BABINES SPIRITUELLES ET BOTTINES MATÉRIELLES

La souffrance du monde entier va s’emparer de nos coeurs et les briser pour que nous ne puissions plus les garder fermés. Nous en avons trop vu désormais. Jusqu’à un certain point, nous sommes prêts à payer le prix de la compassion avec laquelle vient la joie de chaque geste bienveillant. De cet élan résulte l’honneur de participer à un processus généreux qui nous permet de s’élever à chaque jour et de faire ce que doit. Avec ça vient la simple grâce singulière d’être un instrument de l’amour, peu importe la forme, et peu importe la fin. – Ram Dass

Leur élan de générosité est l’une des choses que j’ai toujours appréciée, autant de Ram Dass que de Krishna Dass. Leur gourou, Neem Karoli Baba – leur Maharaj;ji – leur avait donné comme mission, à leur retour en Occident, de s’engager dans la réalisation de bonnes actions, bonum factum.

Car si les bonnes paroles bene dictions – sont en soi bénéfiques et nécessaires, elles doivent se matérialiser par des actions aussi bonnes. Sinon elles resteront lettres mortes, paroles en l’air, mots vides de sens.

Car on n’enseigne jamais seulement qui nous sommes, par ce que l’on fait, et comment on le fait. Nos gestes sont notre feuille de route, notre carte de faire.

Si nos paroles ne sont pas soutenues par des actions concrètes et des gestes de manifestation qui leur correspondent, nos paroles ne seront que babillages et beaux discours. Comme on dit en langage populaire, nos bottines doivent suivre nos babines.

Et si on veut faire le bien, on doit le faire à partir d’un endroit pur et détaché. La charité doit être une free game. On ne peut vouloir aider son prochain ou sa prochaine pour en retirer quelque chose en retour. On doit bien porter attention à l’égo qui veut se gaver de faisage de bien.

La bonté ne peut que couler de soi, que couler de source, de la source. On ne donne rien soi-même de toute façon car tout nous est seulement prêté. Pas de photos, pas de démonstrations. Que des petits gestes discrets, pour le simple plaisir d’aider, de rendre service. Un certain dicton dit que l’on doit aider autrui comme si personne ne nous observait. Personne à part soi-même.

Vient un point dans notre vie, lorsque la gratitude est incarnée, qu’on réalise que l’on reçoit tant qu’on ne peut que redonner en retour, on ne peut que passer au prochain.e. Par pure empathie et compassion. En aidant de la façon dont on apprécie soi-même être aidé.e. quand on en a besoin. Offrir de l’aide, et en accepter aussi. Car si on ne fiat que donner, on risque de se placer en position d’autorité.

Le but final de toute démarche spirituelle ne me semble que pouvoir et devoir viser à contribuer à faire de ce monde, notre monde, un monde meilleur. Un monde plus juste, un monde plus équitable pour tous et toutes.

Car si on considère être tous et toutes un, une, comment vivre autrement ?

Comment puis-je être satisfait.e d’être aussi choyé quand l’autre ne mange pas et n’a pas le simple minimum ?

Avec l’avènement d’une spiritualité grand public, d’une culture de croissance personnelle, on voit beaucoup d’ornement d’égo et de pétage de bretelles ésotériques dont nous sommes tous et toutes sujets à souffrir.

Mais si le fait de devenir religieux.se nous rend critique, hautain.e, acerbe et médisant.e, on doit vérifier si on idolâtre Dieu ou son égo.

Moins évident de travailler à devenir rien de particulier, ni personne de spécial. À simplement s’effacer devant la vie et ses multiples manifestations.

Selon Krishnamurti, il est formidable d’accepter que nous ne sommes rien, nous savons alors ce que signifie aimer.

L’état du monde actuel ne peut faire autrement que de nous briser le coeur. Si on s’ouvre au monde, on ne peut que ressentir la misère du monde. Comme sa beauté crue.

Même si nous ne sommes pas encore rien, on peut continuer d’y travailler. Le sablage du petit morceau de bois qui sait bien qu’il finira poussière, que poussière.

À chaque pas, à chaque jour. Humblement et simplement. Le coeur brisé, joyeux, et grand ouvert.

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et classique petit bijou au sujet du précieux d’un coeur brisé…

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et pour s’inspirer, la prière de St-François d’Assise

Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l’amour.
Là où est l’offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l’union.
Là où est l’erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler,
à être compris qu’à comprendre,
à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,
c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,
c’est en pardonnant qu’on est pardonné,
c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie.

2 réflexions au sujet de « BABINES SPIRITUELLES ET BOTTINES MATÉRIELLES »

  1. Avatar de Joao (Ravi)Joao (Ravi)

    le fait d’être informé en direct et presqu’instantané de ce qui se passe sur la planète , éveille en continu toute la gamme de mes émotions enfouie, à fleur de peau, caché dans mes tréfonds sous bassement que je ne me connaissais pas ….. mon défi maintenant est de demeurer alerte, de faire du pouce avec ce que je peux «gérer», ventiler (pour moi c’est de rouler en vélo dans les bois), m’appuyer sur plus grand que moi, me nourrir du «beau», comme les sourires de mon arrière petite fille, de voir de papas jouer avec leurs enfants, d’entendre le chant de oiseaux le matin au lever du soleil…

    …j’essaie de ne pas juger… ; je réussi à me prendre sur le fait assez régulièrement…. je me parle, mais ne suis pas déconnecté, c’est plutôt le contraire

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