SEULS ENSEMBLES

Pensez-y :
la personne qui a écrit l’a fait seul(e),
le/la lecteur/trice lit aussi seul(e) de son côté,

alors les deux sont seul(e) et ensemble.
– A.S. Byatt

Chaque matin quand j’embrasse mon clavier de mes dix doigts et qu’il s’embrase, quand je laisse les mots monter de je-ne-sais-d’où et passer à-travers mes ptits doigts, je suis seul, en solo. Seul au monde.

Et toi, lecteur/trice, vous, lecteurs/trices, quand vous les recevez, tu es, vous êtes aussi tout aussi seul(e)s que moi. Car plutôt rare qu’on lise en gang hein ? Alors seul(e)s au monde aussi.

Mais le même monde. Donc ensemble.

Et nous voici nous voilà, en fait nous re-voici nous re-voilà, car pas la première fois pour certain(e)s que nous sommes reliés par des mots, par les espaces entre ces mots, par les points et les points virgules.

Moi qui écris sur et entre les dignes et indignes lignes, vous qui lisez mot à mot, ding a ling. Uni(e)s par des petits tas de lettres. Ces lettres qui, regroupées, tentent de convier des idées, des émotions, des perceptions de cette même grande vie mystérieuse, toujours un mystère mais pas toujours rieuse. Parfois nébuleuse. Parfois provocante quand on regarde les actions humaines mais surtout inhumaines.

J’écris principalement parce que ça se fait tout seul, ça me passe au travers. Plus difficile de ne pas écrire que de le faire, que le laisser faire en fait. Alors j’obéis, j’écris.

Et vous ? Vous lisez soit par plaisir, par habitude ou par curiosité. Ou par hasard. Ou peut-être par amour des mots, par amour envers les mots, et leurs jeux. Mots coquins, mots taquins.

Quand même curieux qu’on se retrouve par ici vous et moi non ? Toi et moi car toujours une relation à deux à la fois, la foi à la deux.

Car la plupart du monde n’y passe pas par ici. La plupart du monde ne voit pas ces mots. Ces quelques mots ne sont lus que par quelques paires d’yeux en ce vaste monde, dont les vôtres, les tiens. Certains mots sont compris, d’autres passent sous le radar. Certaines intentions sont saisies, d’autres pas.

J’écris parce que ça me permet de rassembler mes idées. Et j’imagine que mes écrits – ces écrits en fait car pas vraiment les miens, vous en ferez bien ce que vous voulez – vous ressemblent un peu aussi si vous les lisez régulièrement. En tous cas, ces écrits nous rassemblent.

Chacun chacune de notre bord de nos écrans respectifs. Et en même temps, dans le même navire. Ou peut-être pas le même navire mais la même mer, et parfois la même tempête. Sur cette boule bleue qui tourne dans le vide du néant, en sens unique mais pas toujours dans un sens que nous pouvons percevoir. Le seul sens qui fasse sens est le fait d’être vivant(e), pour le moment. Et encore, pas toujours sensationnel. Souvent qu’ordinairement ordinaire. Presque banal.

Sait-on pourquoi on vit ? Pas vraiment. On apprend tout juste le comment. Un peu plus à chaque jour. Souvent par essai-erreur. Car certaines des plus grandes leçons s’apprennent dans l’errement. Ce que certains nomment le péché. Pourtant ce sont les errements qui nous permettent de retrouver le droit chemin lorsqu’on s’égare.

C’est tout simplement ce que je tente de faire avec mes ptits mots dits: chercher un sens, trouver une voie. Apprendre la sagesse toute simple.

La sagesse, c’est l’art de développer un bon dialogue avec soi-même.
– Serge Bouchard

Je me le souhaite, et vous le souhaite aussi.

Par les mots et, surtout, par le silence. C’est ce silence que mes mots tentent surtout de mettre en évidence. Ce silence paisible, le silence du moment.

Et parce que les mots des autres sont si riches, encore quelques-uns.

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Il n’y a qu’une seule magie au monde, et c’est la magie du partage.
Tout le reste au nom de la magie n’est que de la supercherie ; mais le partage appartient à la vérité ultime.
Le partage n’est possible que si vous avez vécu – en profondeur absolue – amour, béatitude, extase, et ce ne sont pas que des mots pour toi mais votre battement de cœur, votre respiration.
Puis la magie opère.
Il n’y a pas de magicien, juste la magie.
Vous ne le faites pas, cela vous submerge tout simplement.
S’il y a quelqu’un à recevoir, ouvert et vulnérable,
assoiffé et désireux, alors quelque chose d’invisible commence à couler entre les deux.

– Osho
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Si en faisant la vaisselle, nous ne pensons qu’à la tasse de thé qui nous attend, nous nous dépêchons donc de la débarrasser comme si elle était une nuisance, alors nous ne « faisons pas la vaisselle pour faire la vaisselle ». De plus, nous ne sommes pas en vie pendant le temps où nous faisons la vaisselle. En fait, nous sommes totalement incapables de réaliser le miracle de la vie en nous tenant debout devant l’évier. Si nous ne pouvons pas faire la vaisselle, nous ne pourrons probablement pas non plus boire notre thé. En buvant la tasse de thé, nous ne penserons qu’à autre chose, à peine conscients de la tasse entre nos mains. Ainsi, nous sommes aspirés vers le futur – et nous sommes incapables de vivre réellement une minute de notre vie.

~ Thich Nhat Hanh
Le miracle de la pleine conscience

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