
Et elle doit continuer à croire à cette illusion même si elle sait que ce n’est pas vrai.
– John Steinbeck
Salut lecteur/trice
Je pars à la mer au Maine avec ma douce demain pour quelques jours de marche et de vent pendant lesquels je vais prendre une pause de chroniques, une pause chronique.
Ceci est donc ma dernière chronique. Pour quelques jours.
Et ce meme de Steinbeck ci-haut m’incite à réfléchir et m’inspire à en écrire une dernière avant la route.
La personne qui écrit doit croire que ce qu’elle fait est la chose la plus importante au monde.
Et elle doit continuer à croire à cette illusion même si elle sait que ce n’est pas vrai.
Car voyez-vous, ça fait plus de 13 ans que j’écris ici, quasiment à tous les jours de semaine. Et les stats de mon blogue me disent que ça fait plus de 3 000 chroniques que pond le ptit coq des mots que je suis et qui fait tape tape sur son clavier aux aurores.
3 000 chroniques derrière la cravate.
La personne qui écrit doit croire que ce qu’elle fait est la chose la plus importante au monde.
Si j’écris aussi régulièrement, et depuis si longtemps, ça doit être en effet la chose la plus importante au monde pour moi, car c’est certainement la plus régulière – avec le café qui l’accompagne. Et une de celles qui me donne le plus de joie. Encore.
Dès les premiers rayons du soleil, et souvent même avant, pratiquement à chaque jour de semaine que le Créateur nous offre le privilège de vivre, ce petit rituel qui consiste à choisir un meme et à laisser popper les mots hors de mes doigts m’anime encore au plus haut point. Me réjouit le coeur.
Le fait de faire tap tap sur mon clavier, sans raison précise, pour le simple plaisir de faire danser les mots est l’une des plus grandes joies de ma toute petite vie simple et humble ici dans les bois.
Et pas très dispendieuse du reste, que les frais annuels du blogue à régler pour vous éviter la publicité.
J’ai traduit le terme writer par personne qui écrit car je ne peux ni ne veux me considérer comme un écrivain. Je n’ai pas cette prétention. Je me sens davantage, dans les faits comme dans la chair, comme une personne qui écrit.
Non par fausse humilité, non par gêne, simplement par souci de ne pas m’identifier à mes mots, ni à mon rôle de gars qui aime écrire. Je ne veux pas me prendre au sérieux ni faire de ce hobby quelque chose d’autre. Qu’un hobby. Une activité gratuite, sans but autre que le plaisir de laisser sortir les mots. Pas de patron à satisfaire, pas de commande à remplir, pas de clients à contenter. Que des gens libres de décider s’ils et elles veulent lire ou pas. PAs de fil attaché sur le sans fil.
Depuis que je suis tout petit, j’ai rêvé d’écrire. Et au cours des 13 dernières années, je me suis permis de le faire. Librement, sans pression, simplement par et pour le plaisir. Et je le fais, avec un grand et immense plaisir même.
La personne qui écrit doit croire que ce qu’elle fait est la chose la plus importante au monde.
Et elle doit continuer à croire à cette illusion même si elle sait que ce n’est pas vrai.
Si écrire est l’une des choses les plus importantes pour moi, je sais bien que mes mots ne sont pas importants ni primordiaux pour quiconque autre que pour moi.
Je ne sais pas qui me lit. Je ne sais pas non plus ce que ceux et celles qui lisent mes mots en pensent, je ne sais pas ce qu’ils en font. Et ainsi soit-il car je n’écris pas pour influencer personne. Loin de moi l’idée d’être un influenceur.
Car j’écris surtout pour moi, petit plaisir pas coupable du tout, plaisir totalement responsable. J’écris pour voir ce qui va sortir de moi, ce qui se cache au sous-sol de mon inconscient, ce qui danse sous mes doigts. Pour mettre à jour mes croyances les plus sournoises. Pour faire de l’air dans ma boîte à pensées qui spinne dans le vide intersidéral de mon cerebelum. Non-Stop, 24/24 et 7/7. Ici, et de là.
Pour, tout au plus, amener les gens à se poser des questions avec moi, à réfléchir, soit à faire fléchir ce qu’ils et elles, comme moi, considèrent fixe et figé dans le temps comme dans l’espace.
Et peut-être, au fil des mots, défaire quelques idées reçues, ouvrir nos esprits, ensemble, pour dépasser de vieilles croyances transmises par une société qui n’a pas intérêt à ce que ses citoyens pensent trop librement.
J’écris pour cultiver le silence.
J’écris pour explorer le lousse et l’espace qui se glisse entre les mots, ces mots qui peuplent tant et tellement notre vie et notre esprit.
J’écris pour découvrir le sens qui se cache entre les lignes, pour découvrir la vérité qui se cache entre les mots. Sortir les mots pour les mettre à jour, pour les aérer, les observer, avec une distance.
Je ne pense pas vraiment que le fait d’écrire soit la chose la plus importante qui soit au monde. Car tant de mots déjà, tant de bruits ambiants, tant de bla bla.
Et le silence me semble une valeur nettement supérieure. Pour cela que la méditation constitue l’autre aile de mon hobby d’écriture. Le silence, et la musique. Et l’amitié discrète.
C’est de silence dont j’irai faire le plein cette semaine. Le silence qui porte le vent, et la mer.
Pour revenir avec des mots qui pourront peut-être rendre encore mieux le silence.

Bon voyage et prend de bonne bouffées d’air salin avec ta douce. 😘
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