
Souvent, on pense que méditer nous propulse immédiatement et directement dans le calme et dans la paix universelle transcendante. Si en effet, ça peut en faire partie, s’il nous arrive d’expérimenter des poches de silence intérieur, il y a surtout beaucoup de vagabondage et d’égarement dans le flot incessant de nos pensées vicieuses – comme dans cercle – quand on prend le temps de s’assoir pour arrêter et observer, pour s’observer et se sentir. La pensée circulaire se trouve sur le top de la pile.
Ces temps-ci, on parle beaucoup de méditation pleine conscience. Si je comprends l’intention du terme, il me semble aussi un peu prétentieux de prétendre expérimenter la pleine conscience. Si vaste l’univers, si profond l’inconscient. Allez voir les photos de James Webb. Pleine Conscience ? Bon voyage.
Après 40 ans de pratique, moi c’est encore et surtout la pas mal pleine inconscience que j’expérimente quand je m’assois pour méditer la plupart du temps. Je prends surtout conscience de tous mes égarements mentaux, je vois mon mental filer à 100 miles à l’heure dans toutes les directions et dans divers multi et uni vers, and back, quand je suis le moindrement alerte. Car là réside le truc, se voir se perdre. Et se pogner, puis revenir. À sa respiration. Au moment.
Voir ses pensées, partir en galère avec elles, pendant qu’on sent et ressent simultanément les diverses sensations et courants d’énergie qui traversent le corps, et la tête, et le monde entier, tout en continuant à respirer, et revenir à sa respiration, juste ici, au bout de son nez. Et ralentir, lentement mais sûrement. Tout simplement. Pas de grandes réalisations, pas de visions de Dieu et de sa cour céleste. Le calme plat. Ah this !
La méditation est une pratique. La méditation n’est pas l’aboutissement de rien, elle est le chemin. Ce n’est pas tant non plus un état permanent, encore moins un but ni une destination. Méditer est une décision, une intention, une volonté d’arrêter pour simplement être présent à soi, avec tout ce qui montera. Et beaucoup de stock montera, garanti. La cave est pleine.
Ce n’est pas nécessairement la paix qui se trouve sur le dessus de la pile. Méditer c’est surtout laisser défiler lentement et calmement le trop plein du mental, l’overflow de ses pensées, qui ne sont pas nôtres anyway. Et simplement observer le processus. En acceptant tout ce qui se présentera sur l’écran du mental. De toute façon, la roue tourne pas mal toujours dans les mêmes sphères et on patauge pas mal dans les mêmes eaux souterraines.
On vise les cieux mais il faut surtout accepter qu’on explorera tout d’abord nos fonds sous-marins internes avant de prendre de l’altitude. Là qu’est notre ancrage. Car il faut oser jeter l’ancre en soi.
Et bien sûr qu’il n’est pas absolument nécessaire de tout arrêter pour méditer, bien sûr qu’on peut être dans l’action consciente. Mais pas nécessairement au début. Pas toujours. La méditation est un art et comme tout art, elle requiert temps, pratique et alignement. Et de nombreux essais-erreurs, ou plutôt égarements-retours à soi.
Si on veut atteindre le silence, on doit faire un effort pour placer la méditation au centre de notre vie. Et y accorder temps et énergie. No free lunch, pas de béatitude gratuite pour les apprenti(e)s moines, aho ! On doit préparer le terrain et ajuster son appareil.

Ils sont plusieurs à aimer dénigrer la prière et à lui opposer la méditation. Mais il est tout à fait possible de prier en silence, car qui a dit que prier implique nécessairement l’acte de parler ? On peut simplement s’assoir et laisser la parole intérieure – et automatique et compulsive – se tarir lentement et calmement. Bien qu’elle tentera de nous séduire maintes et maintes fois. La prière peut simplement consister à arrêter de courir pour apprécier sa reconnaissance. Pas une shopping list à Dieu la prière.
Et quiconque s’est déjà assis en silence sait qu’avant d’entendre l’univers, il faut écouter, et écouter n’est pas entendre. On devra tout d’abord passer dans les bruits de notre mental, dans sa cacophonie, dans ses multiples dédales. Beaucoup de patience est requise pour entendre l’univers. Beaucoup de bruit auto-généré en nous que nous devrons laisser se taire, s’épuiser, ralentir jusqu’à silence. Ce bruit qui puise racine dans nos conditionnements, dans tout les stimuli qui nous arrivent via les multiples écrans qui meublent nos vies modernes.
En ce sens, la nature constitue la salle de classe idéale pour la pratique de la méditation. Elle nous aide à plonger dans le silence, nous, êtres sur-stimulés à la recherche constante de la prochaine information divertissante. Et le flot, comme les sources d’information, sont désormais multiples et sans cesse défilantes.
Watch and scroll a remplacé le rock n roll. Rave cathodique et raz de marée.
La méditation implique de ne rien faire, sauf que ce rien faire est la plus grande action artistique qui soit, la plus grande expertise de présence de l’être humain. Se laisser tout simplement traverser par la vie. Sans but autre que de vivre, tout simplement, sans vouloir trouver quoi que ce soit. Simplement aimer se chercher. Pour se re trouver.
Devenir un(e) grand(e) méditant(e) ?

Une pratique sans début, ni fin la méditation. Une respiration, un moment à la fois, chaque moment dans la foi. Sans attente aucune. Même celle de ne pas avoir d’attentes. Bon chance !
Et simplement inviter le silence à nous éplucher, tel l’oignon, jusqu’au centre de notre être. Et rester, présent(e), immobile, tout simplement, à voir défiler toutes nos ptites vues. Quelques films d’horreur in there.

Méditer ? Welcome dans l’éternité du moment.
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Beau texte rempli de petits rien qui font du bien.
Merci de nous partager tes réflexions bienveillantes
pour les petits humains que nous sommes.
C’est bon de faire parti du club du Grand Rien…
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