
Ah ben, quelle maudite bonne nouvelle !
On aime shower off. Comme des ptits enfants qui montrent à leurs parents leurs beaux ptits cadeaux.
Oh je n’accuse personne, je suis le premier à souffrir de cette showing-off-itude. Rares sont ceux et celles qui y échappent complètement d’ailleurs dorénavant.
On montre ce que l’on mange – alors que tant parmi ne mangent même pas à leur faim.
On partage nos photos de vacances dans le sud – pendant que la planète suffoque et crève.
On expose nos richesses – en ces temps difficiles pour une partie grandissante de la population.
C’est qu’on vit de plus en plus en partie pour soi seulement, mais de plus en plus aussi pour les autres, par et dans le regard d’autrui, dans l’oeil public. Petit moi de plus en plus impudique. Comme si on s’était vidé de soi-même.
Je suis Dieu wow ! écrivait Lise Bourbeau jadis. Et maintenant, on doit le montrer au monde entier. Regardez-Moi ! J’existe ! Me me me, doré me ! Fa si la se montrer la binette à la planète. Et pour certain.e.s. c’est même pas mal plus que la binette.
On vit désormais dans les yeux d’autrui, on existe par et pour les autres. On veut être vu, lu et entendu. On veut être connu, et reconnu. Ben non, je sais pas tous ni toutes, mais un maudite gang.
Regardez gang, j’ai testé positif au bonheur. Maudite bonne nouvelle.
Avec la mode des réseaux, on s’est mis à vivre maladivement par en dehors de soi.
Le terme extase signifie justement un état hors de soi. Signifiant originalement un état mystique privilégié où l’âme s’unit directement à Dieu, les réseaux nous ont carrément sortis de nous-même, ils nous ont extirpé de soi. Et le regard Dieu s’est transformé en click baits et en likes. Je suis vu.e donc j’existe. Emojis priez-pour nous.
Les églises se sont transmutés en écrans cathodiques.
Et dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche.
– Jacques Prévert
Notre présence, pour exister, doit se manifester dans l’oeil public, dans le regard de masse. Sinon on n’existe pas, sinon on n’existe plus.
La machine égorythmique s’est lâchée lousse. Alter algo. Crise d’Octobre techno.
La maudite machine
Qui t’a avalé
A’ marche en câline
Faudrait la casser
Faudrait la casser
On nous demande notre opinion à propos de tout, mais surtout à propos de rien, et de n’importe quoi. Qu’en pensez-vous ? Comme dirait quelqu’un que je connais : On s’en fous-tu !
On peut désormais poster nos opinions et nos commentaires à propos de tout, sans rien en connaître, et ce sont même des machines qui nous répondent désormais d’un peu partout dans le monde pour nous invectiver. On n’arrête pas le progrès.
Big brother is watching. Et de plus en plus, on lui fournit nous-même le diaporama.
En fait, les réseaux sont devenus un nouveau monde, le nouveau continent, terra incognita. Par là que nous interagissons le plus souvent désormais, par là que nous existons dorénavant. Le monde vit et se déroule de plus en plus par écrans interposés, dans nos écrans ça a l’air. Jeu de mots pour mon anandbropro des mots nonos.
Faudrait peut-être juste décrocher un peu, parfois du moins. Retrouver le vrai monde. Celui qui se touche, celui nous touche. Car on vit dans l’espace public, mais chacun.e à partir de chez-soi. Séparés de la réalité naturelle.
Et si on renaturalisait notre intelligence ? Si on revenait à nos sens ? à nos sensations ? Si on retournait en dedans pour toucher le dehors à partir du dedans ?
Si on fermait nos yeux aussi et qu’on décrochait un peu ?
Si on s’écoutait respirer.?
Probablement qu’on irait mieux. Car le vrai réseau social réside en nous.
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Au cœur de notre être réside un calme, un espace, une ouverture qui embrassent toute chose dans sa plénitude et avec un amour inconditionnel.
Dans cette présence ouverte et consciente, coexistent un potentiel infini et une compassion profonde pour chaque chose telle qu’elle est.
Il n’y a ni séparation, ni division, ni intérieur, ni extérieur, ni autre.
Cet instant unique et infini se métamorphose sans cesse, sans jamais s’éloigner de l’immédiateté de l’ici et maintenant.
La pensée divise, étiquette, catégorise, interprète et semble concrétiser le flux insaisissable et insaisissable de l’expérience, créant une sorte de réalité virtuelle composée d’éléments apparemment solides, séparés, indépendants et persistants.
Or, il se peut que l’on découvre que toutes les choses apparemment formées, y compris les êtres humains, sont comme les vagues de l’océan : des mouvements incessants et indissociables d’un tout indivisible.
Lorsque nous sommes hypnotisés par l’illusion d’être insignifiants et séparés du reste du vivant, des sentiments de manque, d’anxiété et d’insatisfaction s’installent inévitablement.
Nous recherchons la certitude, un point d’ancrage.
Mais en ne s’accrochant à rien, on accède à une immense ouverture et à une liberté absolue.
Ce qui est proposé ici invite à l’exploration directe et à la découverte par l’expérience, non à la croyance ou au dogme.
Il n’y a ni but, ni formule, ni méthode, ni destination, seulement cet instant infini et cette vitalité toujours renouvelée.
– Joan Tollifson
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Parfois, j’imagine que je suis déjà mort, mais qu’on m’a permis de revenir pour quelques jours de plus.
Non pas pour accomplir quoi que ce soit, juste pour me souvenir et ressentir ce que signifie être humain, pour vivre pleinement le temps qui m’est imparti.
Sortir les poubelles.
Ramasser les jouets de ma fille éparpillés par terre.
Faire la queue au supermarché.
Payer les factures.
Être coincé dans les embouteillages.
Prendre le thé avec un ami.
Quand je vois les choses ainsi, rien ne me paraît insignifiant.
Les routines.
Le désordre.
La chaleur d’une main.
Les petites déceptions et les joies du quotidien.
Le simple fait de pouvoir réessayer.
La chance d’aimer, d’échouer, d’aimer plus profondément et de créer un joyeux désordre.
Cela me rappelle combien il est précieux d’être là.
De respirer.
De prendre soin des autres.
De voir les gens que j’aime évoluer dans cette vie ordinaire.
Peut-être que Dieu ne nous a jamais abandonnés.
– Jeff Foster

J’ai le souvenir d’un long séjour en Indes où sur la porte de ma chambre il y avait une citation de Osho :
When there is a turmoil , there is a place within , that is eternally still.
Un endroit où il n’y a qu’unité où on est à la maison.
Merci.
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