
Je vis dans la forêt alors je passe beaucoup de temps seul, et avec Elsa, ma femme et voisine d’amour. Elle aussi aime la solitude. Nous apprécions la solitude, ensemble.
Une fois de temps en temps, des ami(e)s passent par ici pour jouer de la musique dans le cadre de nos cérémonies sacrées que nous nommons travaux. Là aussi on doit écouter beaucoup, soit le silence, soit en chantant les un(e)s – avec – les autres. Car pour chanter ensemble et réussir à trouver l’harmonie, du moins tendre vers, il faut aussi savoir s’écouter et écouter.
Et presqu’à tous les jours, grâce à nos méditations en ligne, nous sommes quelques-un(e)s à nous saluer silencieusement via nos écrans et le wifi et à partager un si riche silence, et/ou à écouter un peu de musique ensemble, en silence. Ces moments de silence partagé constituent une forme de relation unique et très précieuse dans ma vie. Méditer en solo est une chose, le faire en groupe en est une autre. Rien comme être seul(e)s ensemble, et consciemment.
Contrairement à Mr Albert, Je ne peux pas affirmer que je lutte pour la vérité, la justice et la beauté. Je conçois davantage les cultiver, les apprivoiser et les nourrir. Du moins, je les invite à bras, âme et coeur ouverts. Et je demeure réceptif. Parfois elles viennent, parfois je suis trop occupé dans ma ptite tête de peanut et elles vont voir ailleurs.
Mais comme lui par contre, je me sens appartenir à une communauté invisible. Je sais que nous ne sommes pas seul(e)s, même si à distance.
Que ce soit par ces quelques mots aux aurores, par la musique que j’étudie et avec laquelle je joue au musicien, comme par les hymnes que je chante, en solo et avec les ami(e)s, mais aussi par la forêt que j’aime côtoyer, seul ou avec les quelques ami(e)s qui viennent parfois m’aider, je ne me sens jamais seul, ou du moins très rarement. Et quand je le fais, j’écoute et je regarde. Et j’entends la vie.
Si les mots peuvent convier une partie du message de la vie, je trouve que le silence réussit mieux à convier son secret. Mais pour bien écouter le silence, il faut faire silence. Il faut le préparer, l’inviter, et être patient. Il faut permettre à son mental de défiler, sans se battre contre. Il faut le laisser s’épuiser, se vider, un peu. Car le mental n’est jamais à court de matière.
Comme les nuages dans le ciel qui passent sans cesse, il suffit de s’identifier au ciel plus qu’à eux. Comme la route sur laquelle passent les voitures. Vroum vroum amis surtout le silence.
J’ai la chance de partager ce ptit bout de territoire boréal avec une voisine d’amour. Grand privilège, nous avons chacun notre espace de vie, l’un à côté de l’autre, adjacents l’un à l’autre. Nous sommes tous les deux assez autonomes et nous aimons tous les deux le silence et l’écoute.
Une écoute que l’on travaille à rendre pleine, riche et réceptive.

Rien dans la vie comme écouter le silence, comme écouter avec son coeur, écouter avec du silence dans nos oreilles.
Ce week-end, j’ai travaillé dans la forêt pour préparer la maison et les lieux pour l’hiver qui arrive toujours plus vite qu’on pense. J’ai eu le temps d’écouter et d’entendre l’automne, les feuilles qui tombent sont une symphonie naturelle. Comme l’est le silence de la forêt qui n’est jamais tout à fait silencieux.
Comment se sentir seul avec une telle symphonie et un tel silence ?
Ça prend toute une vie pour apprendre à écouter, pour se rendre disponible, à soi, aux autres comme au silence. Pour laisser doucement s’éteindre et se taire ce dialogue intérieur qui bloque autant les mots d’autrui, que sa petite voix, que le silence de la vie.
Car pour entendre, il faut apprendre à écouter. Et vice versa. Les deux sont liés.
Certain(e)s prient, parlent à Dieu ou à la vie, d’autres écoutent, et/ou entendent.
On demande ou on reçoit.
Communication et communion.
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La solitude n’est pas seulement l’absence des gens…
C’est l’absence de but, l’absence de sens.
Quand vous vous retrouvez dans un monde où tout semble extraterrestre et distant, où chaque connexion est superficielle et où chaque tentative de compréhension est rencontrée avec indifférence, vous réalisez que la vraie solitude n’est pas d’être seul, mais de se sentir seul dans un monde qui n’a plus de sens.
– Haruki Murakami

Namaste
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