PRIER, MAIS ENCORE ?

Quand des drames tels que ceux qui sévissent en ce moment prennent place un peu partout sur notre boule perdue, que peut-on faire ? Prier, bien sûr. Se relier, par le coeur.

Mais est-ce que la prière peut venir à bout de la folie humaine, de l’inégalité et de l’injustice ? La question se pose mais malheureusement, la réponse semble trop évidente.

Car nous sommes nombreux à prier, et malgré tout, nous voyons le résultat se dérouler via les lentilles des médias que nos yeux perçoivent.

De toute façon, les hommes d’églises sont nombreux à prier pour leurs armées respectives qui vont se battre les unes contres les autres au nom du Bien contre le Mal. Et on dirait qu’au moins la moitié prie pour le mauvais Dieu. Et malheureusement, ce sont toujours les innocent(e)s qui paient le prix des paris perdus.

Quand il y a eu (une autre) tuerie de masse au Maine le mois dernier, le nouveau président de la chambre des représentants aux USA a offert ses prières et ses pensées aux familles endeuillées. Sans nullement remettre en question l’accès aux armes car évidemment que ce ne sont pas les armes qui tuent, ce sont les gens. Prières de pacotilles suscitant cynisme et sarcasme. Ce sont nos actes qui comptent, pas nos mots vides.

Genre :

Je questionne l’efficacité réelle de la prière ces temps-ci, encore plus que jamais. Car la prière ne semble clairement pas fonctionner considérant l’état du monde, de notre monde. Est-ce qu’on ne prie pas correctement ? N’y a-t-il personne pour entendre nos demandes ? Ou doit-on revoir notre conception de la prière ? Car clairement, somethings’s not working.

Je crois que l’on prie davantage pour se donner bonne conscience que pour concrètement aider le monde. Car de toute façon, comment aider ce monde ? Comment contrer les bombes et la barbarie ? En manifestant ? Malheureusement, ces manifestions pro et anti ne font que reprendre trop souvent encore une fois la même dualité du Eux contre Nous, et du Bien contre le Mal.

Ou encore, pour le dire crûment, prier peut nous donner l’impression d’aider quand au fond on ne veut pas aider, car on ne sait tout simplement pas quoi faire pour aider dans la plupart des cas. En effet, quoi faire pour aider ?

Personnellement, je préfère le simple silence à la prière à mots. Cultiver une paix simple en son coeur, en lien avec la vie dans toute son entièreté, l’ombre comme la lumière. En acceptant et en ressentant toute la douleur du monde. Tout en gardant la foi et l’espoir vivants. Et en faisant du mieux que l’on peut à notre échelle humaine.

Car par la prière, on ne sait plus à quels Saints se vouer de toute façon. Chacun prie son propre Dieu et le pauvre est tout mêlé, s’il existe. Tant de Dieux différents, tant de langages, tant de demandes trop souvent contradictoires les unes aux autres.

Malgré ce scepticisme, on ne peut que continuer de cultiver la paix dans son coeur, et de poser des petits gestes de bonté autour de soi. Comme ces moines Bouddhistes.

Et osons sentir et ressentir la tristesse sans cultiver une pensée rosée et déconnectée de la situation actuelle de notre monde, et non plus en l’intellectualisant. Car notre monde a mal en ce moment, des millions de personnes souffrent en de nombreux endroits. Gardons-les en notre coeur, pensons à eux et elles, car on nous offre ce devoir, et ce grand privilège de vivre en paix. Et si notre petit bonheur est bien confortable et douillet ici, prière de ne pas déranger, et tant mieux, but there is a world out there.

Ouvrons nos yeux et nos coeurs. Et restons humbles. Et réalistes.

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Il y avait une jardin qu’on appelait la Terre
~ Georges Moustaki

C’est une chanson pour les enfants qui naissent et qui vivent.
Entre l’acier et le bitume, entre le béton et l’asphalte,
Et qui ne sauront peut-être jamais
Que la terre était un jardin.

Il y avait un jardin qu’on appelait la terre.
Il brillait au soleil comme un fruit défendu.
Non, ce n’était pas le paradis ou l’enfer
Ni rien de déjà vu ou déjà entendu.

Il y avait un jardin, une maison des arbres,
Avec un lit de mousse pour y faire l’amour
Et un petit ruisseau roulant sans une vague
Venait le rafraichir et poursuivait son cours.

Il y avait un jardin grand comme une vallée.
On pouvait s’y nourrir toutes les saisons.
Sur la terre brulante ou sur l’herbe gelée
Et découvrir des fleurs qui n’avaient pas de nom.

Il y avait un jardin qu’on appelait la terre.
Il était assez grand pour des milliers d’enfants.
Il était habit jadis par nos grands-pères
Qui le tenaient eux-mêmes de leurs grands-parents.

Où est-il ce jardin où nous aurions pu naître ?
Où nous aurions pu vivre insouciants et nus ?
Où est-elle cette maison toutes portes ouvertes ?
Que je cherche encore mais que je ne trouve plus.

4 réflexions au sujet de « PRIER, MAIS ENCORE ? »

  1. Avatar de Louis BertrandLouis Bertrand

    Et si la prière était un acte de rencontre avec l’impuissance et l’inconnue, le vide et le silence…un acte d’accueil pour toute cette place en nous sur laquelle le vivant viendrait déposer le germe d’une lumière à renaître de notre néant. Un acte d’humilité et de reliance avec l’incommensurable. Prier pour tout au moins tendre la main, sur notre cœur et vers celle tendue vers nous dans le plus éminent présent.

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  2. Avatar de AnandgyanAnandgyan

    (à lire avec un accent chinois)

    B’en, prier n’est pas plier;
    I’m not chicken flied rice;
    I am fried and a FRIEND.

    Tout est « cyclical »…
    Karma chamelon man;
    « cynical ».

    … et puis

    « Sakshin »

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