
Jour 2 d’un jeûne de 3.
Un moment à la fois, le foie se nettoie, la foi se raffermit.
Moment, instant, deux mots pour nommer cette même parenthèse existentielle qui glisse brièvement entre ce qui est déjà passé et ce qui n’est pas encore arrivé.
Une intervalle, un souffle de vie, une bribe de conscience. Que la vie qui nous passe dessus et dedans, la vie qui passe et nous dépasse tant le mystère est vaste. La vie qui prend place en dépit de nous, au delà de soi.
La citation de Boris Vian ci-haut est riche de sens.
Soit tout se passe en ce moment précis et qu’en lui. Moment, qui, lui-même, ne fait que passer et repasser. Et dont toute notre vie dépend, sur lequel tout le reste de cette vie repose. Et en même temps, qu’un moment qui passe. Déjà passé. Ni plus ni moins important que le précédent ni le suivant, que le même moment en fait qui s’étire tout le temps.
Soit tout se passe en ce moment, soit dans le suivant. Ou dans l’autre. Et encore et encore. Alors que nous faisons du mieux que nous pouvons. Au meilleur de notre connaissance et de notre expérience. Essais mais jamais d’erreurs.
Car cette vie n’est qu’une suite de moments qui filent, moments prenant place l’un à la suite de l’autre et en même temps, peut-être qu’un seul même et grand moment en re création constante.
Mais qu’est-ce qui distingue un moment réussi d’un moment raté ? Est-il possible de rater un moment si tout ce qui se déroule est toujours parfait ? Car seules même nos prétendues erreurs peuvent nous permettre d’apprendre dans bien des cas.
La vie ne peut se découper, ni en instant, ni en moment, car qu’une seule et même vague indécoupable et inséparable.
La seule mesure du temps ne peut peut-être que se mesurer en souffle. Une inspiration à la fois. Suivie par un expire. Et encore peut-être plus importantes : les intervalles entre les deux. Sans cesse, sans fin, du moins avant la mort, une suite d’inspirations avant l’expiration finale. Du corps. Seulement du corps. Car l’âme doit bien lui survivre.
Mais peut-être aussi en battements de coeur la mesure de la vie qui passe, poupoum poupoum à l’infini. Jusqu’au trépas du corps.
Ainsi, la vie ne serait que souffle et battements.
Agrémentés des pensées qui visitent notre mental en boucle, et des sensations et émotions qui animent le corps. Sans parler des multiples activités bio-organiques qui prennent place en arrière-plan.
Aussi simple que ça la vie. En ce moment du moins. Pour un instant. Et le suivant, Et le suivant…
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Gardez ça simple.
Tout se résume à ceci : Arrêtez de penser que vous avez le temps, que vous pouvez en quelque sorte le remettre à plus tard. Ce moment est tout. C’est tout.
Être éveillé(e) – (illuminé(e) – c’est être inconditionnellement intime avec ce moment.
Il n’y a pas d’autre moment où lieu pour vous donner, totalement, à tout ce qui est.
Tout le reste concernant les expériences spirituelles et la transformation n’est que mémoire, spéculation et fantasme, n’est-ce pas ? »
–Scott Morrison,
There Is Only Now & Open and Innocent: The Gentle, Passionate Art of Not-Knowing
– via Joan Tollifson sur FB – traduction maison