LA CONNAISSANCE N’EST PAS CONNAÎTRE

Nous sommes ensevelis sous le poids de l’information, qu’on prend à tort pour de la connaissance; on mélange abondance et quantité comme richesse et bonheur. Nous sommes des singes avec de l’argent et des armes.
– Tom Waits

Depuis que l’accès à l’information est grand ouvert, nous ne savons plus rien, nous nous noyons sous les mots et les images. Auxquels on peut faire dire n’importe quoi, mésinformation quand tu nous tiens. En fait, la prétendue information est encore plus superficielle que la dite connaissance. Elle est partielle, arbitraire et biaisée. Au moins la connaissance scientifique repose sur la confirmation ou l’information d’hypothèses. L’information d’aujourd’hui peut être vraiment n’importe quoi. Naturelle, artificielle ou encore plus, officielle.

Et je suis bien d’accord avec Tommy Boy, on pense savoir ce qui se passe dans le monde quand au fond on en n’a aucune connaissance directe. Car pour avoir une idée globale et complète de ce qui se passe, il faudrait tout lire, à droite comme à gauche, ou, comme le bon Dieu de notre enfance, être omniprésent et partout à la fois. Sauf que les humains ont créé tant de dieux divers à leurs images.

Osho soulignait la grande différence entre acquérir de la connaissance et connaître. Il disait que la connaissance peut parfois être tout au plus pratique mais la plupart du temps bien inutile, car toujours empruntée d’autrui, pas la nôtre, apprises par les mots des autres, ou dans les livres. Il insistait sur le fait que connaître soi-même importe le plus. Connaître signifie savoir d’expérience, apprendre en faisant l’expérience pour soi, de faire sienne une connaissance expérientielle.

Comme si la connaissance concerne surtout la tête, tandis que connaître implique tout le corps, tous nos sens. Et beaucoup d’efforts et d’expériences.

Après tant d’années à chercher la mot dite vérité, ou peu importe comment on nomme ce que l’on peut bien chercher, les mots des autres ne nous satisfont plus. Mon cas en tous cas. On ne veut plus se faire lire le menu ni décrire les mets par un autre chef, on veut goûter. Préparer et goûter le repas. Et faire la vaisselle même car ça fait partie du grand jeu de la vie. On ne veut plus se faire dire où l’on s’en va, on veut y aller. Le voyage est le but. En fait on veut y être dès maintenant. En fait, réaliser qu’on y est déjà, donc arrêter de vouloir aller ailleurs.

Abondance et quantité sont également un autre drôle de couple de faux-amis. On peut en avoir plus qu’assez avec très peu dans les faits. Et on peut en avoir des tonnes et se sentir vide et en manque. Apprendre à prioriser la qualité plutôt que la quantité nous rend instantanément riches. Comme postait mon amie Trishna l’autre jour, si on ne demandait rien, nous serions toujours comblés. Right on Trish !

En fait, rien de mal à demander, on peut toujours passer notre commande à l’existence, il faut seulement y aller mollo sur les attentes, comme sur la forme sous laquelle notre commande arrivera. Car on dit que l’univers ne nous envoie pas toujours ce que l’on veut, mais toujours ce que l’on a besoin. Mais sincèrement, je ne sais pas comment cela s’applique aux gens qui vivent la guerre et la misère.

Alors apprécions ce que nous avons, comme à se satisfaire de ce que nous n’avons même pas demander. Et automatiquement, nous recevons, nous avons déjà reçu. Et ainsi nous sommes déjà comblés si on le prend ainsi.

Richesse et bonheur constituent un autre étrange couple présenté dans l’affirmation de Tom.

Combien de gens riches et qui sont pourtant si malheureux ? Car souvent, quand on en a beaucoup, on en veut toujours plus, et quand on en possède beaucoup, on a tout autant à perdre. Et la perte éventuelle est certaine, comme la mort; en fait elle viendra par elle. Que ce soit nos relations comme nos possessions, nous perdrons tout. Alors apprécions maintenant.

Osho, encore lui, disait only losers can win this game (seuls les perdants peuvent gagner à ce jeu). En ce sens, apprenons à apprécier totalement ce que nous avons en ce moment, que ce soit des choses, des relations ou même la vie, avec la connaissance que ce n’est que temporaire, que tout change et changera. Mais pour vraiment connaître cela, il faut le vivre au long cours. Il faut vivre les deuils, les changements qui sont inévitables. Et être prêt(e)s à ce que tout perdre. Cela nous permet de mieux en jouir pendant que ça passe.

Des singes avec de l’argent et des armes. Indeed Tommy boy. Et malheureusement souvent eux qui agissent le plus. Mais gardons espoir car un coeur humain aussi au milieu de la poitrine.

3 réflexions au sujet de « LA CONNAISSANCE N’EST PAS CONNAÎTRE »

  1. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    Connaissances versus ignorance.
    Paix versus guerre.
    Richesse versus pauvreté.

    Nous opposons tout. Nous vivons dans la dualité. Sans doute par ce que nous nous divisons les uns des autres, nous nous comparons, nous cherchons notre identité dans ce que nous ne voulons être nous. Nous jugeons, nous ne comprenons pas.
    J’en suis. Même souvent.

    Et si nous faisions parti de l’équation totalement. Le défi de l’intégration des connaissances, de la richesse et de la paix. Non point qu’un capacité d’analyser, mais aussi d’aimer entièrement tel quel, pour souffler sur tout dans un même bouquets nos leurres et nos éclats. Nous dire que finalement, tout nous ressemble au moins un peu. Cultiver la gratitude de ce qui est, même de ce qui cloche partout, toutefois aussi avec nous.
    La belle histoire de l’humanité.

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