DOUTEUSES CERTITUDES

Tu dois toujours être prêt.e à considérer sincèrement les évidences qui contredisent tes croyances, et admettre la possibilité que tu puisses avoir tort.

L’intelligence ne consiste pas à tout connaître, c’est plutôt la capacité de remettre en question tout ce que tu sais. (ou ce que tu crois savoir)

Surprenant comment, depuis l’avènement des anti-chambres asocio, et en particulier depuis la pandémie – dixit la plandémie (terme qui sursuinte de suppositions perspicaces découvertes grâce à de savantes recherches tant sur le deep web que sur celui de grandes surfaces – le monde pullule de savant.e.s scientifiques wannabe formé.es en dilettante à l’école de la viertuelle. Plusieurs d’entre eux et elles à l’orthographe plus que douteux d’ailleurs. Inversement proportionnel à la solidité de leur connaissances sous-tendant leurs grandes certitudes bien souvent.

Moi qui ai fait des études universitaires jusqu’au niveau doctoral pour me prouver à moi et aux autres que j’étais un smart guy, un ptit Dr ati Knowlittle, et qui est en ressorti avec encore plus de doutes quant à mes wannabe certitudes, j’observe la situation et je ris dans ma barbapapa.

Lors de la remise de collation des grades, épiphanie, me pensant ati-Jos connaissant, je me suis subitement rendu compte que le peu que je savais de mon domaine d’étude (et qui était déjà passé date depuis le dépôt car la science avance si vite) ne faisait pas le poids devant mon ignorance de tous ces autres domaines desquels j’ignorais à peu près tout. Et à l’université, notamment quand on se tient debout devant un jury pour défendre sa thèse, nos sources doivent être nettement plus solides que les sources modernes des zinternet.

Alors pour les besoins de la chose, reprenons la citation di-haut.

Tu dois toujours être prêt.e à considérer sincèrement les évidences qui contredisent tes croyances, et admettre la possibilité que tu puisses avoir tort.

La base de la science fondamentale consiste à émettre une hypothèse et à tenter soit de la confirmer, ou de l’infirmer. On penche toujours d’un bord. Quand la science est privée, la donne est biaisée. L’hypothèse doit être confirmée, ou du moins, le résultat doit justifier l’investissement.

Mais même en science fondamentale, quand le financement est censé être neutre, rien n’est jamais vraiment neutre. Certain.e.s chercheur.e.s ont trop investi dans leurs recherches pour que celles-ci soient infirmées. Car on s’attache à ces petites bêtes là, nos hypothèses I mean. Comme les profits qui pourraient en résulter pour la recherche dite privée.

Sommes-nous capables de considérer sincèrement les évidences qui contredisent et infirment nos croyances ? Et admettre que l’on puisse avoir tort ?

Parfois oui, parfois non. Certaines personnes oui, d’autres non. Et ce sont souvent les plus brillant.e.s qui doutent le plus. L’intelligence est notre capacité de douter au fond.

L’intelligence ne consiste pas à tout connaître, c’est plutôt la capacité de remettre en question tout ce que tu sais. (ou ce que tu crois savoir)

Tout connaître est impossible, trop de data à processer pour une intelligence naturelle.

Connais-toi toi-même… disait Socrate, et/ou Platon, comme Jean Gabin. Qui disaient tous aussi en corrolaire que la seule chose qu’ils savaient est qu’ils ne savaient rien. Ça fait toujours ça de su.

Alors rien n’existe pas vraiment. Bon chance et toutt est dans toutt, ou rien dans rien c’est selon.

Car se connaître soi-même est sinon difficile, voir impossible. Le sujet qui se fait objet. Et tant à dé-couvrir, tant à dé-voiler à-propos de soi tant nos conditionnements, croyances et idées préconçues nous cachent la vue panoramique. Mais au moins, connaître notre igrorance nous garde humble, et ouvert.e d’esprit. Sain.

St-Innocent et les simples d’esprit, un groupe de Rock n drôle c’est certain.

J’ai rajouté à la capacité de remettre en question tout ce que tu sais le petit ajout ce que tu crois savoir.

Car sait-on jamais quoi ce soit avec certitude qui ne soit permanent et fixe dans le temps ? Car quelque chose peut être vrai à midi et ne plus l’être à midi et vingt.

On associe souvent penser savoir à savoir. Mais le savoir n’est pas une chose, le savoir ne peut que se faire verbe, devenir verbe d’action, c’est le savoir est une action continue, un processus d’apprentissage. Et apprentis sages en devenir ne pouvons-nous qu’être. Toujours un peu en retard sur la connaissance ultime, toujours un peu en avance sur le temps passé.

Et la science est poétique. Abstraite, arbitraire, intemporelle. Jamais complète ni complétée, toujours en devenir. Et on ne peut jamais rien saisir avec nos mains et nos esprits fermés, on ne peut qu’inviter les réponses et se laisser souffler par la vie. En sachant – ou en pensant savoir c’est selon – qu’on ne sait jamais vraiment rien, surtout pas l’ignorance, on ne sait jamais rien vraiment, rien du grand Tout.

Rien du tout, et le tour nous est joué. Tourlou.

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La poésie, on ne l’écrit pas avec des mots.
La matière première d’un poème, son or pur, son noyau d’ombre, ce n’est pas le langage mais la vie.
On écrit d’abord avec sa vie, ce n’est qu’ensuite qu’on en vient aux mots.
Ceux pour qui les mots sont premiers, ce sont les hommes de lettres, ceux qui, à force de ne croire qu’à la littérature, ne connaissent plus qu’elle.
Ceux pour qui la vie est première bénie, ce sont les poètes.
Ils ne se soucient pas de faire joli.
Ils s’inquiètent d’abord de vivre, seulement de vivre.

Se faire silencieux, se rendre attentif, vivre, aimer, écrire – ce sont des actes qui n’en font qu’un seul – »

– Christian Bobin – La merveille et l’obscur (1991)

4 réflexions au sujet de « DOUTEUSES CERTITUDES »

  1. Avatar de JoaoJoao

    en portugais il y a 2 verbes, «saber» (savoir) et «conhecer» (connaitre) dans le sens l’avoir vécu pour saisir… j’ai des vécus qui dépassent mes connaissances, au point de frôler l’indécence d’en parler, comme d’autres dimensions de ….. ? … alors je connais ce que j’ai vécu mais je ne sais pas ce que c’est….. alors je me fis sur les synchronicités que la vie prend plaisir à mettre sur ma route comme balises sur mon chemin…. viva a duvida para manter uma mente saudavel

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