TACT TACT TACT

Dans la vie, il y a ce que l’on veut dire, et il y a la façon dont on le dit.

Et il y a aussi, et beaucoup, tout ce que l’on ne dit pas. Aux autres comme à soi-même.

Si on veut que notre message passe, on doit le poudrer, l’enrober, on doit le rendre recevable et digestible. Il faut le dire pour qu’il soit reçu sinon what’s the point ?

Il faut parler sur le bout des fesses des mots, sur la face douce de la lune.

Mais on peut aussi se demander quelle est l’importance de ce que l’on a à dire. Avant de le dire surtout. Et les brancher au coeur nos mots.

Est-il si important de le dire ? Tout haut ? Ou de l’écrire at large ?

Prenez le mien, mon message. Je ne sais même pas ce que j’ai à dire.

Et pourtant. Je me fais aller le clapet à tour d’écran et de clavier depuis 13 ans day in day out, des milliers de chroniques, des millions de mots.

Est-ce que je pense que ça change quelque chose ? Pas vraiment.

Je le dis surtout parce que c’est plus fort que moi, je le dis pour le dire, pour pas que ça me reste pris dans la gorge. Ou pire, le coeur.

Que quelqu’un lise ou pas m’importe peu. En fait, c’est faux, ça m’importe quand même un peu. Mais pas beaucoup. Sinon je ne publierais pas du tout, je conserverais mes mots dans ma caboche, ou dans mon journal intime comme le faisaient jadis les jeunes filles. Barré à clé en plus, très important 😉

Il y a des choses que l’on voudrait dire à certaines personnes mais qu’on ne dit pas, qu’on n’ose pas dire. Par peur de blesser, par peur de brusquer, par peur de déranger. Ou simplement par peur de dire. Tout court.

Est-ce que toute chose est bonne à dire ? Je ne sais pas.

Est-ce que toute chose doit être dite ? Sûrement pas, car déjà beaucoup de bla bla public et impudique sur la terre et ça ne va pas nécessairement mieux qu’avant.

Car le monde est à l’argent alors que le silence est d’or.

Il existe une expression qui veut que toute chose ne soit pas bonne à dire.

Mais d’autre part, certaines choses sont tues, d’autres sont dites, et d’autres doivent être dites mais ne le sont pas. La nuance est de bien en soupeser la différence j’imagine. Et de savoir comment dire ce qui doit être dit. Et quand, car tout est dans le timing parait.

Quand j’observe pourquoi j’écris, je réalise que c’est surtout pour me dire à moi-même certaines choses. Je me parle, je m’auto-écris. Je me lis, et me polis. Notes à moi-même.

Car on parle toujours de soi, on se parle toujours à soi. Et de toute façon, les gens comprendront toujours ce qu’ils et elles peuvent comprendre, ce qu’ils et elles veulent comprendre.

Comme l’affirme si bien Bernard Werber :
Entre ce que je pense,
ce que je veux dire,
ce que je crois dire,
ce que je dis,
ce que vous voulez entendre,
ce que vous entendez,
ce que vous croyez en comprendre,
ce que vous voulez comprendre,
et ce que vous comprenez,
il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre.

Tant de canaux de communication désormais et tant de possibilités d’incommunication, tant de possibilités de se méprendre. On n’a jamais autant pu dire tout ce que l’on voudrait dire, et probablement qu’on ne s’est jamais autant mal compris, mépris et mépriser.

Pas certain que la communication ultime passe par les mots. Dort silence, dort.

Mais pas une raison pour ne pas essayer, pour ne pas s’essayer. Avec les bons mots, les mots justes, les mots droit au but, les mots du coeur.

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La vraie force, c’est celle qui sait prendre soin de la fragilité.
Être fort, ce n’est pas écraser les autres sous le poids de ses certitudes ou de ses ambitions.
Être fort, c’est être capable de douceur dans un monde qui ne l’est pas.
C’est accueillir le doute, le vide, le silence, et continuer d’avancer, sans jamais céder à l’amertume.
La vraie force est invisible, elle se niche dans les gestes simples, dans les regards bienveillants, dans la patience des jours.

– Christian Bobin

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Nous avons besoin de mouvements ancrés dans l’amour en ce moment, des mouvements motivés non par la différence, l’exclusion et la punition, mais par un terrain d’entente, la compassion, l’humilité, des limites saines, la patience et la guérison.
– Adrienne Maree Brown

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Le vieux George Orwell avait tout compris à l’envers.
Big Brother ne regarde pas.
Il chante et danse.
Il sort des lapins d’un chapeau.
Big Brother s’occupe de capter votre attention à chaque instant où vous êtes éveillé.
Il veille à ce que vous soyez toujours distrait.

Il veille à ce que vous soyez pleinement absorbé.
Il veille à ce que votre imagination se fane.

Jusqu’à ce qu’elle soit aussi utile que votre appendice.
Il veille à ce que votre attention soit toujours comblée.
Et être nourri, c’est pire que d’être observé.
Avec le monde qui vous remplit en permanence, personne n’a à se soucier de ce que vous avez en tête.
Avec l’imagination de chacun atrophiée, personne ne sera jamais une menace pour le monde.
– Chuck Palahniuk

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