DÉCROISSANCE PERSONNELLE

Défauts et qualités, comme si ces deux choses existaient pour vrai et, en plus, auraient tendance à s’opposer. Alors que ce ne sont que deux facettes de notre être, de notre humble humanité.

On pourrait aussi affirmer qu’il n’y a pas de défauts comme tels, qu’il n’y a que des leçons à apprendre, que des côtés de soi à raffiner, que des facettes à polir.

Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de ce faux soi. Car lorsqu’on nait, ne nait-on pas complet/ète et parfait.e ?

Si on veut absolument dualiser, on pourrait dire qu’il y a d’un côté notre égo, notre personnalité, ce ramassis de traits que l’on pense devoir être et1/ou acquérir, ce qu’on aimerait que les autres perçoivent de nous.

Et, d’autre part, notre être véritable, qui nous sommes fondamentalement sous nos multiples couches de paraître, ce qui se trouve de l’autre côté de l’écran social, ce que l’on voit dans le miroir au coucher, ou lorsque nous sommes malades. Le moi que nous connaissons de plus en plus au fur et à mesure que les années passent et qu’on se découvre, qu’on se connait. Dans la mesure où on le peut, où on le veut.

L’égo (la personnalité) veut être parfaite. Il n’est pas concerné par l’authenticité ni par la vérité; il ne veut qu’être présentable. D’autre part, l’âme veut être authentique, même cela s’accompagne de ne pas être compris par les autres. C’est ainsi que l’égo vit pour sa propre image alors que l’âme vit pour son expression.Osez être une vraie dans un monde faux.

Depuis que l’on vit davantage par et via les écrans, le paraître a pris plus d’importance que jamais auparavant. Regardez-moi !

Certain.e.s. visent la croissance personnelle, mais peut-être qu’on devrait surtout apprendre à décroître, à s’éplucher, à ratatiner pour revenir à notre essence. Plutôt que d’ajouter quoi que ce soit, on devrait plutôt retirer les couches de faux.

La première couche est ce à quoi on ressemble, ou ce à quoi on pense ressembler plutôt, ce que l’on veut laisser paraître de soi. Ce que l’on pense que les autres vont voir de nous. Alors qu’ils/elles ne peuvent que voir ce qu’ils/elles peuvent voir. Car on dit qu’on ne voit et perçoit toujours que soi-même au fond, même quand on regarde en dehors de soi. On vit plein nos yeux.

Ensuite, il y a nos pensées, nos émotions, nos sensations et nos perceptions, ce qui se passe en nous. Et si on continue à creuser en soi, à descendre, à fouiller, il y a notre coeur qui bat, là où se cache notre âme, cette petite graine de vie qui fut plantée en notre corps dès notre naissance et que l’on porte avec soi toute notre vie durant.

J’aime bien d’ailleurs cette histoire qui raconte que la clé de la vérité et du bonheur aurait été cachée dans le coeur des gens de bonne volonté alors que la plupart d’entre nous s’évertuons à chercher sans cesse à l’extérieur. On doit apprendre à fermer nos yeux éventuellement et à chercher par en dedans.

Mais ça prend du temps pour réaliser ce grand retour à soi car lorsqu’on est jeune, on doit faire sa place dans le monde, certain.e.s voulant même aller jusqu’à le conquérir. On commence par vivre par en dehors de soi. Et avec le temps, et souvent avec les prétendus échecs qui sont souvent les plus grandes leçons de vie, on apprend à revenir à l’essentiel. On commence le chemin à rebours.

Et avec le corps qui ralentit, et les années qui nous polissent graduellement, on finit par réaliser que le plus important dans la vie n’est pas ce que l,On a acquis ni ce que l’on semble être, tout ça qui change sans cesse anyway et qui finit par passer, mais ce que l’on est au coeur de soi, comme ce que l’on porte en son coeur et son âme, ce avec quoi l’on s’en retournera d’où l’on vient.

Car ici, on ne fait que passer. Passe le temps sur soi.

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On ne pratique pas la méditation et on ne fait pas de retraite pour se prouver quelque chose, ni aux autres.
On ne le fait pas pour montrer son engagement ou son côté macho.
Certaines personnes sont très fières de toutes les retraites qu’elles pratiquent : « J’ai fait une retraite de dix jours !» « Ce n’est rien. J’ai fait trois mois.» « J’ai fait une année entière !» « J’ai fait quatre ans !»
Et alors ?
Finalement, nous sommes seuls avec l’écho de notre solitude, nous ne pouvons donc vraiment impressionner personne.
Vous pouvez raconter vos efforts et vos réussites, mais personne n’est vraiment impressionné.
Votre magnifique récit n’en est pas moins une expression de solitude.
Comprendre la solitude comme le fondement de la pratique solitaire est extrêmement important.
Vous êtes seul et isolé, et vous ne pouvez pas échapper à cette situation.

~ Chogyam Trungpa

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C’est la seule solution, vraiment la seule, Klaas, je ne vois pas d’autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu’il croit devoir anéantir chez les autres.
Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu’il n’est déjà.

– Etty Hillesum, 1943, Camp de Westerbork

2 réflexions au sujet de « DÉCROISSANCE PERSONNELLE »

    1. Avatar de AnandgyanAnandgyan

      Connais toi toi-même et tu connaitras l’univers et les dieux…

      C’est pas moi qu’il l’a dit mais je l’ai entendu; ça revient ô silence……..

      Check pas les autres mais bien l’introversion et note à quel point……..

      Nous sommes seuls ensemble….

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