UN/I(E)S DANS L’ADVERSITÉ

J’aimerais que vous soyez reconnaissant(e) de passer à-travers ces moments tristes avec toutes ces autres personnes. Car je vous le dis, s’il y a une chose pire que d’être triste, c’est être triste et seul(e). Il n’y a personne dans cette pièce – dans cette vie – qui ne soit seul(e). Ted Lasso

Full novembre dehors comme dedans pour plusieurs ces temps-ci. Full novembre dans et sur le monde.

Le gris, la guerre, l’environnement, la dualité grandissante sur les réseaux asociaux, l’inflation et la crise du logement, sans compter tant d’autres dures et confrontantes réalités si concrètes et terre à terre. Pas OK, mais pas encore tout à fait KO, notre civilisation titube, notre humanité chancèle, notre perception de la réalité s’assombrit en ce triste novembre.

Pas facile de ne pas se sentir seul(e) quand notre moral souffre du syndrome de la gravité, que nous sommes plus près de la terre que des nuages. On passe tous et toutes par là à certains moments; c’est notre réalité d’êtres incarnés, l’inévitable loi de la gravité humaine.

Quand on souffre, le monde entier rapetisse à l’échelle de notre misère personnelle, et notre nombril, douloureux et criant, prend toute la place. Le monde a beau souffrir autour de nous, et il y a toujours pire que soi même si la comparaison est inutile, quand on a mal, la douleur prend beaucoup de place, obstrue notre vision et occupe toute l’avant-scène. Notre misère personnelle devient la misère du monde, en même temps qu’on ait tendance à verdir notre regard sur l’herbe des voisins/voisines.

Pour avoir connu des moments de souffrance à différents moments de ma vie, je sais que lorsque notre moral est lourd et gris, il est à peu près impossible de forcer une porte de sortie. L’épreuve requiert acceptation, patience, intégration. Pas de la résignation, mais pas loin. On doit parfois abdiquer devant les limites de notre humanité incarnée. Tout en gardant la foi et l’espoir, ce qui n’est pas toujours facile et parfois, même presqu’impossible à maintenir.

Car quand on s’enfonce en soi, quand on est amené à visiter nos méandres et marais personnels, avec parfois l’impression de presque se noyer dans la tristesse et le désespoir, on ne peut à peu près rien faire pour contrer la tendance du mouvement de la spirale vers le bas. Certains disent qu’on doit atteindre le fond du baril. Mais on dirait que certains barils ont plusieurs fonds.

Peut-être comme jamais auparavant, pour plusieurs d’entre nous du moins, jamais le monde entier n’a connu autant de désespoir généralisé. Ceci se reflète dans nos regards sur le monde et pèse sur nos réalités personnelles jusque dans les moindres racoins de nos âmes.

Quand on ne se sent vraiment pas en forme, les mots d’encouragements en provenance de nos proches peuvent même être perçus comme agressants. Car si on le pouvait, on irait mieux. On n’a pas besoin de se le faire dire. Mais ça veut pas, ça peut pas.

Mais malgré la douleur invisible que certain(e)s portent en leur corps et âme, ce qui la rend difficile à percevoir pour les autres, on doit continuer à vivre, pas comme si de rien n’était mais presque, sans trop la laisser paraître. Pas ça que l’on préfère partager. On doit porter son petit baluchon de misère tout en continuant à vivre, en attendant que ça passe.

Et c’est toujours plus long que prévu, toujours plus long qu’on le voudrait du moins. Souvent, quand ça s’allège le moindrement, on n’ose pas trop espérer, de peur que ça revienne. À force d’avoir mal, on finit par avoir le bonheur fragile et hésitant. Et les attentes prudentes.

Ces temps-ci, dans certains endroits du monde, des milliers de personnes vivent des épreuves inimaginables, des traumatismes écorchant l’âme humaine. Certaines en provenance de l’extérieur, et qui fraient leur chemin à l’intérieur pour y laisser des traces indélébiles, d’autres qui sont déclenchées sans qu’on sache trop pourquoi, ni comment, sans raison apparente. De soi du moins. Mais la souffrance n’est pas belle mais bien réelle.

À ces gens qui traversent des passages difficiles en ce moment, que vos yeux voeint ces mots ou pas, sachez que nous sommes tous et toutes avec vous, tous et toutes ensemble, car personne n’est à l’abri de l’épreuve. Nous sommes tout et toutes vulnérables devant la souffrance, qu’on l’ait réalisé ou pas encore. C’est ce que le fait de vieillir nous apprend. La mort et la souffrance font partie du lot de note humanité.

En espérant que le fait de se rappeler que nous ne sommes pas seul(e)s puisse contribuer à alléger un peu le poids du passage actuel dans votre vie.

Je te vois, te sens et je suis avec toi.
Nous vous voyons, vous sentons et nous sommes avec vous.

En toute notre humanité partagée.

2 réflexions au sujet de « UN/I(E)S DANS L’ADVERSITÉ »

  1. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    Effectivement. La misère des autres s’entremêle avec la nôtre. Les « Misérables » d’un nouveau siècle en pleine scène sur une nouvelle terre, apparemment…Les corps émotionnels se confondent, les frontières du personnel et du collectif se côtoient dans l’intimité. La pagaille. Et malgré, au delà, au choix d’une élévation toujours à recréer, il reste un oasis. Celui de l’espoir et de la conviction que l’âme, la grande, ne s’y mêle pas. Bien sûr les chocs de l’expérience ici bas frappent et font mal, et simultanément, existe la paix hors de zone visible. Voyons plus loin, par les sens de toutes les espérances humaines. Atterrissons le plus souvent possible au cœur de la véritable fraternité, celle à la hauteur de l’instant possible.
    Gratitude Ati de nous rappeler à nous même, et de tenter sans cesse de rejoindre la main de l’autre.

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