NI DEDANS NI DEHORS

Aller vers l’intérieur vous mènera vers l’extérieur. – Bashar

On sépare habituellement le monde en un petit dedans et un immense dehors.

Tout ce qui se retrouve contenu à l’intérieur de notre peau et de notre psyché constitue le moi, le je, petit moi.

Alors que tout ce qui se trouve hors peau et hors psyché, soit le reste de la création comme tous les autres êtres humains, serait étranger à soi-même. Le grand Tout.

Et un des buts du grand jeu humain serait d’améliorer le petit moi et, si possible, éventuellement, de le relier au grand tout, de se recadrer dedans pour redevenir plus grand que petit moi. Grosse job de finition infinie.

Si souvent, on pense que ce que l’on veut trouver va arriver vers nous de l’extérieur, pour ça qu’on cherche par là-bas. Mais si vaste est le monde. Et si nombreux les détours. Comme les possibilités de se perdre.

On pense que la porte vers ce que l’on recherche tant dans la vie ouvre par en dehors. Alors on ouvre les yeux, on regarde dehors, on pousse, on sort de soi – extasie – on court partout, on s’éparpille, et, souvent, on se perd.

Alors qu’en fait, pour entamer le vrai travail de recherche, on n’a qu’à fermer les yeux, respirer et être patient.e. Très patient.e.

Et ça va finir par nous trouver. Éventuellement.

Car on dit aussi que ce que l’on cherche nous cherche aussi. Que c’est toujours ici. Maintenant.

Mais nous sommes si occupé.e.s à courir comme une poule pas de tête que ce qui nous cherche ne peut jamais nous trouver, car on est toujours parti.e. ailleurs, un peu plus loin, un peu plus tard. Toujours un pas en avant de nous-même. Alors la course folle se poursuit. Jusqu’à la mort, qui, elle aussi, se poursuit, maintenant, jusqu’ici.

Entre-temps, on se prend pour quelqu’un qui pense s’en aller quelque part.

Certain.e.s veulent connecter avec l’au-delà, l’Astral, poussant la porte et se mettant à chercher vers l’extérieur, s’ouvrant à tous vents, attendant le visiteur venu d’ailleurs qui apportera la bonne nouvelle, la lumière venue d’ailleurs, ou le prophète.

D’autres tirent la porte vers l’intérieur et deviennent l’hôte de cet invité qui se cachait dejà chez-soi, en soi.

On dit que Dieu, sachant que les humain.e.s chercheraient par en dehors pour la clé du grand secret, il l’aurait caché en notre coeur.

Bonne chasse au trésor.

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Travail sur un personnage absent
Le dilemme le plus courant que les gens me confient est celui de se sentir « coupé » de l’infini.
Ils trouvent cela particulièrement douloureux s’ils ont eu des expériences claires de l’immensité, puis qu’ils ont l’impression que celle-ci a disparu.
Ils cherchent à savoir comment rester en contact permanent avec l’infini.
Cette question même repose sur deux hypothèses implicites qui se font passer pour la vérité :
1- qu’il existe un « je » coupé de l’infini qui pourrait « s’appliquer » à se reconnecter s’il possédait la technique adéquate
2- que l’infini est parti quelque part.

Ce sont d’excellents exemples de la façon dont les idées se font passer pour la vérité.
En réalité, aucun « je » individuel ne peut trouver comment retrouver l’infini.
Plus important encore, où irait l’infini ?
Je veux dire, il ne s’agit pas de quelque chose qui pourrait se cacher sous un tapis.
Si vous pouviez voir les choses telles qu’elles sont, vous verriez que le « vous » qui voit est l’immensité elle-même.
Le « travail sur le caractère » prescrit par la psychothérapie, ainsi que par certaines traditions spirituelles, dont le bouddhisme, conduit à un piège similaire, celui de ne pas voir les choses telles qu’elles sont.
Une détente de l’être s’installe naturellement si l’on ne se laisse pas séduire par l’idée qu’il existe une vérité.
Cette détente est contraire au « travail sur le caractère », avec sa position claire sur ce que nous serions si l’on travaillait sur nos caractères.
Lorsque nous frappons à la porte du « travail sur le caractère », nous sommes invités dans le labyrinthe du futur.
Il est intrinsèquement impossible d’atteindre un objectif fondé sur un « je » qui nous y mènerait.
Le travail sur le caractère repose sur la même croyance erronée selon laquelle il existe un individu qui mène la vie et peut s’entraîner à devenir un meilleur « moi ».

La confusion humaine naît de l’identification aux limites d’une prétendue personnalité – une entité apparente que nous appelons « moi ».
Comme les murs d’une pièce, ces limites semblent solides et déterminantes.
Pourtant, nous avons tendance à négliger l’évidence : l’existence même de la pièce dépend du vide entre les murs.
Sans ce vide, il n’y aurait pas d’espace pour vivre, bouger, ni même être.
Un jour, ces murs – les formes, les histoires, les définitions de soi – s’effondreront.

Ce qui reste n’est pas une perte, mais ce qui n’a jamais été perdu : le vide ouvert, infini et vivant qui souffle à travers tout.
De ce point de vue, toutes les divisions entre « intérieur » et « extérieur », « moi » et « pas moi » se dissolvent comme des inventions de la pensée.
Déconnecter son sentiment d’identité de ces murs personnifiés d’un soi fantomatique n’est pas l’annihilation, mais la liberté – un retour à ce qui est toujours : une Présence altruiste, insaisissable et sans nom.


– Suzanne Segal. Collision avec l’infini : une vie au-delà du Soi personnel. New Sarum Press.

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