SE DÉFAIRE DE SOI

Le travail que vous faites sur vous-même dans le silence va trouver écho dans toutes les sphères de votre vie.
– Michell Clark

Ce matin j’ai choisi ce meme car il traite d’un thème que j’aime. Ça rime en frime.

Pour le silence, j’achète. C’est l’expression de travail sur soi qui me chicote.

De surcroît, l’expression le travail qu’on fait sur soi dans le silence, ou en silence si vous préférez traduire ainsi in silence, me semble contradictoire. Car que fait-on quand on fait silence ? Tous ces stages de développement personnel et de perfectionnement de la personne nous laisse croire qu’on doit bâtir quelque chose, ou plus précisémenent quelqu’un.e.

Mais qu’est-ce que le Soi au juste ?

Sinon une création, une construction qui n’était pas présente à la naissance, et qui disparaîtra à notre mort. Un voile, une séparation entre la vie qui prend dans notre corps et celle qui anime le reste de la création.

On ne se bâtit consciemment pas un Soi. Il se forge par défaut, par notre éducation, par les croyances qui nous sont transmises et qu’on fait siennes ou qu’on rejette. Au fil de la petite enfance, on devient notre nom, notre genre, une identité, des valeurs spécifiques.

Si on considère le Soi sous un angle psychologique, Freud a élaboré les concepts de Ça, de Moi et de Surmoi pour décrire les trois aspects de notre identité, de notre personnalité.

Le Ça étant en quelque sorte le siège des désirs et des pulsions refoulées, guidé par le principe due la recherche de plaisir; notre partie animale. Le Moi serait une sorte de méditation entre le Ça et le Surmoi, les 1er et 3ème étages de l’être, et serait plutôt guidé par le principe de Réalité et de raisonnabilité. Alors que le Surmoi, qui représente la conscience morale et l’intériorisation des interdits de l’enfance, agirait comme le juge et le témoin, comme un négociateur.

En fonction de ces trois aspects qui nous animent, le seul travail qu’on peut faire sur soi-même est en réalité un travail d’observation fine, de reconnaissance sans jugement, puis de désidentification. Un travail de détissage, de défaisage de noeuds, d’allègement. Une façon de créer de l’espace en Soi, de s’Infuser de l’air dans l’âme.

Le travail dit religieux ou spirituel, qui fait parfois défaut aux fervent.e.s de la psychologisation de l’être humain, favoriserait une prise de contact avec une 4 ème présence en Soi, la présence divine, quelque chose de plus grand que petit soi séparé du Grand Tout et limité aux 3 sphères décrites par Freud.

La psychologie a cette manie de réduire l’humain.e à ces trois instances, de nous limiter à quelques petites boîtes semi-mécaniques dans lesquelles on se trouve enfermé.e.s. Mais nous sommes plus vastes que nos instincts, plus grand.e que nos croyances et plus fluide que notre conscience morale. Nos instincts nous rapprochent davantage les un.e.s des autres que nos croyances car elles sont partagés par tout ce qui vit. Éros et Tanathos animent tout le monde.

Si la notion de travail sur Soi existe, elle consiste tout simplement à arrêter, à s’arrêter de réagir pour commencer à répondre davantage et à observer, sans faire quoi que ce soit d’autre que de prendre note de la vie en Soi. Et de respirer. Et d’écouter la petite voix, celle qui nous chuchotte la voie à suivre.

On peut bien tenter de se construire, de s’améliorer, de travailler sur soi, mais la vraie job me semble consister tout simplement à laisser se défaire les schémas dans lesquels nous nous sommes bâti.e.s, pour retrouver la liberté de notre âme, et libérer ce ptit bout du Grand Esprit qui nous anime, et qui fait partie du Grant Tout.

Faire tomber les patrons comportementaux, ou les laisse tomber, ou fondre d’eux-mêmes car lorsqu’on prend conscience de quelque chose de limitatif, il n’y a rien à faire, ça tombe de soi. Laisser se dissoudre la différence et la frontière entre qui l’on pense être et ce qui est vivant en Soi. Au-delà de la moralité, au-delà des pensées, des émotions et sentiments. En les incluant, sans les nier, mais en les observant, en tenant compte des vagues que cela crée en nous mais sans s’y laisser prendre.

Le seul non travail de la méditation consiste à devenir l’Observateur/trice de tout ce qui prend place dans notre corps, comme autour et dans le reste du monde. En commençant par pensées, nos sens et nos perceptions, car c’est ce qui se trouve le plus près de Soi tout en se branchant sur son coeur, notre point d’ancrage avec le monde et point de contact avec autrui.

En ce sens, si on doit utiliser des mots, le terme de Soi est plus juste et précis que celui de Moi. Car nous sommes tous et toutes des Soi. Et l’idée consiste à devenir Soie, soit plus doux et douce envers Soi-même comme envers les autres, ce qui se fait automatiquement. Car au fond nous sommes tous et toutes la seule et même personne, sous des allures de personnalités différentes.

Et aucun travail n’est requis de la part de personne autre que celui d’être humain, pour passer d’être une personne à ne devenir plus personne.

Et comme le disait Sergio Leone, mon nom est personne.

4 réflexions au sujet de « SE DÉFAIRE DE SOI »

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