz Mendes do Nascimento

D’ailleurs, l’humilité est la plus grande des leçons que me révèle ce chemin du Daime. S’en remettre à plus grand que soi, au mystère. Et garder la foi que nous sommes accompagné(e)s.

Tout un art de demeurer humble tout en gardant son feu, son enthousiasme et en suivant les élans qui nous parcourent. Se tenir droit dans la força, la firmeza, tout en étant à l’écoute des besoins des gens, et en écoutant les voix qui nous parlent parfois. Oui, je sais ça sonne spooky, mais ainsi est-il parfois. À interpréter avec soin.

L’ordinarité, thème autour duquel j’ai déjà écris ici la semaine dernière (https://atisupino.com/2023/02/23/ecouter-en-toute-humanite/) était très présent pour moi aussi tout au long du séjour.

Je voyais les gens présents ici pour la première fois, ouvrir à la beauté des lieux et je reconnaissais la fraîcheur de la découverte initiale, le premier coup de foudre, l’élan d’absolu qui émane quand on découvre quelque chose pour la première fois, quand on retrouve un lien vers plus grand que soi. Souvenir d’éternité.

Mais pour moi cette année, après de multiples passages à notre église mère du Brésil, on pourrait dire que c’était davantage une consolidation qu’une découverte, un ancrage plus qu’une élévation. À faire suivre d’intégration, d’incarnation, d’application concrète dans le quotidien. Marcher sa parole, au jour le jour. Et pas seulement pour les premiers pas. En ne tenant rien pour acquis, car on ne sait jamais vraiment rien, on ne sait jamais rien, vraiment.

Et finalement, le dernier et non le moingre, des thèmes les plus présents pour moi I mean, le plus actuel et sur le dessus de la pile, est le discernement. Quand je m’interroge au sujet d’un mot, je cherche son sens dans les divers dictionnaires pour assouvir ma tête. En vrac, ci-bas :

• faculté de reconnaître distinctement en faisant un effort des sens ou de l’esprit, ou de tous ces éléments conjugués.

• le discernement peut en première approche se rapprocher de l’intuition;

• opération de l’esprit par laquelle on distingue des objets de pensée;

• capacité de l’esprit à juger clairement et sainement des choses

• capacité à apprécier avec justesse et clairvoyance une situation, des faits.

J’aime en particulier la définition qui relie discernement à l’intuition, comme quand on le relie à la clairvoyance d’une situation. Réside en ces mots une sorte de sensibilité, de délicatesse, une capacité d’écoute et de vision de ce qui qui se situe au coeur du monde, des gens comme des situations.

Pour moi, le discernement jusqu’à maintenant et jusqu’à preuve de différent, c’est savoir quoi dire, comment le dire, quand le dire, et même s’il faut le dire. Car parfois toute vérité n’est pas bonne à dire, car peut-être pas tant une vérité après tout. Et nos petites vérités personnelles ne sont peut-être pas les vérités d’autrui. On revient à l’humilité non ?

Discerner, prendre le temps de regarder, de voir, sentir, sans tout de suite agir ni réagir, mais en tentant de répondre le plus possible, avec justesse. Car si la justice est relative, la justesse est absolue. Et elle réside en soi.

Alors lecteur/trice, merci d’être encore ici. Je continue à expérimenter et à apprendre de ces trois grands thèmes du moment et vous en donnerai possiblement des nouvelles un autre tantôt.

Bon printemps naissant.

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Se corriger, c’est corriger le monde entier.
Le soleil est tout simplement brillant. Il ne corrige personne.
Parce qu’il brille, le monde entier est plein de lumière.
Se transformer est un moyen d’éclairer le monde entier.
Voyez-vous vous-même d’abord et ne vous préoccupez pas des habitudes des autres.
~ Ramana Maharshi

On dit qu’on est venu ici pour goûter à l’illusion, puis la transcender.
C’est comme si la conscience, qui est de nature pure, créé un jeu d’imperfection apparente pour avoir l’expérience de tout transcender.
Toute cette vie est un jeu éphémère.
Tout est impermanent, mais divin.
Mais ce que vous êtes est intemporel.
Chacun, une manifestation de l’informe portant un t-shirt appelé le temps.
~ Mooji