MOMENT PRÉSENT D’ÉTERNITÉ

Tu ne veux pas entendre l’histoire de ma vie, et de toute façon je ne veux pas la raconter. Je veux plutôt écouter les énormes cascades du soleil. De toute façon, ce sont toujours les mêmes vieilles histoires.
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quelques personnes essayant seulement de rester en vie, d’une façon ou d’une autre.

Par-dessus tout, je veux être une bonne personne.
– Mary Oliver, Dogfish

L’important n’est pas de rester en vie, mais de rester humain. – George Orwell

J’écris beaucoup, j’écris souvent. Mais je n’écris pas pour vous raconter l’histoire de ma vie. Car ma vie est somme toute insignifiante, du moins peu pertinente dans la grande trame de l’histoire, cette grande illusion qui passe devant nos yeux.

Nos vies personnelles ne sont que de tout petits points qui tournoient dans une grande trame cosmique, que quelques respirations sous les cascades du soleil, que quelques petites ombres sous le soleil.

D’ailleurs, ce soleil du printemps. Ah, ce soleil du printemps.

Les peuples du sud ne connaissant pas le soleil du printemps. Eux et elles qui le craignent souvent le soleil, ils et elles s’en cachent, de plus en plus du moins.

Nous, nous l’invoquons ce soleil qui, après avoir rasé le sol pendant des mois, et s’être fait tiède et discret, sinon s’être carrément caché, ce soleil qui revient après l’hiver, nous chauffer un peu plus tous les jours. Ce soleil nous le buvons, nous nous offrons à lui pour qu’il nous prenne, qu’il nous brûle, qu’il nous chauffe la couenne. Ce soleil, nous le respirons comme des assoiffé(e)s dans le désert ici au printemps.

On nous a fait croire que nos petites vies étaient importantes. Si importantes qu’on doive les montrer et les afficher sur les réseaux, agoras publics des temps modernes à si petite dimension.Tout juste 2 D. Qu’en surface, sans profondeur.

Et comme on disait hier, si nous ne sommes pas nos pensées, alors nous ne sommes pas davantage nos actions, nous ne sommes alors que les observateurs/trices de ce qui se passe en nous, ce qui passe en nous, puis autour, et de plus en plus vaste autour de soi. Jusqu’à l’infini. Pleine conscience dit-on. Tout ce qui se passe dans le monde entier. Ce qui s’y passe maintenant, comme ce qui s’est passé jadis, car ça nous a amenés ici, comme ce qui adviendra plus tard, ce qui se décide déjà un peu par les gestes que nous posons maintenant. Mais des milliards de gestes posés chaque moment.

Or si on ne peut rien faire face au passé, sinon le connaître un peu, on ne peut en faire beaucoup face à l’avenir autre que de faire le plus attention possible à notre monde maintenant. On ne peut faire qu’un pas à la fois. Qui est en fait toujours le même pas.

Un pas à la fois, chaque pas dans la foi. Et avancer avec soin et conscience. Et bonté surtout. Et bonté, pour soi et pour nos proches, et nos proches de plus en plus loin. Bonté pour le monde entier. Bonté de pensées, bonté d’actions.

Et si on pense parfois avancer, ne fait-on pas plutôt toujours que du sur place ? Pour finalement arriver ici, qu’ici. Comme le groupe de musique (yo Nan) 😉

Car comme l’avance Saint-Exupéry, si chaque pas est toujours le même, comme l’est chaque respiration, le moment présent s’avère être toujours le même moment présent. Un présent qui n’est jamais identique à l’autre, mais toujours aussi présent que l’autre, passé comme à venir.

La foi du moment présent, foi en ce moment présent, ce moment grain de sable qui ne fait que couler dans grand sablier solaire.

Voilà. C’est pour ceci que j’écris, pour cela. Pour suivre le fil de ma pensée qui tel un fil d’ariane, en découd avec le chapelet de petits moments présents tout simples du petit matin. Pas pour vous parler de moi, car qu’est-ce que ce moi ? qu’est-ce que ce nous ?

Que quelques mots. Que ces quelques mots qui, déjà, sont petits bouts du passé simple, et décomposé.


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