EMBRASSER LA MISÈRE DU MONDE

Je ne retrouve plus la source de cette image, si quelqu’un a une idée, merci de me dire.

Plusieurs gros événements dramatiques ces jours-ci un peu partout dans le monde: des guerres, et pas seulement celle en Ukraine, car plusieurs autres, oubliées celles-là, du moins peu médiatisées. Des tremblements de terre dévastateurs, des enfants qui meurent ou qui sont blessés, d’autres qui passent les frontières sans leurs parents, des migrant(e)s sur la route à la recherche d’une terre d’accueil, dont plusieurs qui périssent sur cette quête. Et Haïti, qui n’en finit plus de souffrir.

Ici comme ailleurs, tant de personnes en ce bas monde qui souffrent en ce moment. En ce moment, mais depuis toujours aussi en fait. L’Histoire de l’humanité est une drôle d’histoire, une histoire dure, une histoire de dureté humaine. Tendresse requise.

Beaucoup de souffrances dans le monde en ce moment en effet: devant nos yeux, mais surtout et en particulier celle qui défile devant nos écrans divers. Car dans notre réalité directe et immédiate, probablement pas autant de souffrances que dans nos écrans. Notre monde immédiat est en général plus ordinaire que le monde out there. Quoi que quelques drames sont vécus à l’occasion.

Mais comment vivre en paix, nous, privilégié(e)s du monde, quand tant de gens souffrent, perdent tout, ont si mal ? Quand des régimes politico-religieux tuent leur propre jeunesse, comme en Iran, ou quand des hommes tuent les enfants des autres, comme à Laval.

Comment profiter de notre chance sans nous sentir coupables ? Et jouir de nos privilèges et de notre confort sans devoir trouver toutes sortes de stratégies mentales pour se justifier, ou ne pas trop sentir l’insoutenable.

Comment vivre en paix et satisfait(e) quand tant de gens perdent tout, et ont tout perdu, sauf la vie ?

Certains choisissent de ne plus regarder les nouvelles, de se couper des mauvaises nouvelles du monde. C’est un choix. Que je ne juge pas. J’ose croire que l’on fait tous et toutes du mieux que l’on peut. Mais en même temps impossible de se prémunir contre le malheur, même en se fermant les yeux, ou le coeur. On ne peut que faire avec. Si et quand il frappe, et ou frappera. Dans la vie. Avant la mort.

Personnellement, en bon empath, depuis que je suis tout petit, je ressens et j’ai toujours ressenti la douleur du monde, celle autour de moi comme plus loin. Oui, en effet, ça doit la mienne aussi. La misère et la souffrance du monde sont aussi ma misère, ma souffrance. Pour ça que parfois, j’ai moins envie de sortir dans le grand et vaste monde. Trop poreux, trop affecté par ce qui s’y passe, par la vibe environnante.

Plus que jamais on dirait, on doit apprendre à vivre avec la dureté du monde. Sans la laisser nous submerger, sans la laisser nous étouffer. Mais en la reconnaissant, en l’embrassant sans la laisser nous embraser.

Demeurer allumé, enthousiaste, optimiste, et continuer à sentir ce qui fait mal dans le monde, ce qui fait mal au monde, à notre monde, mon monde, constitue tout un défi. Un fin équilibre. Ne pas se couper de la douleur du monde pour se déculpabiliser, ne pas rationnaliser les injustices pour se justifier.

Choisir la lucidité, demeurer dans la voie du milieu. Il y a pire que soi, il y a mieux aussi. Et chacun(e) doit vivre à fond sa propre réalité car la première qui existe pour soi. Mais en même temps, on doit inclure la réalité du grand et vaste monde dans la nôtre. Car la dualité n’est qu’apparente: moi et le monde, le monde en moi.

Mais comment aider ceux qui ont tout perdu en Turquie et en Syrie ? On peut bien faire un don à la Croix-Rouge, mais encore.

Comment se relier avec les parents qui ont perdu des enfants à Laval ? Car pas notre expérience à nous que la leur.

Mais tout de même. Tout simplement humain de sentir, de ressentir la douleur aigüe qu’ils doivent vivre, les porter en notre coeur, les garder en pensées avec nous. Au moins cela que l’on puisse faire. Et vivre avec une part d’incertitude. Car risqué de vivre.

L’empathie est un défi en ce monde de plus en plus médiatique qui rapporte surtout des mauvaises nouvelles. Avec les diverses menaces qui pointent, qui grondent, qu’elles soient politiques, économiques ou climatiques.

Tout de même important et inévitable de savoir ce qui se passe dans le monde, notre monde, de savoir que des gens sont frappés par diverses catastrophes. Et en même se sentir impuissant(e)s, incapables d’aider plus que notre infime et petite part.

Se sentir concerné(e)s et lié(e)s, sans se sentir coupables ni responsables du malheur d’autrui. Et voir comment on peut contribuer à notre petite échelle. Tout en demeurant conscient(e) que le malheur menace de nous frapper nous aussi à tout moment. La terre peut trembler tout à coup sous nos propres pieds.

Alors profitons de notre immense chance pendant qu’elle passe, pendant que tout va relativement bien, tout en restant perméable à ce qui se vit autour de soi, dans le monde, car ceci est notre monde, et ce monde est composé de nos frères, nos soeurs, nos enfants et nos parents. Uni(e)s en ce monde, au-delà du slogan, au-delà du concept, au-delà des mots.

On peut bien tenter de se couper du monde pour ne pas trop ressentir, pour ne pas trop souffrir soi-même de la misère humaine environnante, mais c’est un simple constat que le monde souffre, le monde a mal et est inquiet en ce moment. Sans tout prendre sur ses épaules, ayons tout de même la lucidité de la sentir cette misère, cette souffrance. Car elle est nôtre aussi. Qu’un léger tremblement de la terre sous nos pieds nous sépare de la perte.

Et avant de vouloir être un Dieu ou une Déesse, soyons tout simplement un être humain, dans toute notre humanité. Avec nos désirs et nos espérances, mais aussi avec notre vulnérabilité et nos peurs.

Un être humain, dansant entre espoir et désespoir. Quelque part juste ici, au coeur de notre coeur humain. Le seul et même coeur qui soit. Un seul coeur humain. Ici au coeur de soi, au coeur du monde.

Et oser demander de l’aide. À plus Grand que soi. Car plus Grand que soi la Vie.

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