LIÉS PAR LE COEUR, L’AIR, LA TERRE ET LE FEU

Être sensible c’est ressentir les gens, les oiseaux, les fleurs, les arbres, pas parce qu’ils vous appartiennent, simplement parce que vous êtes éveillé(e)s à l’extraordinaire beauté du monde.
– J. Krishnamurti

Depuis l’horreur de Maui, j’apprécie le confort de mon humble home comme jamais auparavant. En même temps que je suis plus conscient que jamais que je peux tout perdre. J’ai passé 3 mois à vivre sur la plage de Maui dans ma jeune vingtaine, alors ce drame m’a touché tout particulièrement, personnellement. Je vivais à Kihei, mais suis passé plusieurs fois par Lahaina qui n’existe pratiquement plus. Woush ! une grosse rasade de feu et tout a disparu. Fragile la vie. Impermanent. Intemporel. Illusoire même. Je peux seulement m’imaginer ce que ça peut faire ressentir à quiconque de voir sa maison disparaître dans les flammes, que dis-je sa ville, le désarroi que l’on peut ressentir.

Hier matin, après avoir vu que des milliers de personnes ont dû être déplacées à cause des feux de forêt à Yellowknife et Kelowna, où je suis aussi passé plus jeune dans ma période go west young man, je suis allé marcher dans la forêt derrière chez-moi.

Pour m’aérer le coeur et l’esprit, pour reconnecter avec la beauté, avec le moment, avec la vie, avec la simplicité toute naturelle du vivant. Je fais ça quotidiennement ces jours-ci pour me ramener au coeur du réel, car la dureté du monde est frappante en ce moment. Inégalités sociales, apocalypses en série, drames humains tout le tour de la terre. Notre monde, notre terre est en feu et en flammes.

Je peux – seulement en imagination pour le moment – me mettre à la place des gens qui perdent tout, subitement, tout, tout d’un coup. Je pense particulièrement aux personnes âgées, aux parents et à leurs jeunes enfants, aux animaux, aux arbres qui brûlent. Nos pères et nos mères, nos frères et nos soeurs, nos enfants, qui sont en fuite devant le danger. Quelle tragédie. Quel drame. Ça brûle aussi dans mon coeur, dans mon coprs.

Nous pensons posséder des choses, quoi que cela soit, ou parfois même liés à vie à des gens. Et pourtant. Nous sommes né(e)s les mains vides, seul(e)s, et repartiront ainsi. Tout passera, tout nous sera retiré un jour. Soit par le feu, soit par la mort. Comme graduellement ce l’est de toute façon par le temps qui passe.

Ces temps-ci, comme vous aussi j’imagine, le sort du monde me rentre dedans.

La situation est critique. La terre crie. Le ciel brûle.

Et cela nous concerne directement. Même si nous vivons dans une partie du monde relativement protégée, climatiquement modérée, la situation mondiale qui semble souvent si éloignée commence à se rapprocher, à nous chauffer les fesses à nous aussi. Les récents feux de forêt dans le nord cet été nous l’ont fait voir et sentir, voir ressentir. On a pu respirer et sentir de nasu la catastrophe nous aussi.

Il est approprié de s’inquiéter je crois. Du moins se préoccuper très sérieusement. Et de commencer à penser concrètement et rapidement changer nos habitudes car le feu nous pousse au derrière. Même Fitzgibbon se rend compte de l’urgence. Mais on préfère ne pas entendre. L’oreille a tendance à se faire sourde devant la criante urgence. Touche pas à mon confort. Mais la réalité nous rappelle à l’ordre. Ou le fera éventuellement.

Certains prétendent, avec une arrogante certitude et du haut de leur clavier, sur les réseaux, que tous ces feux sont de cause humaine. Qu’en savons-nous ? Et même si cela s’avérait, quelle différence cela fait-il pour les gens qui sont en fuite face au feu qui menace ? Cause divine ou cause humaine, pas de différence. Tout est un.

Dans le confort de leur foyer, encore protégé des flammes pour le moment, certains aiment avancer leurs grandes théories empruntées sur les réseaux algorithmés. Mais cela ne camoufle que très mal leur propre peur devant l’inconnu, leur propre peur de tout perdre leurs choses à eux, leur petit monde.

Si on se sent le moindrement liés de coeur et d’humanité aux gens qui souffrent en ce moment, on ne peut que souffrir nous aussi avec eux, avec elles, pour eux et elles. Par solidarité, par humanité partagée.

En sachant, de plus en plus lucidement, qu’un jour ça pourrait fort bien être notre tour, qu’un jour de moins en moins éloignée, que ça sera probablement notre tour.

Se relier non pas pour souffrir inutilement, ou pour se donner bonne conscience. Simplement parce que la situation actuelle nous concerne tous et toutes.Et pour apprécier le privilège dont on jouit de vivre en paix et en sécurité. Pour le moment.

Être sensible c’est ressentir les gens, les oiseaux, les fleurs, les arbres, pas parce qu’ils vous appartiennent, simplement parce que vous êtes éveillé(e)s à l’extraordinaire beauté du monde. Et à sa lucide et fulgurante réalité.

Soyons sensibles, à soi-même, comme les un(e)s aux autres.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2004653/feu-west-kelowna-mcdougall-evacuation

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