OMBRE & LUMIÈRE

On doit faire preuve de beaucoup de maturité émotionelle et spirituelle pour être témoin de toute la force de l’ombre collective de l’humanité et garder son coeur ouvert.

Imaginons ceux et celles qui la subissent au quotidien cette dite force de l’ombre. Another ball game, des balles et des bombes qui blessent et qui tuent.

Car nous, ici, dans le confort de nos foyers et via le filtre déformant, protégeant et déshumanisant de nos écrans catholiques, on a le luxe et l’immense privilège de seulement être témoins de l’ombre qui se déploie sous nos yeux, à distance. Elle ne nous touche que très peu, de loin; en fait elle est loin de nous toucher, elle ne fait que nous effleurer les yeux.

Oh bien sûr, on a chacun nos défis et nos ptites misères à gérer. Mais rien de trop grave, considering. Et nos conditions de vie spécifiques au quotidien peuvent parfois être difficiles, exigeantes, confrontantes et menaçantes. Tenez, par exemple, ces quelques sources de menaces perçues par nous, humains modernes.

Dangereuse la vie. Potentiellement du moins. On s’en sortira sûrement pas vivant(e). Mais so far so good.

Et en même temps qu’elle est challengeante sur plusieurs fronts la vie, notre vie, nos vies, on l’a quand même relativement facile par ici. Alors tout d’abord, apprécions notre chance, gratitude pour notre très soutenable aisance de vivre. Et ayons la toute simple et minimale dignité de ne pas nous plaindre. Ventres pleins, au chaud, tous services assurés.

La vie est noire et blanche, sombre et lumineuse, folle et géniale. Et pleine de nuances.

Et entre tous ces extrêmes, entre ces polarités relatives, nous naviguons, surfons, tanguons parfois, faisant du mieux que l’on peut avec ce que nous avons entre les mains, dans les mains, comme le coeur et dans la tête.

Hier, j’exprimais ici que j’ai parfois mal à notre humanité quand je regarde notre monde (d)évoluer. https://atisupino.com/2024/01/15/au-creux-de-lamour/

Mais tout en ayant mal, tout en doutant, tout en désespérant par moments, je décide et veux continuer à croire que quelque chose enfoui au plus profond du coeur de l’humain et de l’humaine est encore bon, juste et généreux. Que c’est la peur – exprimée parfois dans son pôle actif sous forme de colère – qui nous fait parfois faire des folies inhumaines.

Alors, comme on a encore les bons mots pour les dire, semons-les à tous vents ces bene dictions.

Et ce matin, je veux faire place à ceux des autres. Ci-bas, deux textes inspirants, une courte citation d’Edgar Morin, et un plus long et profond de Maya Angelou.

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Vivez poétiquement.
La poésie ne doit pas seulement être une chose écrite , lue , récitée .
C’est une chose qui doit être vécue !
– Edgar Morin

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Une vérité courageuse et surprenante
par Maya Angelou

Nous, ce peuple, sur une petite planète solitaire
Voyageant dans un espace décontracté
Au-delà des étoiles lointaines, à travers le chemin des soleils indifférents
Vers une destination où tous les signes nous l’indiquent
Il est possible et impératif d’apprendre
Une vérité courageuse et surprenante
Et quand on y arrive
Au jour du retour de la paix
Quand on relâche nos doigts
Des poings d’hostilité
Et permettons à l’air pur de rafraîchir nos paumes
Quand on y arrive
Quand le rideau tombe sur le spectacle de haine des ménestrels
Et les visages couverts de mépris sont lavés
Quand les champs de bataille et le Colisée
Ne ratissez plus nos fils et filles uniques et particuliers
Fini l’herbe meurtrie et sanglante
Se trouvant dans des parcelles identiques en sol étranger
Quand la prise d’assaut rapace des églises
Le vacarme hurlant dans les tempes a cessé
Quand les fanions s’agitent gaiement
Quand les bannières du monde tremblent
Vivement dans la bonne brise propre
Quand on y arrive
Quand nous laissons les fusils tomber de nos épaules
Et les enfants habillent leurs poupées avec des drapeaux de tromperie
Quand les mines terrestres de mort auront été retirées
Et les personnes âgées peuvent entrer dans des soirées de paix
Quand le rituel religieux n’est pas parfumé
Par l’encens de la chair brûlante
Et les rêves d’enfant ne sont pas réveillés
Par des cauchemars d’abus
Quand on y arrive
Alors nous avouerons que ce ne sont pas les Pyramides
Avec leurs pierres serties dans une perfection mystérieuse
Ni les jardins de Babylone
Suspendus comme une beauté éternelle
Dans notre mémoire collective
Pas le Grand Canyon
Allumé dans une couleur délicieuse
Aux couchers de soleil occidentaux
Ni le Danube, déversant son âme bleue vers l’Europe
Pas le sommet sacré du Mont Fuji
S’étirant vers le soleil levant
Ni le Père Amazone, ni la Mère Mississippi qui, sans faveur,
Nourrissent toutes les créatures des profondeurs et des rivages
Ce ne sont pas les seules merveilles du monde
Quand on y arrive
Nous, ce peuple, sur ce globe minuscule et sans clan
Qui cherche quotidiennement la bombe, la lame et le poignard
Pourtant, qui demandent dans le noir des gages de paix
Nous, ce peuple sur cette motte de terre
De certaines bouches desquelles sortent des paroles acerbes
Qui remettent en question notre existence même
Pourtant, de ces mêmes bouches
Viennent des chansons d’une douceur si exquise
Que le cœur échoue dans son travail
Et le corps est toujours impressionné
Nous, ce peuple, sur cette petite planète à la dérive
Dont les mains peuvent frapper avec un tel abandon
Qu’en un clin d’œil, la vie est enlevée aux vivants
Pourtant, ces mêmes mains peuvent toucher avec une tendresse si curative et irrésistible.
Que le cou hautain se contente de s’incliner
Et le dos fier est heureux de se plier
Hors d’un tel chaos, d’une telle contradiction
Nous apprenons que nous ne sommes ni des diables ni des divinités
Quand on y arrive
Nous, ce peuple, sur cette voie, corps flottant
Créés sur cette terre, de cette terre
Assumons le pouvoir de façonner cette terre
Un climat où chaque homme et chaque femme
Peut vivre librement sans piété moralisatrice
Sans peur paralysante
Quand on y arrive
Nous devons avouer que nous sommes le possible
Nous sommes le miraculeux, la véritable merveille de ce monde
C’est quand, et seulement quand
Nous y arrivons.

2 réflexions au sujet de « OMBRE & LUMIÈRE »

  1. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    Nous arrivons au tout à chaque moment de connexion. Lorsque nous savons sans explication ce qui est bien ou moins. Je sais, nous cherchons l’inter nette du plus rapide, nous voulons toujours et sans inter éruptions. Toutefois, la ligne de s’inter rompt pas. Une fleur, un nuage, un orage, des douceurs et des guerres et nous savons. Aller vers. L’inter naît dans l’instant d’une connaît-on déjà ce qui porte le rêve ici. Peu importe ce qui se passe, je ne peux me passer d’inter relationnel par écrit, dans le silence et de main dans la main d’humains, de nature et d’oiseaux rares qui chantent et pleurent et qui rient avec moi et de moi. Maman, papa, amis-es et vous et tout: bobos besoin d’amour. Et je sais que malgré tout, y’en a partout.
    Merci pour ta caresse du matin poète de la grande église.

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