VIVRE À MORT

Tu t’inquiètes à propos de la mort ?
Ne t’en fais pas, c’est certain que tu vas mourir.

– Kodo Sawaki

On dirait que plusieurs personnes quittent leur corps ces temps-ci ou c’est juste mon imagination ? Peut-être simplement à cause de la sociabilité des réseaux qui nous en mettent plein les yeux de nouvelles au sujet de nos ami(e)s.

Car auparavant, les gens mourraient sûrement autant mais on n’en savait rien, pas tout du moins, ou on apprenait la mort de certain(e)s par hasard.

Toujours étrange que l’on soit touché quand quelqu’un qu’on ne connait pas, mais qui était connu publiquement, meurt. Comme si c’était une partie de nous qui tombait.

Donc ça meurt beaucoup il me semble ces temps-ci. Des ami(e)s et connaissances, d’autres gens, connus de moi, ou peu, ou moins, ou pas du tout, de même que les animaux de certain(e)s ami(e)s FB.

C’est peut-être aussi simplement que lorsqu’on vieillit, nos ami(e)s et connaissances vieillissent aussi et que la mort prend plus d’importance, et/ou que l’on s’intéresse plus à la mort. Du corps s’entend. Ou elle qui commence à s’intéresser plus à nous.

La mort est encore tabou. On la craint même si on ne la connait pas personnellement. Car la mort ne peut qu’être personnelle. Car on ne connait rien de celle des autres. La mort d’autrui n’est qu’une idée, un phénomène qui nous touche de près ou de plus loin. Une absence qui se manifestera éventuellement dans le temps.

N’ayant plus mes deux parents depuis un bon bout déjà, je suis le dernier de ma lignée avec mes frère et soeurs. La prochaine génération à passer le pas de la grande porte. Follow the guide.

Je suis particulièrement toujours très ébranlé par le décès des enfants des gens. Car s’il était normal de perdre ses parents, mais pas du tout naturel de perdre ses enfants. Pensées vers mes ami(e)s et connaissances qui sont passé(e) par là; je ne peux que deviner votre peine.

Tout un défi d’apprendre à vivre avec la mort. Au fur et à mesure que passent les années, au fur et à mesure que le corps se flétrit, se ramollit, comme si notre âme s’éveillait. Se réveillait en fait. Car elle a toujours était présente. Elle possiblement qui nous aurait d’ailleurs porté ici, nous convainquant de nous incarner. Encore. Ou pour la seule et première fois, ça d.pend de nos croyances. Même si certain(e)s disent se souvenir clairement de leur vive passée. Pas mon cas. De la misère à me souvenir de tous les détails de celle-ci.

Ah la mort. Quelle compagne. Quelle présence. Quelle amie en devenir. Comme l’affirme Mr Sawaki ci-haut, certain qu’elle va nous arriver. Ou nous à elle. Plus cela finalement. Nous qui nous abandonnerons à elle. Notre corps du moins. Ce corps sur lequel passe le temps et la vie. Ce corps qui mûrit, et qui nous rappelle que même si le temps est un concept qui n’existe pas, pas vraiment du moins, ce temps nous passe dessus et dedans.

Au fil du temps qui passe, et des saisons qui en sont la plus concrète de ses manifestations, la vie nous mène doucement vers la mort. Une mort prévisible dans son arrivée au bout de notre vie mais imprévisible dans sa forme et son moment. La mort, impossible à pressentir, mais possible de sentir venir de plus en plus avec le temps.

Tous égaux face à la mort, et tous et toutes égos dans et devant la mort. La mort à venir, la mort à vivre.

Cette mort qui est notre dénominateur commun, notre lien en cette vie. La seule justice dit-on.

Alors j’imagine que nous devons apprendre à mourir un peu à chaque jour. L’une de nos jobs d’humain(e). Apprendre à mourir pour pouvoir vivre totalement, apprendre à appréhender ce dernier passage du corps, l’apothéose de notre vie.

Vivre à mort. Avant de revenir à la maison.

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COMING HOME

we are coming home / safely coming home
we are coming home sweet home again

As we are approaching, getting closer and closer
we all have to leave our luggage behind
As we’re getting nearer, getting lighter and lighter
we’re finding our way back home again 

para sempre home again para sempre home again

2 réflexions au sujet de « VIVRE À MORT »

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