SILENCE DE GRÂCE

L’enseignement le plus précieux du monde est le silence.

La sagesse, c’est savoir quand parler, et l’intelligence, c’est savoir quand se taire.  
– Socrate

Voilà.

Bonne inaction, de grâce.

ÊTRES D’AVOIRS ET DE FAIRE : DO BE DOUX

Nous avons tendance à penser en termes de faire plutôt que d’être. On pense généralement que si nous ne faisons rien, nous perdons notre temps. Mais ce n’est pas le cas. Notre temps libre consiste tout d’abord à être. Être quoi ? Être vivant, être en paix, être joyeux, être aimant. Et c’est ce dont le monde a le plus besoin.
– Thich Nhat Hanh

Et même perdre du temps, c’est déjà faire quelque chose.

Être, avoir et faire. Les trois verbes fondamentaux. Avec naître, vivre et mourir bien sûr comme méta verbes. Début, milieu, fin.

Évidemment qu’être prime pour nous communs mortels: être vivant, soit être en vie, comme être bien, être en amour, être en paix et être de ce monde.

Même morts nous sommes et nous serons, une fois, mais pour de bon, et pour toujours.

Car nous mourrons en un instant mais nous sommes morts pour longtemps. Ce corps du moins, que nous considérons nôtre bien sûr.

Mourir n’est pas vraiment un verbe d’action, plutôt le contraire en fait. Mourir est davantage un verbe d’état. Quand nous mourrons, nous ne faisons rien en fait, rien d’autre qu’observer la fin de la vie en corps, soit notre coeur et/ou notre respiration qui cessera de fonctionner, puis notre âme qui quittera le corps. J’imagine. Qui mourra verra verrat.

OK maintenant que nous avons évacué l’acte de mourir et l’état incertain qui s’en suit, occupons-nous de vivre. Ce vivre qui inclut nos trois verbes primordiaux: être, avoir et faire.

Nous n’avons rien à faire pour venir au monde, sinon peut-être le désirer fortement ? – ça se fait pas mal tout seul. Ben, relativement. Avec un peu d’aide de nos parents, et surtout de notre mère. Comme pour le reste.

Ensuite on nous apprend à faire, mais pas toujours à être.

D’où le conseil de Mr Hahn ci-haut.

Pour les besoins de la cause chose, si on veut continuer à jouer avec nos verbes d’action, on peut dire qu’être est souvent défini par ce que l’on fait. Surtout dans la vie, comme travail, comme réalisation professionnelle. Question qui constitue souvent une entrée fondamentale en matière quand on rencontre quelqu’un pour la première fois.

Décidément, faire et être sont dans l’air ces jours-ci pour le ptit chroniqueur wannabe.

Hier, je postais justement ces quelques mots de Melanie Lau :
La culture occidentale nous fait croire que nous sommes vivant.e.s dans un but précis, pour travailler, pour produire, pour faire de l’argent.
Certaines cultures autochtones avancent plutôt que nous sommes vivant.e.s simplement telle qu’est vivante la nature : que pour être ici, pour être beau et belle et un peu étrange.
Nous n’avons pas besoin d’accomplir quoi que ce soit pour mériter notre humanité.

Alors, je suis ce que je fais ? Ou je suis tout court ?

Un peu des deux et pas vraiment, mais en partie.

Mais peut-être que dans la vie, nous sommes surtout comment l’on fait ce que nous avons à faire, ce qui nous offert à faire. Qu’on le choisisse ou pas.

En effet, quelle qualité de présence apporte-t-on aux choses que l’on doit faire ?

Être ou ne pas être. Est-ce même une question ? Car on ne fait pas d’Hamlet sans casser des jeux… de mots.

Parlant de nos verbes fondamentaux, être et avoir entretiennent également une drôle de relation dans leur passage du français à l’anglais et vice et versa. Les anglais semblent davantage être alors que les français versent plutôt dans l’avoir.

En français on a faim, en anglais we are hungry.
En français on a froid, en anglais we are cold.
En français on a soif, en anglais we are thirsty.

Il y en a d’autres, et des exceptions, mais vous comprenez l’idée. Si pas, ne vous en faites pas. Don’t worry, be… happy.

De toute façon, nous sommes tous et toutes des êtres d’avoirs.

J’ai donc je suis ?

Peut-être que si on a acheté ça, on s’est fait avoir ? Allez savoir.

Et en terminant, une classique un peu galvaudée.

Car si les formules être et faire one été attribuées autant à Socrate, Platon, Nietzche qu’à Kant – tous des hommes bien sûr car les femmes étaient probablement occupées à tout faire pendant que les boys péroraient, plus ça change… – avec Sartre qui a réussi à être mentionné dans la liste, ou à y faire sa place c’est selon, c’est Sinatra qui a eu le dernier mot.

Soyons doux avec nous, avec tout.

Tourlou.

Sioux.

QU’ÊTRE HUMAIN

La culture occidentale nous fait croire que nous sommes vivant.e.s dans un but précis, pour travailler, pour produire, pour faire de l’argent. Certaines cultures autochtones avancent plutôt que nous sommes vivant.e.s simplement telle qu’est vivante la nature : que pour être ici, pour être beau et belle et un peu étrange. Nous n’avons pas besoin d’accomplir quoi que ce soit pour mériter notre humanité.
– Melanie Lau

Je fais donc je suis. Faire pour être. Mais que fuis-je ?

Et si je ne fais rien ? Qui suis-je ? Que suis-je ? Qu’en sais-je ?

Hier, avec quelques ami.e.s virtuels bien réels, nous n’avons rien fait de la journée. Ensemble, en ligne, nous n’avons qu’été. En cette réelle journée d’automne. Viva la pluie.

Nous n’avons rien fait pour la paix dans le monde. Tout ça, et rien de plus.

Oh, on a bien écouté un peu de musique pour mettre le silence en valeur. On a aussi écouté quelques mots sages ici et là, mais surtout ici. On s’est assis, on a respiré, on a observé la vie. En silence. En cachette presque. Et en pensées, qu’on observait comme le reste de ce qui passait. Nous n’avons qu’été.

Pour commémorer l’attaque meurtrière du Hamas sur Israël il y a 2 ans, comme pour porter en nos coeurs l’horrible sort des gens de Gaza en nos coeur et nos pensées, nous n’avons rien fait qui vaille, rien fait du tout. On a fait ce que certains appellent méditer.

Mais méditer n’est pas faire quelque chose. Au contraire même. Méditer c’est ne rien faire d’autre que de se laisser vivre, se sentir vivre. Vivre pour rien, vivre pour et dans tout. Juste vivre. Ce qui inclut survivre et exister.

Se tasser du chemin pour simplement être vivant, être humain, être rien et le faire totalement, complètement. Comme les plantes, les animaux et le reste de la création.

Un grand luxe en effet que de simplement se laisser faire, se laisser vivre.

Parfois il est primordial de prendre un pas de recul sur la vie. Physiquement, ou métaphoriquement. Une pratique simple et surprenante. On voit des choses qu’on ne peut pas voir quand on se tient au milieu de la mêlée. (Simon SInek)

Arrêter et apprécier sa propre présence.

Car parfois, quand on est trop dedans, la vie va trop vite pour qu’on puisse la voir et la regarder. Parfois, la vie nous entraîne.

Alors, parfois, on doit se tasser du chemin et observer la parade. On arrête, on pèse sur la clutch. Le moteur continue de rouler mais on n’est plus embrayé.e., on se désengage. Désengagez-vous qu’ils disaient les Romains. Ou le contraire.

On observe les pensées passer et on les laisse aller. On observe sa respiration, in and out, on and on. Ça se fait tout seul. On observe le trafic des sensations, et on ne fait rien. On laisse faire la job à la vie qui se fait toute seule. On ne fait que dire oui à tout ce qui passe, monte et descend. Comme à rien parfois.

Parfois on se perd dans nos pensées, et on revient. J’en reviens pas mais on finit toujours par en revenir. On finit toujours par revenir à soi. À maintenant, un vrai présent celui-là, on finit toujours par revenir à là où l’on est. Et tout finit par passer. La vie, les pensées, émotions, ressentis, comme nous dedans. Tout passe. Par ici. Et tout passe par là. Passe-partout.

Et avec le temps qui passe, on finit par laisser la vie nous rendre humble. On arrête de chasser les grandes affaires et on apprécie davantage les toutes petites. Du temps pour soi, de la bonne nourriture (quel luxe quand on y pense et qu’on regarde le monde aller), de longues marches, et du temps de qualité avec des êtres chers. La simplicité devient le but ultime.

Oui, simple la vie quand on la laisse être telle. Quand on a la chance, ou la sagesse, ou le courage, ou pris la décision de la laisser être telle.

Parfois, essentiel de sacrer la paix au monde.

Sacrée, la paix.

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Tout être humain a besoin de créer.
Mais s’il n’a pas développé les facultés qui lui permettent d’entrer en contact avec les mondes supérieurs, ses œuvres ne seront que des copies, des reproductions, et non de véritables créations.
Exactement comme lorsque les pères et les mères reproduisent leurs propres faiblesses et déficiences chez leurs enfants : ils appellent cela une création, en réalité ce n’est qu’une reproduction.
La vraie création fait appel à des éléments de nature spirituelle.
L’artiste qui veut créer doit se dépasser, se surpasser, c’est-à-dire que par la prière, par la méditation, la contemplation, il doit aller capter des éléments dans les régions célestes.
C’est à cette condition que ses œuvres posséderont des éléments susceptibles de dépasser le niveau de conscience ordinaire et mériteront le nom de «création».

– de source inconnue de moi

8,23 MILLIARDS DE PERSONNE

Il y a deux chemins, et essayer de bien comprendre quels sont ces deux chemins: le premier consiste à prouver au monde extérieur que vous êtes quelqu’un, et l’autre consiste à entrer en vous et réaliser que vous n’êtes personne.

Si on pousse ce raisonnement à l’extrême, et si personne n’est quelqu’un, ce qui est quelque chose en soi, eh bien le monde n’existe pas, le monde n’est rien, le monde est peuplé de milliards de personne.

Pourtant, beaucoup de souffrance dans le monde. Beaucoup de chaos et d’incompréhension. Personne a mal et le monde souffre.

Aujourd’hui, on commémore 2 années durant lesquelles des milliers de personnes ont été tuées, durant lesquelles des milliers de personne ont été tués. Un pays démoli et réduit en ruines. Un monde divisé.

Les mots nous manquent devant tant d’horreur. Et on ne parle même pas de quelques-uns de nos voisins très quelqu’un virés sul top en bas de chez-nous. Ni d’Haïti, ni du Yémen, ni d’ailleurs. Le monde est fou, le monde est stoned.

Parce que nous avons ce luxe, ici, dans cette partie du monde, aujourd’hui, nous serons quelques personnes personne qui méditerons, en silence, en ligne, ensemble, face à l’impuissance de solutions autres devant le chaos et la dualité exacerbée en extrêmes polarisés assassins.

Ni quelqu’un, ni personne.

Un tout ptit rien entre les deux, témoin de tant de souffrance man made. Clairement, l’humain est l’animal le moins civilisé.

Ci-bas, quelques mots des autres pour nommer mon silence ainsi que le lien vers une invitation au silence.

Zoom sur la paix.

Dedans comme dehors.

En quelqu’un et en personne.

Pour tous et toutes.

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Tout ce qui n’est pas réel… s’effondre.
Tout ce qui est bâti sur le mensonge, la cupidité, le contrôle et l’ego… est en train d’être anéanti.
Nous observons le monde se déchirer entre vérité et illusion.

Chaque fausse structure… gouvernements, religions, entreprises, relations… tout ce qui n’est pas ancré dans l’amour ou l’intégrité… est exposé pour ce qu’il est.
Les masques sont tombés… l’énergie ne ment plus.
On ne peut pas feindre l’alignement sur cette fréquence.

On ne peut pas se cacher derrière des titres ou des apparences.
Si votre âme n’est pas pure d’intention… la vibration elle-même la fera remonter à la surface.
C’est pourquoi tout cela semble chaotique.
C’est pourquoi tant de personnes remettent en question leurs anciennes vies, abandonnant leurs anciennes vies.
Ce n’est pas de la destruction… c’est un éveil.
Le démantèlement est la porte d’entrée vers le réel.
Alors, quand tout commence à trembler autour de vous… respirez.

Restez centré.
Ne courez pas après ce qui s’effondre.
Laissez-le tomber.
Car ce qui restera debout après cette tempête… constituera le fondement de la Nouvelle Terre.
C’est la purification de l’humanité… et le souvenir de qui nous sommes vraiment.

– Zachary Fisher

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Tout ce qui est jeune vieillit, toute beauté s’estompe, toute chaleur se refroidit, toute luminosité s’affaiblit, et toute vérité devient fade et banale.
Car toutes ces choses ont pris forme, et toutes les formes sont usées par le temps ; elles vieillissent, s’abîment, tombent en poussière, à moins de changer.
Mais elles peuvent changer, car l’étincelle invisible qui les a engendrées est suffisamment puissante pour une génération infinie.
Nul ne devrait nier le danger de la descente, mais on peut s’y risquer.
Nul n’a besoin de s’y risquer, mais il est certain que quelqu’un le fera.
Et que ceux qui descendent le chemin du couchant le fassent les yeux ouverts, car c’est un sacrifice qui effraie même les dieux.
Pourtant, chaque descente est suivie d’une ascension ; les formes qui disparaissent sont façonnées à nouveau, et une vérité n’est finalement valable que si elle subit un changement et porte un nouveau témoignage, par de nouvelles images, dans de nouvelles langues, comme un vin nouveau mis dans de nouvelles outres.

– C.G. Jung (Symboles de transformation)

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Le but de la vie n’est pas simplement d’être heureux.
Il s’agit d’être utile, intègre, compatissant ; de laisser derrière soi une trace, aussi infime soit-elle, qui rende le monde un peu meilleur.
Vivre pleinement, c’est transmettre un héritage qui témoigne que l’on a vécu et vécu avec justesse.
Que ce soit en veillant sur un enfant, en cultivant un jardin ou en œuvrant à l’amélioration des conditions humaines, le véritable accomplissement réside dans cette certitude intime : grâce à ta présence, une vie au moins a respiré plus librement.
Voilà, en vérité, ce qu’est toucher à l’essence même de la vie.

– Ralph Waldo Emerson, via Khirad via Yasmin Nor

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7 octobre 2023 – Dans le gouffre des extrêmes, le miroir de l’inhumanité

J’éprouve un terrible malaise au moment d’écrire ces lignes. Le besoin de dire se heurte à la nausée qui me saisit devant le déchaînement du monde – cette nausée que Sartre avait déjà décrite, face à l’absurde d’exister. Depuis ce 7 octobre 2023, un maelström de déraison emporte les certitudes, brouille les repères, fait vaciller jusqu’à l’idée même d’humanité. Comment écrire sans trahir, comment comprendre sans absoudre ?

Il y a deux ans, à l’aube, la frontière sud d’Israël s’est déchirée. Des hommes du Hamas ont pénétré dans des kibbutz et des villages, massacrant, enlevant, brûlant. Ce jour-là, le monde a vacillé devant la nudité du mal. La mort s’est acharnée contre des enfants, des vieillards, des civils endormis. Rien, jamais, ne peut justifier cela. L’histoire n’offre pas d’excuse à l’inhumain.

Mais le 7 octobre 2023 n’est pas né du hasard. Il est l’enfant monstrueux d’un enchaînement de frustrations, de haines, de mépris et de manipulations. Il est la revanche du désespoir sur la raison, le symptôme d’un conflit que l’on a trop longtemps voulu gérer au lieu de résoudre. Chaque humiliation porte en elle sa future explosion, chaque manipulation son futur massacre.

Le Hamas porte la terrible responsabilité d’avoir perpétré un pogrom rappelant les plus sombres séquences de l’histoire. Cette abomination a souillé jusqu’à l’idée même de la lutte palestinienne, en la livrant aux ténèbres qu’elle prétendait conjurer. Le gouvernement à composante d’extrême droite de Benyamin Netanyahou y a répondu par une déferlante de feu qui a transformé les flammes de l’enfer en opprobre d’allure génocidaire, drapant Israël d’un voile de honte. L’humanité tout entière contemple désormais ce conflit comme une plaie purulente au flanc du monde.

Rien, à mes yeux, ne légitime l’usage de la violence aveugle qui frappe femmes et enfants. Ni ce qui s’est déroulé le 7 octobre, ni ce qui a conduit au 7 octobre, ni ce qui a suivi le 7 octobre. Toute cause qui s’abandonne à la barbarie se renie elle-même ; tout État qui confond justice et vengeance s’égare dans la même nuit morale.

Ainsi, à la barbarie du Hamas a répondu la démesure d’un pouvoir enfermé dans sa peur et sa colère. Entre les deux, un peuple pris en étau : les Palestiniens, condamnés à vivre et à mourir dans les ruines, et les Israéliens, condamnés à survivre dans l’angoisse du prochain cri d’alarme. Deux destins captifs des mêmes extrêmes.

Et, au-delà des frontières, ce conflit dont se repaissent les extrêmes de tout poil agit comme un poison planétaire. Il offre aux charognards politiques de tous bords un théâtre sanglant où exciter la haine : antisémitisme, xénophobie, sentiment anti-musulman. Partout, des pyromanes de discours attisent les braises pour mieux s’éclairer de l’incendie.

L’extrême, c’est la foi dévoyée, celle qui sacralise la mort. C’est le nationalisme enragé qui transforme la patrie en forteresse et l’ennemi en abstraction. L’extrême, c’est l’idée qu’on ne négocie plus, qu’on ne reconnaît plus, qu’on ne doute plus. C’est la logique froide des absolus : tout ou rien, eux ou nous. Et quand l’humanité s’abandonne à ce langage, il ne reste plus qu’une litanie de ruines où chacun se dit victime, et personne ne veut être responsable.

Le 7 octobre 2023 n’est pas un accident de l’histoire : c’est son avertissement. Il rappelle ce qui arrive quand la raison abdique devant la rage, quand la peur devient le seul horizon politique. Il nous dit aussi que la mémoire ne sert à rien si elle n’est pas doublée d’une morale. Car la mémoire, seule, sait se venger ; la morale, elle, tente de comprendre pour ne pas recommencer.

Deux ans plus tard, alors que des pourparlers fragiles se tiennent entre médiateurs égyptiens, qataris et américains, et que les plans de paix se multiplient comme des mirages, il faut revenir à la seule exigence qui vaille : refuser les extrêmes, sans hiérarchie, sans calcul. Refuser le terrorisme islamiste et le messianisme guerrier. Refuser la vengeance comme gouvernance. Refuser que la peur soit la boussole d’un peuple et l’effacement, le destin d’un autre.

L’histoire du Proche-Orient est une longue suite de promesses trahies : des traités sans lendemain, des trêves sans paix, des discours sans justice. Mais l’histoire n’est pas fatale ; elle obéit à ceux qui osent la dérouter. La paix n’est pas une faiblesse ; c’est une force que seuls les peuples épuisés par la haine peuvent encore trouver.

Un jour, peut-être, Israéliens et Palestiniens se reconnaîtront à nouveau comme voisins, non comme spectres. Alors le 7 octobre deviendra ce qu’il doit être : non plus le symbole du sang, mais celui du sursaut. D’ici là, il nous appartient de tenir cette ligne étroite, ce mince fil d’humanité, entre la justice et la vengeance, entre la peur et le fanatisme.

Parce qu’à chaque fois que l’extrême triomphe, c’est l’homme qui disparaît.

Rudy Dermotte

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https://us02web.zoom.us/j/87280904672
ID de réunion: 872 8090 4672
Code secret: 153147

LE SORT DU MOI LE SORT DU MONDE

Votre principale raison d’être
. Même si vous êtes un être qui peut se réincarner, l’être que vous êtes maintenant n’a qu’une vie à vivre. Ainsi votre principale raison d’être en cette vie consiste à vivre votre vie le plus totalement que vous le pouvez, en tant que l’être que vous êtes maintenant. Voilà. Et la façon de vivre votre vie le plus totalement possible consiste à faire ce qui vous passionne le plus, avec intégrité. Aussi simple que ça.

Qu’une vie à vivre. Pour le moment. Une vie à la fois. Avec foi malgré l’état du monde. C’est déjà beaucoup une vie. En tous cas, si ce n’est pas too much, c’est au moins assez, et même plus, en masse. Et parfois plus qu’en masse, en massue.

Faire et apprendre tout ce que doit, ce qu’il faut, comme il le faut. Day in day out. Et encore là, nous on l’a plutôt facile right ?

Quelques milliers de jours en tout dans une vie, mais toujours qu’un jour à la fois. Qu’une respiration à la fois même. Chaque souffle dans la foi.

Trouver ce qui nous passionne et le faire avec coeur ? Sure. Indispensable même. Mais parfois, ça prend un peu de temps à trouver. Faut être patient.e. Et essayer toutes sortes d’affaires, cogner à diverses portes.

Certain.e.s. y arrivent, d’autres pas. Ainsi va la vie, ainsi vont nos vies.

S’occuper de sa propre vie – car qui d’autre le fera ? – tout en se préoccupant du sort du monde car de notre monde dont il est question.

Se préoccuper du sort du monde mais pas seulement, ou pas trop en tous cas, car grand grand le monde. Et pas tant que ça que l’on puisse faire pour l’alléger, le soulager le sort de ce vaste monde. Mais on peut quand même en faire un ptit peu autour de soi pour shiner un peu de lumière, apporter un peu d’espoir, comme notre humble contribution. Car toute personne heureuse contribue à sa façon.

Quand même tout un équilibre à trouver entre cultiver son propre petit bonheur personnel et se soucier du sort du monde non ? Fin équilibre. En constant déséquilibre.

Je n’en connais pas trop au sujet de la réincarnation, même si je sais qu’on doit vivre cette vie au max. Une vie à la fois, chaque vie dans la foi. Avec passion, totalité et sincérité. On se reposera dans l’entre deux. Ou on disparaîtra. Qui mourra verra, ou pas.

Mais je dois avouer que lorsque je regarde le sort du monde, le sort de certaines personnes en ce vaste monde difforme et multiformes, quelque chose en moi est dérangé. Tant qui ne mangent pas à leur faim, qui n’ont pas de maison, ou qui vivent déraciné.es et même bombardé.es. Ouch à notre humanité.

En particulier le sort de certains enfants qui m’indispose car on a beau pratiquer l’art du zen et se dire que ce qui est est ce qui doit être, me semble que ce n’était pas censé être comme ça. Du moins que ça devrait être plus doux pour les tout petit.es, nos tout-petit.es.

Car nous vivons dans une société de désirs, et surtout de course à la satisfaction de nos désirs. Mais à quoi bon assouvir ses besoins et ses désirs quand le sort du monde est autant à la dérive ? La question se pose, en tous cas moi je me la pose. Et tout ne dépose pas encore, ni les réponses ne me reposent.

Sincèrement, mes petits désirs m’importent de moins en moins si et quand le monde autour crie famine et se bombarde à coups de bombes et de coups de gueules acérées.

Ce meme le dit bien.

Je veux, je veux, je veux. Quotidiennement, on entend des gens dire ce qu’ils/elles veulent. Mais voici ce que moi je veux: je veux que les gens malades guérissent, que les enfants orphelins soient adoptés, je veux que les gens n’aient jamais à s’en faire pour un logis, de la nourriture ni de la chaleur. Mais plus que tout, je veux que tout le monde prenne soin les un.e.s des autres.

You can say I am dreamer, mais je sais que je ne suis pas le seul.

Ainsi, bien sûr que l’on doive trouver et vivre avec passion sa propre vie, et que ça commence par soi, mais quand le petit moi se place au coeur du monde, moi et les autres, est-ce si différent ?

Profitons de ce que nous avons et de ce que nous sommes, pendant que ça passe. Car this too shall pass.

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Bonté

Avant de savoir ce qu’est vraiment la bonté,
il faut perdre des choses,
sentir l’avenir se dissoudre en un instant,
comme le sel dans un bouillon appauvri.
Ce que vous teniez dans votre main,
ce que vous avez compté et soigneusement conservé,
tout cela doit disparaître pour que vous compreniez
combien le paysage peut être désolé,
entre les régions de la bonté.

– Naomi Shihab Nye, Les Mots sous les Mots.

AGIR LOCALEMENT ET PASSIONNÉMENT

Nous allons passer par des temps très difficiles: socialement, politiquement mais surtout sur le plan environnemental. Si vous pensez globalement, vous deviendrez très découragé.e.s, alors agissez localement. Chacun.e de nous a un certain impact… chaque jour. – Jane Goodall

Farewell Mme Goodall, et see you soon. Quelle belle être humain elle fut cette femme pionnière. C’est quand ils partent que ces personnages plus grands que nature se révèlent dans toute leur immensité. Thank you !

Ce qu’elle dit ici fait tellement de sens. Du sens à court terme, du sens à courte vue et distance rapprochée. Sens unique et seul sens que l’on peut suivre et donner à notre vie. Le sens de notre passion de vivre. Injecter le sens de passion dans tout ce que l’on fait.

Car en effet, ça brasse et ça bardasse socialement, politiquement et environnementalement (wow un long mot ça), et ça va continuer de le faire on dirait bien. Sens unique et inévitable. On avait perdu le sens.

Comme on dit : à la fin, tout ira bien, ainsi si ça ne va pas bien maintenant, c’est que ce n’est pas encore fini. Alors on continue de continuer. De toute façon, la vie va et avance toute seule, d’elle-même, avec nous dedans et elle en nous.

On continue de vivre nos petites vies, confortables et plutôt douillettes ici, tout en gardant en tête et en coeur le sort des êtres humains du monde entier, nos soeurs et nos frères, nos pères et nos mères, nos fils et filles. Une grande famille et non une course la human race.

Quand on est – plus – jeunes, certain.e.s d’entre nous, parfois, à certaines périodes, on veut changer le monde. On se pense tout puissant.e.s, on a des idées de grandeur, on veut performer, accomplir, se réaliser. Cela est juste et bon. Mais avec le temps qui passe, quelque chose de magique se passe aussi en nous et autour.

Le corps ralentit, notre lucidité grandit – on l’espère – et on mature, on s’assouplit, on s’assagit. Et on réalise qu’on ne peut pas changer grand chose en ce vaste monde, sinon à petite échelle, avec humilité, avec respect des autres.

On peut surtout modifier notre perception de ce monde et de ses habitant.e.s. Et apprendre à accepter ce qui est. Et changer ce que l’on peut.

Et comme le dit ce cher Marc Aurèle, tout organisme vivant s’épanouit lorsqu’il est engagé sur la voie qui est juste pour sa propre nature. S’agit de trouver sa propre nature.

Bashar dit un peu la même chose, mais le présente autrement: Agir en suivant sa passion doit être fait pour la pure joie de l’action et non pour ce que ça pourrait vous rapporter éventuellement. Sinon vous rendez votre passion conditionnelle et dès que vous faites quelque chose dans un but précis, vous abaissez votre fréquence

Alors observons l’état du monde entier, soyons conscient.e.s., ayons empathie et respect pour tous les êtres vivants, et identifions où notre passion peut nous mener à avoir un impact autour de nous.

La vie devient ainsi plus simple, plus humble, plus vivable.

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Il faut apprendre à marcher plus lentement, à faire nos adieux à ce que nous étions, et à accueillir ce que nous sommes devenus.
Vieillir, ce n’est pas seulement une affaire de temps, c’est une épreuve de courage : accepter notre nouveau visage, embrasser avec fierté ce corps qui nous a portés, et laisser tomber les peurs, les jugements, les fardeaux que les années n’ont pas su effacer.
Vieillir, c’est apprendre à être en paix avec soi-même, à lâcher ce qui ne nourrit plus, et à chérir ce qui demeure encore.
C’est comprendre que la vie se transforme, que les adieux jalonnent la route, et que chaque larme versée peut ouvrir la voie à un sourire nouveau, à un rêve inattendu, à une raison de plus de continuer d’avancer
.

– Alejandro Jodorowsky via Christine Pilar Estirac

VIES D’ANGES

Oui, nous sommes de la poussière d’étoiles, mais les déchets aussi alors calmons-nous le ponpon.

J’ai choisi de traduire ce funny meme au Nous, car moi aussi, probablement comme toi itou, on se prend pour de la poussière d’étoiles sometimes. Poussière, poussière. Et nous le sommes. Also.

Mais so is garbage… Schlak !

Comme l’est chacun des quelques 8 milliards d’êtres humains vivant en ce monde, tout comme les animaux, les plantes, les roches, et toutes les choses, même celles en plastique et en polymer qui vont aller dépérir pour une quasi éternité au dépotoir.

Tout ce qui vit est sacré. Mais on dirait que les êtres humains, nous, sommes parmi les plus stupides et destructeurs parmi tout ce qui foule la terre.

On altère la terre jusqu’au point où elle ne sera peut-être plus vivable éventuellement.

On développe une sorte d’intelligence qui va possiblement finir par nous contrôler et nous mener par le bout du nez. Déjà bien parti avec les algorithmes.

Parlant d’algorithmes, nous vivons au rythme de nos égos. Et en ce sens, même si nous le sommes tout, égaux, certains le sont plus que d’autres. Des personnes, comme des gouvernements.

Je ne nomme pas de nom. Pas besoin. On voit. On vous voit. On vous voit aller et faire.

Mais ce que l’on voit moins, ce sont des tonnes de personnes de bonne volonté qui s’activent aussi sur la terre. Comme sur la mer. Notamment, la flottille des embarcations qui sont allées porter secours aux gens de Gaza. Quelle passionnante, courageuse et généreuse aventure.

Tout est poussière d’étoiles. Anges incarnés. Comme démons. Comme certains ongles. Chilling incarnés. Alors un peu d’humilité, de respect et de légèreté. Avec un soupçon d’outrage devant l’injustice et l’inhumanité.

Ce que l’on décide de faire de notre petit tas de poussière personnel nous revient. On ne peut qu’agir en fonction de sa conscience, en fonction de ses valeurs. Pour le bien du plus grand nombre.

Certains naviguent pour la paix, d’autres mitraillent pour la mort.

Certains sèment de la vie, d’autres dealent de la guerre.

Certains encouragent autrui, d’autres les abaissent et les baisent.

Certains méditent et disent du bien – bene dictions – d’autres médisent et parle mal – male dictions.

Chacun.e son petit destin personnel, avec les conséquences de nos actes au bout du compte, au bord du coeur. Mais on doit trouver la voie juste pour soi, on doit juste trouver sa voix dans ce grand concert tumultueux et trop tumultueur.

Tant de folie à décrier, tant d’inhumanité à équilibrer avec nos petits gestes naïfs, candides et bons. Car comme disait Joshua de son ptit nom il y a une couple de milliers d’années justement dans le coin où ça badass pas mal en ce moment: heureux les simples d’esprit car le royaume des cieux est à ielles.

Alors à moi, à toi, à vous et à nous, simples en estie, continuons de faire du mieux que l’on peut, continuons à vouloir la paix et à la faire à notre toute petite et humble mesure sans mesure. Jusqu’au moment où la grande balayeuse cosmique passera et fera table rase, jusqu’au prochain deep cleaning.

En attendant, on peut suivre en direct les ami.e.s de la paix au large de Gaza.

Et garder espoir, en s’ouvrant à une nouvelle pluie de poussière. Sans parapluie.

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Développons le respect pour tous les êtres vivants.
Essayons de remplacer la violence et l’intolérance par la compréhension et la compassion.
Et l’amour.

– Jane Goodall

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Si nous commençons à entrer en contact avec nos émotions avec bienveillance, nos carapaces se dissiperont et nous découvrirons que davantage de domaines de notre vie sont exploitables.

– Pema Chödrön

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Ma vision de l’actualité
Début janvier 2020, j’ai eu une vision. Je me suis retrouvé complètement hors de la matrice humaine, c’est-à-dire de tous les systèmes humains d’éducation, de religion, de politique, d’économie, etc.
Cette matrice englobe toutes les croyances humaines tenues pour vraies par les esprits individuels et le collectif, y compris toute l’histoire, les souvenirs, les aspirations, etc.
De ce point de vue, ce que je percevais comme l’ancienne matrice humaine était plus absurde qu’aucun mot ne peut le décrire.
Depuis de nombreuses années, je sais que nous [tous les humains] sommes à l’aube d’un nouveau tournant évolutif.
J’en parle depuis plusieurs années, lors de mes présentations en groupe et lors d’interactions individuelles.
La vision qui m’est venue très tôt en 2020 était un ensemble d’informations très compact, qui s’est développé en profondeur, notamment depuis le début de notre confinement.
Les anciens systèmes ne peuvent tout simplement pas être améliorés suffisamment pour le nouvel humain ; leurs fondations sont défectueuses.
Personne ne construirait une nouvelle maison magnifique sur les fondations d’une minuscule cabane délabrée.
Il était clair pour moi alors, et plus encore aujourd’hui, que nos anciens systèmes, croyances et pensée collective ne peuvent accueillir le nouvel humain.
Les anciens systèmes doivent être déconstruits à mesure que les nouveaux systèmes deviennent visibles et que nous choisissons collectivement d’accepter ou de créer la nouvelle réalité.
Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est précisément la fin des anciens systèmes et méthodes qui soutenaient une conscience inférieure.

Ce qui existait auparavant ne peut accueillir le nouvel humain et la nouvelle réalité de la conscience.
Que la déconstruction prenne la forme d’un virus ou non importe peu, que les politiciens réagissent par des efforts accrus pour contrôler la population ou non importe peu, et qu’il y ait des émeutes ou d’autres manifestations extérieures ne sont pas la véritable cause.
La nouvelle réalité humaine arrive, que nous soyons prêts ou non ; de nombreux changements se produisent cette année et peut-être au-delà.
Ces changements sont les symptômes d’un changement universel pour la planète Terre et tous ses habitants.
La visualisation des résultats sous forme d’événements est une question d’efficacité ; lorsqu’un ouragan, un volcan ou un tsunami se produit, la nature suit le cours le plus efficace.
Le cerveau humain est enclin à maintenir ses anciennes structures de croyances, car nous les avons conçues [la plupart du temps inconsciemment] pour nous sentir en sécurité, ce qui implique d’éviter l’incertitude.
Cette sécurité que nous avons construite était notre tentative de compenser notre sentiment d’être des entités distinctes dans un monde menaçant.
Ces tentatives automatiques de renforcer notre stratégie de survie sont appelées biais de confirmation.
La plupart des individus, poussés par ce biais cérébral négatif, sombrent dans la peur et s’accrochent à de vieux systèmes de croyances qui doivent disparaître.
La spiritualité est un éveil à une conscience supérieure qui ne se limite pas au fonctionnement du cerveau et à ses biais.
En émergeant dans cette conscience supérieure, nous connaîtrons la vérité de notre unité.
Quelle que soit la stratégie que nous avons développée, individuellement et collectivement, pour nous sentir en sécurité dans notre séparation vulnérable et douloureuse, elle ne peut soutenir le grand événement d’éveil mondial que nous vivons actuellement.
Les méthodes mêmes que nous avons développées pour nous sentir en sécurité dans notre séparation répondront à la nouvelle conscience en tentant d’empêcher la non-séparation qui nous comblera d’une manière que la plupart des gens ne peuvent pas encore concevoir.
La nouvelle conscience éveille tous les humains à un nouveau niveau de conscience, et nous devrons nécessairement générer un niveau supérieur de croyances et de systèmes extérieurs pour soutenir ce nouvel être humain.
Nous vivons une transition fantastique vers une ère nouvelle et glorieuse pour notre planète.
Notre véritable magnificence brillera dans les années à venir bien plus que nos ancêtres n’auraient pu l’imaginer.
Le ciel lui-même deviendra superflu et se dépeuplera.

– Allan Morelock

INQUIÉATTITUDE CHRONIQUE

90 % des choses à propos desquelles je m’inquiète ne se réalisent jamais. L’inquiétude fonctionne.

C’est le 10 % restant qui m’inquiète 😉

Worry se traduit par s’inquiéter, se faire du souci, ou se faire du tracas, se tourmenter, se tracasser ou être tracassé.e, être préoccupée.e (par quelque chose), ou se préoccuper (se le faire soi-même, par soi-même, à et en soi-même), s’en faire, broyer du noir, etc. Il y a bien d’autres termes mais on comprend le concept. Car on s’en fait au quotidien pour de si nombreuses choses.

Je m’inquiète donc je suis.

Le verbe (se) préoccuper est particulièrement intéressant. Se pré occuper signifie être occupé.e par quelque chose ou une situation – ou par quelqu’un.e – avant que le problème ne se produise ou se manifeste. Parfois c’est notre intuition qui nous guide et nous aide à prévenir un danger, parfois c’est notre habitude chronique de s’en faire pour rien.

Dans les faits, en ce moment même, il n’est pas si déplacé d’être préoccupé.e.s par quelques enjeux autour de nous. Même si on ne peut rien faire pour le prévenir, ou si peu.

Mais si on ne peut rien à son propos, pourquoi s’en faire right ?

Bonne question e chroniqueur.

Le retournement de pensée de l’affirmation ci-haut est intéressant car par l’absurde, on nous montre qu’on peut bien s’inquiéter pour une foule de choses – la santé de la planète, Trump, Gaza, les inégalités sociales et tutti quanti – pas grand chose qu’on puisse faire pour prévenir une éventuelle catastrophe à venir.

En fait, comme le dit si bien Bashar ci-bas, s’inquiéter est comme prier pour quelque chose que vous ne voulez pas. Pourquoi faire porter votre attention sur une réalité dont vous ne voulez pas ?

On peut s’inquiéter pour préparer l’avenir, pour éviter le pire, ou le faire par habitude redondante. Et on nous a bien inculqué cette habitude de s’inquiéter pour la fin dans la religion catholique en nous promettant l’enfer à la fin de nos jours si on n’obéissait pas à certaines lois divines. Et nous on a acheté une partie de cette croyance.

Un dicton dit d’y penser à deux fois avant de sauter dans le vide. Un autre dit au contraire : sautez dans le vide, sans penser, et vous aurez ensuite tout le temps d’y penser par la suite.

Deux façons de vivre, une seule vie à vivre. Un seul choix à faire.

Alors cette journée à venir, j’ai envie de l’offrir aux gens de Gaza, avec eux et elles en nos coeurs et nos pensées.

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On oublie que la mort existe…
Ou peut-être fait-on semblant.
On s’inquiète pour un rien, et parfois pour beaucoup.
On râle pour cinquante mètres à parcourir sous la pluie, pour une mèche de cheveux coupée trop court, pour un agenda trop rempli d’obligations que l’on a nous-mêmes empilées, comme si le temps était une matière infinie, une ressource inépuisable.
Et puis… il y a ce jour.
Celui qui nous rappelle que la vie est fragile.
Celui où le téléphone sonne, où les mots s’étranglent, où le monde s’arrête.
Une personne qui nous rendait fier s’en va, une maman doit laisser sa fille, un regard s’éteint, et avec lui, une partie de nous vacille.
Alors on se fait des promesses.
De ne plus remettre à demain.
De rire plus fort, d’aimer sans demi-mesure.
D’oser, d’alléger, de ne plus se laisser happer par l’illusion du contrôle.
On se jure de choisir la lumière.
Mais la vie, cette magicienne, reprend son cours.
Les urgences factices reviennent.
Les cinquante mètres redeviennent une contrainte, la mèche trop courte redevient un drame, et l’agenda se remplit à nouveau, insidieusement.
Jusqu’au prochain rappel.
Et si, cette fois, on tenait parole ?
Si on choisissait vraiment, chaque matin, la lumière ?
Pas en de vaines promesses, mais en gestes concrets.
Un regard plus tendre, un café pris sans se presser, un « je t’aime » dit sans raison, une main serrée avec intention.
Parce qu’il n’y a pas de plus grand oubli que celui de la vie elle-même.
Et pas de plus bel hommage à ceux qui partent que de la vivre pleinement, ici, maintenant, sans plus jamais faire semblant.
J’ai une pensée infiniment douce et emplie d’amour pour toutes ces mamans et tous ces papas qui ont dû laisser leurs enfants trop tôt, trop vite…
Et pour tous ces enfants qui ont dû grandir d’un seul coup, portant en leur cœur l’écho d’un amour devenu absence, mais jamais silence.

– Aline Metzmacher

VÉRITÉ, RÉCONCILIATION ET HUMANITÉ PARTAGÉE

Le seuls peuples avec une histoire de développement durable depuis des millénaires sont les peuples autochtones et malgré ce qui a été fait pour les déloger, ils/elles sont encore ici pour défendre leurs terres.
– David Suzuki

C’est la journée de la vérité et de la réconciliation aujourd’hui au pays. Pensées vers les peuples premiers. Et respect pour la terre, leur terre, notre terre commune.

Espérons que vérité et réconciliation, deux valeurs fondamentales, puissent éventuellement devenir réalité et s’incarner au plus profond du coeur des gens de bonne et de moins bonne volonté.

Car bien du mal a été fait ici, comme en de nombreux autres endroits du globe. En Israël un certain 7 octobre il y a presque 2 ans, comme à Gaza en ce moment même, et depuis des mois, sinon des années et des décennies. Et ailleurs, en de nombreux ailleurs sur terre. Ces malheurs et ces drames, nous les portons tous et toutes en nos coeurs. Car un seul coeur qui regroupe tous les coeurs du monde. Un seul rythme, une seule humanité.

L’histoire humaine en est une de guerre et de conflits davantage que de paix. Mais ne dit-on pas tomber 7 fois et se relever 8 ? Alors on continue, surtout que nous l’avons plutôt facile nous ici.

La paix est une cible qui paraît bien difficile, voir quasi impossible, à atteindre. Mais j’imagine que l’on doit garder espoir, même lorsque cet espoir vacille car la vie nous est encore prêtée. Et la paix est possiblement davantage un processus qu’un objectif. Alors on continue de continuer, en n’oubliant personne.

Autant ici au Canada qu’au Moyen-Orient, la terre est tachée de sang. Comme les coeurs et une partie de nos âmes. Alors pardon aux gens qui ont été blessés, par nous comme par nos ancêtres.

Ici, au Canada, on aime parfois rappeler que nous sommes sur des territoires autochtones non cédés, en ne faisant toutefois rien de concret pour reconnaître cette injustice ancestrale. En fait, c’est comme avouer que nos ancêtres ont volé les terres des premiers peuples et les ont abuser, mais qu’on ne les remettra pas ces terres, ni ne feront rien pour les dédommager. Étrange reconnaissance emplie de mots vides.

Toutes les guerres sont personnelles. Tout conflit implique des gens, des personnes, des humain.e.s, des pères et des mères, des fils et des filles, des amitiés et des amours. Et toute vie humaine ne peut qu’être incarnée. Toutes les guerres ont et sont des histoires, toutes les vies des défis.

Ce matin c’est en pensant à tous ceux et toutes celles qui souffrent, en particulier aux enfants du monde que j’écris ces quelques mots. En les portant en mon coeur, en les manifestant du bout des doigts.

Si vous voulez ressentir un peu le quotidien de la situation infernale à Gaza, je vous recommande l’hyper touchant reportage d’Émilie Dubreuil qui a maintenu un contact direct avec deux jeunes mères de Gaza.
https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/14063/lettres-gaza-journal-hala-aya-serie-dubreuil

En lien avec le volet autochtone d’ici, je me promet de regarder le documentaire au sujet de Florent Vollant, qui a vécu le déracinement et les pensionnats. Pour me rappeler de ce que l’on porte, pour me souvenir comme l’affirme affrontément nos plaques d’immatriculation.

Et ci-bas, le témoignage d’une médecin, porteur d’espoir dans le contact d’humain.e à humain.e.
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Je connais la pression exacte qu’il faut pour casser une côte en réanimation cardio-pulmonaire.
Mais mardi dernier, j’ai appris que le silence d’un patient peut briser l’âme d’un médecin.
Il s’appelait David Chen, mais sur mon écran, il était « Homme, 82 ans, Insuffisance cardiaque congestive, Chambre 402 ».
J’ai passé sept minutes avec lui ce matin-là.
Sept minutes pour vérifier ses constantes, écouter le liquide dans ses poumons, ajuster ses diurétiques et saisir les 24 données requises dans son Dossier Médical Informatisé.
Il a essayé de me dire quelque chose en désignant une photo décolorée sur sa table de nuit.
J’ai hoché la tête, dit « On se parle plus tard », et je suis passé à autre chose.
Il n’y avait pas de code de facturation pour « On se parle plus tard ».
M. Chen est décédé cet après-midi-là.
Alors qu’une infirmière débarrassait discrètement ses affaires, elle m’a tendu la photo.
C’était lui, jeune homme, rayonnant, le bras autour d’une femme, debout devant une petite épicerie avec « MARCHÉ CHEN » peint sur la vitrine.
Cette prise de conscience m’a fait l’effet d’un coup de massue.
Je connaissais sa fraction d’éjection et son taux de créatinine.
Je connaissais son assurance et son allergie à la pénicilline.
Mais j’ignorais le nom de sa femme, ni qu’il avait bâti sa vie de ses propres mains, de toutes pièces.
Je n’avais pas soigné David Chen.
J’avais géré le déclin d’un système organique défaillant.
Et dans cette efficacité stérile, j’avais perdu une part de moi-même.
Le lendemain, j’ai acheté un petit carnet Moleskine noir.
J’ai eu l’impression de me rebeller.
Ma première patiente était Eleanor Gable, une femme fragile, perdue dans un océan de draps blancs, diagnostiquée d’une pneumonie.

J’ai fait mon examen, mis à jour son dossier, et juste au moment de partir, je me suis arrêté. Je me suis retourné.
« Madame Gable », ai-je dit d’une voix étrange. « Dites-moi une chose sur vous qui ne figure pas dans ce dossier.»
Ses yeux fatigués s’écarquillèrent de surprise.

Un léger sourire effleura ses lèvres. « J’étais institutrice en CE1 », murmura-t-elle.
« Le plus beau son du monde… c’est le silence qui vient juste après qu’un enfant ait enfin lu une phrase tout seul. »
Je l’ai noté dans mon carnet. Eleanor Gable : Elle apprenait à lire aux enfants.
J’ai continué. Mon petit carnet noir a commencé à se remplir de fantômes de vies vécues.
Frank Miller : Il a conduit un taxi jaune à New York pendant 40 ans.
Maria Flores : Sa recette moelleuse lui a valu la foire d’État du Texas, trois années de suite.
Sam Jones : Il a demandé sa femme en mariage sur la Kiss Cam lors d’un match des Dodgers.
Quelque chose a commencé à changer.

L’épuisement, cette lourde cape grise que je portais depuis des années, commençait à s’atténuer.
Avant d’entrer dans une pièce, je jetais un coup d’œil à mon carnet.
Je n’entrais pas pour voir la « pancréatite aiguë du 207 ».
J’entrais pour voir Frank, qui avait probablement un million d’histoires à raconter sur la ville. Mes patients le ressentaient aussi.
Ils se redressaient un peu.
Une lueur vacillait à nouveau dans leurs yeux.
Ils se sentaient vus.
Le véritable test arriva avec Léo.

Il avait 22 ans, était en colère et refusait la dialyse pour une maladie qu’il s’était causée. C’était un « patient difficile », une étiquette qui, en jargon hospitalier, signifie « on a abandonné ».
L’équipe était frustrée.
Je suis entrée dans sa chambre et je me suis assise, laissant ma tablette dehors.

Nous sommes restées assis en silence pendant une minute entière.
Je n’ai pas regardé ses écrans. J’ai regardé les dessins complexes qui couvraient ses bras.
« Qui est votre dessinateur ? » ai-je demandé.
Il a ricané.

« Je les ai faits moi-même. »
« Ils sont bons », ai-je dit. « Celui-ci… on dirait un plan. »
Pour la première fois, son regard perdit son acuité.

« Il voulait être architecte », a-t-il murmuré, « avant… tout ça. »
Nous avons parlé pendant vingt minutes de bâtiments, de lignes, de création de quelque chose de permanent.

Nous n’avons pas mentionné une seule fois ses reins.
Quand je me suis levé pour partir, il a dit, si doucement que j’ai failli le manquer :
«D’accord. On peut essayer la dialyse demain. »
Plus tard dans la soirée, j’ai ouvert mon Moleskine.

J’ai écrit : Leo Vance : Dessine des villes sur papier.
Le système avec lequel je travaille est conçu pour documenter les maladies avec des milliers de points de données.

Il enregistre chaque toux, chaque comprimé, chaque analyse de laboratoire.
Il raconte comment un corps se décompose.
Mon petit carnet noir raconte une autre histoire.

Il raconte pourquoi une vie comptait.
On nous apprend à pratiquer la médecine avec des données, mais nous guérissons avec humanité.

Et dans un monde submergé d’informations, une simple phrase qui dit : « Je te vois » n’est pas qu’un geste gentil.
C’est le médicament le plus puissant dont nous disposons.
– de source inconnue, via James Mike

HALTE ESCAPE

Salut lecteur/trice

Si tu es déjà passé.e par ici, tu sais que je me fais aller les doigts régulièrement et chroniquement pour taper des mots divers, même l’été. Et l’automne. Je tape surtout le matin, plus tôt que tow. J’écris dans le now.

Je tape pour voir, juste pour voir. Juste pour voir ce qui va popper de mon inconscient. Pour voir et parfois revoir, ce qui se cache en moi, ce qui git dans le ptit cagibi de bibi.

Je tape pour jouer, avec les mots, mais surtout pour que les mots se jouent de moi. Car j’aime me faire jouer par les mots. Me faire jouer des tours et faire rire de moi. Je crois que les mots se jouent toujours de nous. Nous pensons pouvoir les maîtriser mais ce sont eux qui nous tiennent, nous stressent ou en détresse, en laisse ou en liesse.

Les mots ne nous laissent que très rarement tranquilles. En fait, les mots nous retiennent, nous enchaînent et nous détiennent. Et certains mots nous donne la chienne, surtout ceux que l’on doit dire. Les plus durs à dire. Mots durs, mots doux.

Même dans nos silences, dans nos méditations, les mots volent et revolent de partout en nous, même si, surtout dans notre tête de pinotte. Les mots passent et repassent même quand on se passe de mots.

Et les mots de passe ? Les pires à se souvenir de. Mots de passe comme hôtel de passe-passe. Passe-partour et post-partum.

Parfois les mots se croient, les mots se croisent. Parfois, les mots crissent, les mots crossent, mots criss-cross. Mots croisés et mots cachés. À demis mots, maux exposés. Mots crasses.

Moi, mes mots sont free style, mes mots sont gratuits, ils ne sont jamais cashés. J’écris pour rien justement, alors c’est tout dire.

Et comme le dit si bien Georges Courteline: Pour avoir une conversation distinguée, on doit se rappeler de n’ouvrir la bouche que lorsqu’on n’a rien à dire. Rien et bien dit. D’où l’expression, je dis ça, je dis rien. Je vous l’avais dit.

Tape tape tape, dans le dos comme dans face. Comme le vent.

J’écris free donc. Écriture libre, sans style, sans but. Échappatoire de mots. QUand c’est trop, control Alt delete.

J’écris pour me délivrer du mal car comme on sait bien, le mal a dit, le mal dit tout. Au tour du bien de parler, de crier, de soupirer. Bene dictions.

Alors que les maux sont souvent de trop, on dit souvent rien qui ne vaille. Car ultimement, rien qu’il ne faille dire. Tout a déjà été dit. Et on ne gagne rien à tout dire. Faut savoir se retenir le sac à scrabble car souvent ce ne sont pas les mots, mais plutôt le silence qui compte, double. Mots simples, sens multiples.

Tout a déjà été dit, écrit, chanté. En particulier l’amour. Et ses peines surtout. Et si on chantait la joie alors ? Amor amor amor alors. Aimes-tu la vie comme moi ? À mort.

Bouteilles à la mer et petits mots chroniques à la mère terre. Mots chroniques par foi, mots comiques parfois. Les deux à la fois ma foi.

Penser jouer avec les mots quand, au fond comme en surface, ce sont les mots qui se jouent de nous, et nous manipulent, les mots qui nous jouent des tours, les mots qui nous mènent en portes battantes et en free games. Moi je tape et eux résonnent, et me sonnent. Ding dong ! KO ? OK !

L’exercice d’écriture, même si ce n’est que pour nous, permet souvent de digérer un peu de ce qui peut nous tenir éveillés longuement dans nos ruminations, notre peine, notre deuil.
– Nathalie Plaat, Le Devoir 24/7/23

Moi j’écris pour moi, mais avec vous, devant vous. Vos écrans du moins. Je me vide l’écrin dans vos écrans. De rien. Et pas de trouble, vous n’êtes que quelques-un.e.s. Et deux fois plus de yeux et de mains. Et j’écris plus comme un pied que comme un mètre. Alexandre hein ?

Écrire pour ruminer, pour divaguer, pour digérer donc. Sinon les mots nous bouchent la foi. Car lorsqu’on a la foi, la vraie, aucun mot n’est requis. La foi exige le silence et la persévérance. Comme la pureté du coeur.

Ce sont les requins qui usent et abusent des mots comme des joueurs de baseball. Pitchs de vente. Les vendeurs et les bullshitteurs.

L’abus du langage induit le mal dans l’âme. – Socrate, qui ne ne parlait pas de grammaire. Ni de sa grand-mère.

Mal utiliser le langage, c’est l’utiliser à la manière des politiciens et des publicitaires, pour le profit, sans assumer la responsabilité du sens des mots.
Le langage utilisé comme moyen d’accéder au pouvoir ou de gagner de l’argent est mal utilisé : il ment.
Le langage utilisé comme une fin en soi, pour chanter un poème ou raconter une histoire, est juste, il tend vers la vérité.
Un écrivain est une personne qui se soucie du sens des mots, de ce qu’ils disent, de la manière dont ils le disent.

Les écrivains savent que les mots sont leur chemin vers la vérité et la liberté, et ils les utilisent donc avec prudence, réflexion, crainte, plaisir.
En utilisant les mots avec discernement, ils fortifient leur âme.
Les conteurs et les poètes passent leur vie à apprendre l’art de bien utiliser les mots.
Et leurs mots rendent l’âme de leurs lecteurs plus forte, plus lumineuse, plus profonde.
~Ursula K. Le Guin

Bonne sereine.