LA FIN DE LA QUÊTE

Inspecteur de miroirs est un emploi dans lequel je pourrais vraiment me voir travailler.

Depuis la naissance, on nous enseigne à en vouloir toujours plus, toujours mieux, à chercher partout en dehors de soi pour trouver le bonheur, ou Dieu, pour voir si on s’y trouve. Plus, plus tard, plus beau. Et le paradis, mais qu’à la fin de vos jours. Peut-être. Comme peut-être l’enfer.

Pour d’autres, cette vie-ci n’est que préparation pour une vie meilleure, plus tard. Ou le remboursement de mauvais karma de vies passées.

On nous apprend à penser à plus tard, à préparer sa retraite, même si notre job nous fait suer. Tant de personnes qui ne font que faire leur temps ici sur terre. En attendant mieux, plus, autre chose, autrement. Peut-être.

Ce que l’on vit ici-bas n’est jamais assez, jamais parfait ni même OK. Ou tout au plus juste OK, barely enough. On survit plus que l’on vit. Mieux que rien. Pourtant lorsqu’on a mal à la tête, tout ce que l’on souhaite est rien d’autre que ce mal de tête. Donc au contraire de l’expression mieux que rien, parfois rien est mieux que quelque chose de désagréable.

On dirait bien que pour nous, pauvres quêteurs/ses, il semble inévitable de devoir s’épuiser à chercher – quelque chose ou quelqu’un(e) – pour éventuellement arrêter et apprécier tous les trésors qui sont déjà en nous comme sous nos cieux. Pour la plupart, nous sommes en quête mais dans le sens pauvre du terme, dans un sens de manque. À la recherche d’un trésor quelconque qui se situerait à l’extérieur de soi. Une chose de laquelle nous sommes privé(e)s, quelque chose qui nous manque. Le St-Graal.

Alors qu’on porte déjà au coeur de soi le plus grand trésor de l’univers, une parcelle de vie, une graine de merveilleux. Nous qui vivons dans un constant miracle, nous préférons mettre nos nez dans les mauvaises nouvelles et mettre l’emphase sur ce qui ne va pas, ce qui va mal. Ou voir la vie défiler dans nos écrans, via celles des autres. Pauvre divertissement.

Que la quête soit matérielle ou spirituelle, une quête est une quête et fait de nous des quêteux/ses. Oh bien sûr, la quête si elle est sans attentes constitue un formidable état d’ouverture. Mais entre vous et moi, rares sont les quêtes sans attentes. La quête vise la plupart du temps quelque chose d’extérieur à soi, et porte sur et vers un but extérieur (distance) et ultérieur (plus tard). Rare que l’on soit en quête de soi. Et pourtant, par là que réside le but ultime. Quête de soi, puis éventuellement de rien quand on se rend compte que le soi n’est bien souvent rien d’autre que quelque chose d’imaginé.

Mais vient un moment, après un laps de temps variable car la patience est individuelle, où l’on se tanne de chercher et où l’on décide de trouver. La quête de vient une trouvaille, une aventure. Et on se met à décider de cueillir les trésors qui se trouvent en nous comme sur notre route. Vient un moment où de quêteux/ses, nous devenons des trouveux/ses.

Et comme par miracle, les trésors commencent à se dévoiler juste ici sous nos yeux, comme derrière nos yeux quand on fait simplement arrêter de chercher partout en dehors. Le poste d’observation devient un phare que l’on cherchait dans la brume, et le/la gardien/ne du phare se transforme en présence qui réalise que c’est elle qui se cherchait elle-même. Le reflet dans le miroir se reconnait enfin lui-même comme la source.

Euréka. Et alléluia.

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C’est une telle bénédiction lorsque la recherche spirituelle touche à sa fin. Vous tombez simplement amoureux de la Vie ordinaire.

Vous ne recherchez plus un état supérieur, un changement fantaisiste de conscience, un domaine transcendant de l’être.

Finalement, vous vous contentez des moments ordinaires mais sacrés de la Vie quotidienne. Tenir la main de votre enfant pendant qu’il fait ses premiers pas. Observer le soleil apparaître derrière un nuage. La sensation des gouttes de pluie frappant votre peau. Prendre une tasse de thé avec un ami. Le paradis est ici, caché dans les choses ordinaires de la Vie, et il suffit d’ouvrir les yeux et le cœur pour le savoir.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de défis, de moments d’intensité, de chagrin et de décisions difficiles à prendre. Mais vous affrontez ces moments avec volonté et courage, et vous savez que vous êtes toujours sur votre chemin et qu’il n’y a rien de « plus haut » que ce royaume terrestre et ordinaire.

Car il n’y a jamais eu de division entre le supérieur et l’inférieur, le sacré et le profane, le spirituel et le matériel. Il n’y avait que la Vie qui nous rappelait à elle-même. À travers chaque petit événement apparemment insignifiant. À travers chaque moment banal.

Pourtant, il n’y a pas d’événements insignifiants ici. Chaque événement est précieux. Chaque instant est touché par l’infini.

Lorsque la recherche spirituelle se termine, la Vie commence véritablement. »

– Jeff Foster.

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