MOI MOI MOI & DON DE SOIE

Je suis souvent surprise par le dangereux narcissisme que soutient la réthorique spirituelle qui porte autant d’attention à l’amélioration de son individualité et si peu à la pratique de l’amour au sein de la communauté.
– bell hooks

On vient de clore une grosse année pour notre petite église dans la forêt. Alors pour quelques mois on

hibernera.

Un peu du moins. Car nous sommes déjà à préparer notre voyage au Brésil pour notre pèlerinage annuel en février pour prendre part à la fabrication de notre sacré thé pour l’an prochain. Et comme on adore chanter, on continuera de jouer car comme nos travaux spirituels, chanter n’est pas vraiment du travail pour nous, vraiment pas en fait. La musique est notre pratique et nos hymnes sont nos prières. On vise l’atteinte de l’harmonie, on tend vers l’unisson.

Cette affirmation ci-haut (merci Tamara) reflète assez bien mon observation d’un certain pan de l’industrie du mieux-être et de la spiritualité, de la croissance personnelle, de l’amélioration de soi, comme celle du coaching de vie. Beaucoup d’emphase portée sur nos nombrils personnels, sur les beaux slogans, avec des memes éclairants, beaucoup de beaux mots, mais souvent vides de portée. Et pas toujours backés par des actions qui sonnent et résonnent juste. Beaucoup de beaux tatoos pour redorer les corps, pour marquer son individualité, mais pas toujours autant de remises en question de nos prropres actions.

D’autres part, certain(e)s diabolisent la religion, privilégiant plutôt la spiritualité. Mais au fond, deux mots pas si dissemblables car c’est surtout ce que l’on en fait qui importe, comment on l’incarne. Ce sont nos actions concrètes qui sont les fruits de notre réel travail intérieur. Et ce travail n’en est pas tant un d’ajout, d’acquisition, mais plutôt un travail d’allègement, de délestage.

Ça fait 40 ans que je médite, que je me gratte le nombril, que je cherche dehors – au début – comme dedans – de plus en plus.

40 ans que je marche, cours, gigue et titube sur le chemin de l’amélioration de mon petit moi juste à moi, ce petit moi qui cherche à se perdre dans le grand rien du tout.

Pour me rendre compte qu’il n’y a ni croissance personnelle, ni amélioration de soi, ni de quoi que ce soit, ni de je, ni de petit ni de grand moi. Il n’y a qu’observation. Il n’y a que la vie, ici, la vie qui passe, avec tout et nous tous et toutes dedans. Comme le temps.

Dedans, des pensées, des émotions, des sensations qui vont et viennent, et qui reviennent sans cesse, qui passent et repassent. Certaines semblables et en boucle, d’autres plus légères, plus larges, plus inclusives et plus éclairées. Plus centrées vers les autres.

Dedans, et dehors. Des formes, des guerres, des âmes et des peuples qui se cherchent, qui entrent en collision souvent car on dirait que la dualité que nous incarnons doit s’entrechoquer pour s’éveiller.

Je souligne le domaine de l’amélioration de soi, mais je pense aussi aux nombreux cercles dits de médecines, naturelles ou synthétiques, comme aux nouveaux instituts de guérison psychédélique. Me semble que tout porte sur l’individu, du moins beaucoup. Alors que le travail consiste à se sentir lié(e) et relié(e) avec le reste de la création, en commençant par nos soeurs et frères. À devenir de moins en moins et à servir autrui de plus en plus.

Et de plus en plus aussi, j’apprécie l’apport de Ram Dass au monde de la spiritualité occidentale car il était très porté sur le service communautaire et le travail humanitaire.

Souvent, les prétendus éclairé(e)s, les auto-proclamés êtres spirituels, et je m’inclus dans ce groupe de chosen few, on aime se dire conscient(e)s, mais c’est surtout de nous-mêmes et de notre bien-être dont nous sommes conscients. Le monde autour de notre nombril est relativement petit. Le cercle autour de nous très limité, trop limité. Alors que la conscience ne cherche qu’à prendre de l’ampleur, qu’à devenir une et unie.

Dans la vie on peut soit prendre et/ou donner. Si au début on a davantage tendance à prendre, un moment donné, le don de soi va de soi. Et, si doux, de la vraie soie. Ainsi soit-il.

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L’authenticité est l’alignement de la tête, de la bouche, du cœur et des pieds – penser, dire, ressentir et faire la même chose – de manière cohérente. Cela renforce la confiance, et les adeptes aiment les dirigeants en qui ils peuvent avoir confiance.
~ Lance Secretan

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P.S. J’ai un faible pour les gens qui écrivent leur nom en minuscules telle cette bell hooks. Et cette affirmation en particulier sonne une cloche et m’accroche 😉 pour AG celle-ci

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Et ci-bas, article intéressant sur les rites et les rituels. En ce temps particulièrement sensible sur la terre, utile de revenir à certains essentiels.

https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/803982/chronique-homo-ritualis

11 réflexions au sujet de « MOI MOI MOI & DON DE SOIE »

  1. Avatar de AnandgyanAnandgyan

    Oh Papa Bear,
    merci pour la citation
    de bell hooks …

    Même si ce truc grammatical recèle plus d’une fausse modestie
    alimentée d’une soudaine paresse des doigts;
    un « Shift » de moins. 😉

    J’exagère.

    L’habit ne fait pas le moine,
    le moine n’est pas tailleur.
    « no-caps » est l’inverse positif
    de « CAPS LOCK » et le reste
    est habitude.

    héhéhé

    P.S. Je me souviens bien
    de cette première personne,
    rencontrée sur l’ internet,
    qui avait adopté cette « twist »
    avec affection. (Coucou josie!)

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      1. Avatar de RaviRavi

        Bonne fin de journée les 2 « mêlés » des maux….
        Don de soie, de laine ou donne des dons, comme dans la dinde de Noël
        Où la farce de la face au réveillon surprend red nose de face…

        Oups je m’évade de face ou de dos? Ou flash à face; yé temps que l’année finisse

        Merci pour la réflexion initiale, ce pourquoi j’écris…

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  2. Avatar de AnandgyanAnandgyan

    Ref.: « Don de soie, de laine ou donne des dons, comme dans la dinde de Noël
    Où la farce de la face au réveillon surprend red nose de face…

    Oups je m’évade de face ou de dos? Ou flash à face; yé temps que l’année finisse »

    Partageait, demandait Ravi et je réponds:

    De dos.

    Le bas de Nowelle, le bas du dos.

    Le blah-blah de Padrinho et ses mémos;
    faire face à ce qui fesse est honorable.

    Je nous souhaite un autre bon deuil pour 2023
    et de belles surprises pour 2024.

    Un postérieur remarquable entre autres itou.

    Un flash-à-face de bon goût!

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