LIEN DU TOUT

Plus tu vieillis et plus tu deviens calme, paisible. La vie te rend humble au fur et à mesure que tu matures. Et graduellement, tu prends conscience de tout le temps que tu as consacré à des broutilles.– Inconnu

Le titre de cette chronique vient de mon ami AG. On s’échangeait quelques mots tout à l’heure et à la volée, j’ai repris ses mots et parti chronique. Lien du tout. Tout simplement beau. Comme dans rien, comme dans tout, comme dans lien. Comme dans les multiples jeux de mots que l’on s’échange lui et moi. Nonos nous sommes ensemble.

L’image, elle, a été peinte par Claudia Tremblay (que je ne connais pas). J’aime autant la vibe qu’elle dégage que le message qui l’accompagne. Car en effet, rien comme vieillir pour – apprendre à – devenir mature, devenir humble, devenir de plus en plus calme et paisible. Le temps nous passe dessus, nous rentre dedans et nous transperce, nous modèle, nous polit.

Ce temps duquel, lorsqu’on est jeune, on se plait à dire avec arrogance qu’il n’existe pas, semble devenir de plus en plus réel au fil du temps qui passe par les marques qu’il laisse sur notre corps, par la délicatesse qu’il dépose en nous, par la fragilité qu’il force.

C’est aussi vrai que le temps n’existe pas, mais pour affirmer cela, il faut en avoir vu passer une quantité suffisante. Il faut avoir perdu des ami(e)s. Il faut sentir ses marques sur son propre corps. Il faut avoir goûter à la vulnérabilité qu’il souffle à notre âme.

Ce temps qui passe sur notre corps et le façonne polit également notre âme justement. À mesure que le corps se fatigue, on arrête de se battre et de perdre du temps à-propos de futilités. Et avec le temps, et le corps qui flétrit, l’âme, elle se fortifie. On dirait presque que les deux sont inversement proportionnels. Plus le corps est vigoureux, plus on se sent invincibles et plus on tremble, plus on réalise que la vie est fragile, et nous dedans.

Et avec le temps qui passe, le coeur s’éveille. Car là que notre âme y repose, là qu’elle fut déposée à la naissance. Et on doit parfois faire le tour du monde pour la retrouver. Un peu normal car nos yeux cherchent par en dehors. Mais long à comprendre, long à apprendre.

Et graduellement, avec le temps qui coule dans le grand sablier, le lien avec plus grand que soi se développe si on prend le temps de regarder le temps passer dans les cieux. Ce temps qui passe et qui prend avec lui notre arrogance, ce temps qui nous soutire ce sentiment d’invulnérabilité propre à la jeunesse et qui est nécessaire alors pour se faire, pour faire sa place dans le monde.

Parlant de belles images, celle-ci. Peinte par une jeune slovène de 13 ans. Et qui rejoint bien l’expression de mon ami AG. Lien du tout. Ce que nous sommes. Un des multiples lien du grand tout qui manie tout. Qui tricote la vie un humain à la fois, chaque maille dans la foi.

Anja Rozen, 13 ans, Slovénie

Lien du tout. Tu vois AG, ce que tes quelques mots d’esprit peuvent inspirer.

Vieillir pour ré-apprendre à devenir moins que rien, mais jamais moins que lien. La mort comme la vie, tout fait partie du vivant. Un humain à la fois, foi en chaque humain.

___
Ce silence, cet instant, chaque instant, s’il est véritablement en vous, apporte ce dont vous avez besoin.
Il n’y a rien à croire.
Ce n’est que lorsque j’ai arrêté de croire en moi que je suis entré dans cette beauté.
Asseyez-vous tranquillement et écoutez une voix qui vous dira : « Soyez plus silencieux». Meurs et tais-toi. Le calme est le signe le plus sûr que vous êtes mort.

Votre ancienne vie était une fuite frénétique du silence.
Sortez de l’enchevêtrement de la pensée de la peur.
Vivez en silence.
– Rumi

___
Nous recherchons une sorte de permanence, quelque chose à quoi nous accrocher – une personne, une philosophie, un sentiment, un état, une histoire, voire une identité spirituelle.
Mais la nature éphémère de l’expérience fait que tout ce que nous saisissons finit par nous glisser entre les doigts, y compris nos tentatives pour arrêter de saisir.
Jusqu’à ce que nous reconnaissions que l’impermanence est en réalité une amie chère, et que la fragilité donne à la vie sa beauté, et que ce jour apparemment ordinaire, avec son réveil, sa toilette, sa respiration, ses joies et ses douleurs, est l’ami cher auquel nous avons toujours rêvé.
La Bien-aimée nous appelle à la maison par tous les moyens possibles, et cette vie «ordinaire » est son ingénieuse invitation.
Vous êtes emprisonné dans la grâce, cher ami, et la clé n’a jamais été fabriquée.
– Jeff Foster

Une réflexion au sujet de « LIEN DU TOUT »

  1. Avatar de PrashantiPrashanti

    Je suis loin en voyage mais je plongé souvent à l’intérieur pour regarder et sentir ce que mon compagnon de voyage éveille en moi.
    Fragilité tout en douceur qui se lit dans tes mots.

    J’aime

    Répondre

Répondre à Prashanti Annuler la réponse.