VOIR À-TRAVERS LES MOTS

Un drôle de phénomène survient avec l’âge:
votre vue baisse drastiquement mais votre capacité de voir à-travers les gens s’améliore grandement
.

La même chose se passe avec les oreilles qui entendent de moins en moins bien les mots mais qui saisissent de mieux en mieux leur sens. Et que dire du cerveau qui roule peut-être un peu moins vite, mais qui voit de plus en plus le big picture, liant les points du grand destin à numéros. Comme la mémoire qui a parfois de la difficulté avec le court terme mais puise allègrement dans les plus vieux souvenirs, le fondamental, fond du mental. Sans parler des doigts qui sont moins agiles mais qui connaissent mieux la valeur de certains touchers et le précieux serrement des mains.

Avec l’âge on perd un peu d’acuité et de dextérité, mais on gagne de la finesse et de la délicatesse en lien avec l’essentiel. Avec le corps qui faiblit, avec les années qui nous rentrent dans le corps et la mort qui approche, le focus change et les sens s’affinent et se raffinent. Le rythme aussi, on en fait moins mais on le fait mieux, on en veut moins mais le peu que l’on veut compte plus.

Souvent, j’écoute les gens parler et je n’entends pas les mots qui sont énoncés, je ne les sens pas, je ne les reconnais pas. C’est autre chose qui résonne à mes oreilles, et à mon coeur.

Derrière la haine et la colère, je sens et j’entends la peur qui émane des tripes. Derrière les arguments et les justifications, je perçois l’ignorance et la peur de ne pas savoir. Sous les menaces et les attaques, je vois l’insécurité. Derrière une prétendue certitude, j’entends l’ambivalence et l’hésitation.

Avec le temps qui passe, on ne prend plus les mots pour du cash, on regarde plutôt les actions, on perçoit mieux les fréquences. Même les dites nouvelles ne rapportent pas des faits objectifs, mais un certain choix d’événements qu’on choisit de rapporter. Souvent avec sensationnalisme et effroi. Et selon nos sources, notre monde varie.

On a et aura beau dire ce que l’on veut, prêcher tant que l’on veut, les faits de notre vie au quotidien s’avèrent le reflet de ce qui couve au plus profond de soi, au coeur de notre coeur, au-delà les mots et les idées. On a beau croire à tous les dieux et les déesses que l’on veut, entretenir des croyances et prétendues certitudes pour nous rassurer, dans les passages les plus étroits, c’est là que la vraie foi se révèle, que le fond de notre âme émane et se déploie. Et cela on ne peut l’éviter. On ne peut passer à côté de soi-même. Peu importe ce que l’on dit, nos actions témoignent de notre réelle réalité. Notre relation à soi sera toujours ce qu’elle est, quoi qu’on en dise. Nos actions parlent plus que nos mots.

La vie que l’on doit cultiver se trouve en soi, en notre coeur. Là que nos yeux prennent racine, là que nos sens trouvent leurs sens, là que les fleurs puisent leurs nutriments. Apprendre à fermer ses yeux, à se ressourcer au coeur de soi, au coeur en soi.

Ce coeur qui possède la capacité de tout pardonner, de brûler le négatif et de le transformer en engrais riche et potent, de pardonner les offenses des autres comme la vie nous pardonne les nôtres. Car errer est le propre de l’humain. Comme demander pardon aussi quand on se trompe. Pardonnez-nous erreurs comme nous pardonnons à ceux et celles qui nous ont offensés.

Quand on est jeunes, n a tendance à sous-estimer l’acuité des sens et des gens vieillissants. Mais la vie se charge de nous enseigner, si on peut apprendre, si on veut apprendre. Le coeur est toujours un coeur étudiant, un coeur d’étudiant(e).

Mais sous une performance qui semble déclinante, derrière un rythme qui ralentit, une qualité nouvelle se développe, une plus grande sensibilité à l’invisible, à l’imperceptible, à l’indicible. C’est peut-être la présence du créateur – ou de la créatrice, la grande génératrice – qui reprend ses droits en nous. Peut-être qu’avec les années, la vie se rarifie mais elle devient plus fine, plus précise. Peut-être est-ce la source qui émerge de nouveau comme aux premiers jours avant de quitter notre corps. Avec un intellect qui se met à devenir plus simple, plus essentiasliste et existentialiste

Viva la vie ! La vie qui va.

2 réflexions au sujet de « VOIR À-TRAVERS LES MOTS »

  1. Avatar de RaviRavi

    chaque jour m’enseigne la vie… merci pour ta chronique très à point… maturité? sagesse? expérience de vie en continue?… lentement vers la porte de sortie, ou d’entrée, selon mon regard du moment.

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  2. Avatar de PrashantiPrashanti

    Vieillir doucement , lentement…

    Accepter les limites de mon corps qui

    ne répond plus comme avant.

    Tout doux….je m’incline.

    La fougue du lac Carré n’est plus.

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