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CURAMOUR

Certaines personnes vont vous aimer peu importe ce que vous faites tout comme d’autres ne vous aimeront jamais peu importe ce que vous faites. Allez là où se trouve l’amour.

Et si on arrêtait d’aller en dehors de soi pour chercher l’amour ?

Si on faisait du sur place et qu’on commençait à générer soi-même cet amour ?

Si on se mettait à cultiver en soi cet amour qu’on veut tant recevoir d’autrui ?

Si on puisait dans son propre coeur pour inonder le monde d’amour ?

Car où ailleurs peut-il être généré de toute façon que dans notre propre coeur ? Notre propre shop à amour personnelle.

On a appris que l’amour venait de l’extérieur, que le vrai amour consistait à être aimé.e par autrui. Merci Walt Disney.

Mais peut-être qu’on a tout faux ? Et peut-être que cette croyance entrave notre capacité d’amour propre ?

Peut-être que le seul amour véritable ne peut venir que de soi. Tout d’abord, de soi, à soi, de soi à soi, et ensuite seulement, peut-il déborder et envahir le monde pour aimer tout ce que l’on aime naturellement, jusqu’à englober l’amour de tout ce l’on aime moins naturellement, jusqu’à ce qui nous répugne. Que notre amour puisse se déverser sur et dans le monde, ce monde qui part de soi de toute façon, et ce monde dans lequel nous existons.

Mais peut-être pense-t-on qu’on ne peut aimer quiconque – ou être aimé.e de quiconque – tant que nous ne sommes pas complètement guéri.e ?

La guérison n’est pas un processus que l’on complète avant de pouvoir aimer.
On guérit dans l’amour.
On guérit autour de l’amour.
On guérit lorsque nous choisissons de marcher avec des gens avec qui il est sécuritaire de marcher dans la guérison – et qui nous rappellent que nous méritons d’être toujours aimé.e.s sur ce chemin.

L’amour est probablement ce que nous cherchons et recherchons tous et toutes le plus au monde. Probablement que la gloire, la richesse, la sécurité et tous les autres biens de consommation ne sont que de pâles substituts à l’amour. Mais on ne consomme pas l’amour, c’est l’amour qui nous consume, on doit apprendre à se laisser faire par l’amour.

Bien sûr que l’amour est difficilement définissable mais comme on l’a tous et toutes sûrement déjà ressenti, peu importe la forme, l’amour est probablement ce que l’on recherche dans la vie, ce qui nous drive. L’amour est le moteur de la vie.

Sauf que trop souvent, nous le cherchons en dehors de soi. Alors qu’on en a le coeur déjà plein, débordant, jaillissant. Le coeur est une génératrice d’amour. De là fondamentalement que l’amour peut être généré, et se regénérer. Pour les humain.e.s du moins car la nature déborde d’amour, la nature n’est qu’amour manifesté.

Personnellement, je sens l’amour partagé quand je prie et que je chante avec mes ami.e.s. Je sens l’amour quand je marche en forêt, quand j’écoute les oiseaux chanter. D’ailleurs je suis pas mal certain que les oiseaux chantent par amour, qu’ils chantent l’amour, qu’on les entende ou pas. Les oiseaux chantent l’amour.

Veeresh avait l’habitude de nous dire: give what you need and want to receive. And by giving it, you’ll be receiving it. Pas fou ce cher Veeresh.

Et peut-être que le mot amour, ce mot de 5 lettres, 4 en anglais, n’est qu’un autre nom pour empathie, compassion, conscience et humanité partagée. Peut-être qu’un autre nom pour dire notre âme. On dit d’ailleurs que c’est dans notre coeur que réside l’âme du Dieu.

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Nous sommes tous en danger pendant que nous vivons, mais c’est justement ce danger que nous aimons puisqu’il élargit nos cœurs en y faisant entrer l’infini.
– Rainer Maria Rilke, Lettres à une amie vénitienne

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La compassion n’est pas une question de bonté.
La compassion est une question de conscience.
La compassion, au sens large du terme, est une expression de conscience, mais pas nécessairement exempte de la souillure de la saisie de l’ego.
La compassion authentique est sans ego.
C’est l’essence inhérente exprimée, indissociable de la conscience.
Cette essence naturelle, qu’est la compassion authentique, n’a pas besoin d’être formulée ni même exprimée par le terme « compassion ».
Nous en voyons l’exemple chez nos grands maîtres.
Leur compassion authentique ne requiert ni phrases, ni expressions, ni même actions.
Leur simple présence, leur identité, n’est rien d’autre que la quintessence de la compassion.

~ Khandro Rinpoché,  Voix sacrées des maîtres Nyingma 

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https://www.youtube.com/watch?v=M9_lObety_E&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fatisupino.com%2F&source_ve_path=Mjg2NjY

PAROLE JUSTE, ET BONNE

Ne dis jamais rien qui n’améliore pas le silence.
– Richard Yates

Grosse responsabilité right ? On y pensera la prochaine fois avant d’ouvrir la bouche. Ou d’écrire. Ou de s’exprimer de quelconque façon.

Mais disons qu’en tant que nues mains, on a le droit à l’erreur un peu quand même. Car parfois, aussi inévitable qu’indispensable – et impensable – de dire n’importe quoi. Ou rien. Et son contraire. Ou pas. Dans l’ordre mais surtout dans le désordre.

Mais ça peut devenir un beau projet de vie de viser à développer une parole juste et bonne, une parole aidante et soutenante au bien du plus grand nombre. Ultimement.

Si on porte attention, on remarquera que l’on a souvent le verbe négatif et la parole dure et blessante, sinon cinglante. La parole comme la pensée. C’est dans la nature humaine de regarder en dehors de soi, de commenter, de commérer, de discourir, de parler de, de soi ou des autres, parfois en bien mais souvent pas. Assez fréquent de se plaindre aussi. De voir la moitié vide du verre et de le remplir de paroles creuses. Ou de prier par demandes commandées à l’au-delà.

Dès qu’on ouvre la bouche, si on porte attention, on peut voir ce qui git en nous. C’est le non manifeste qui se manifeste, et qui peut infester le monde. Car comme le verbe crée, important d’exprimer ce que l’on veut créer dans le monde et de ne pas parler dans le vide, de ne pas brimer le silence. Par respect pour le silence, important de surveiller sa propre parole, pour qu’elle soit propre justement. Afin qu’elle devienne de plus en plus juste, et de plus en plus bonne. Bonne pour soi, comme pour le monde. Tout le monde, le monde entier.

Car il existe déjà suffisamment de chaos out there. Pas besoin d’en rajouter right ?

Avec les multiples réseaux, la parole et les opinions se sont magnifiés, pas nécessairement dans le sens de magnifique, plus dans le sens de multiplier, amplifier, répandu. Le verbe s’est lâché lousse et flye de toutes parts. Ce qui nous passait par la tête jadis s’éclate désormais au grand jour sur les ondes, et les écrans. Ce qui était en écrin s’étend maintenant sur les écrans du monde. Et les mots peuvent devenir des armes de destruction massive et offensive. Surtout quand les gens ne sont pas présents de corps, et encore moins d’esprit.

Alors ce matin, ces quelques mots pour me rappeler à moi-même. Me rappeler de parler bien, de parler juste, de parler droit, ce qui commence toujours par penser en ce sens. Et de nourri une pensée juste. Rappel de bien choisir mes mots, de m’adresser à moi comme à autrui avec bienveillance, avec dignité, avec droiture. Développer une façon juste de prendre sa juste place dans le monde. Et de ne pas nuire au silence.

Et ceci j’affirme.

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Peu d’amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas.
– Blaise Pascal via Pierre Lemieux

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À l’origine, la prière n’était pas une demande ou une supplication, mais une offrande pour « alléger la souffrance de Dieu ».
Elle impliquait le sacrifice de soi et l’élévation de l’être, pour transformer les énergies négatives en or alchimique.
Étymologiquement « prier » signifie « travailler pour les dieux »…
Littéralement, « exhausser » – d’où nous viendrair « exaucer » – signifie « porter en haut », et l’idée de « porter en haut » est à mettre en rapport avec la montée de la Kundalini jusqu’au chakra (ou la sephira) de la Couronne…
– E.J. Gold via Alain Nyala (traduit par lui)

AMOUR AMOUR AMOUR À TOUT TOUT TOUT

Ces temps-ci, j’essaie simplement de tout aimer ce qui vient vers moi, que ce soit des choses animées ou inanimées, plaisantes ou difficiles. J’espère que vous aussi pouvez apprendre à utiliser les extases comme les détresses de la vie dans votre pratique spirituelle pour que tout devienne de l’eau au moulin.
– Ram Dass

Oui, éventuellement, réussir à tout aimer, et si ce n’est pas possible de tout aimer immédiatement, du moins au début, se pratiquer à tout accepter, à dire oui, à recevoir le coeur ouvert tout ce qui nous arrive, comme ce que l’on provoque soi-même, le beau comme le moins.

Car parfois l’amour demande du temps, et/ou de la pratique.

S’il est facile d’accueillir le menoum menoum, accueillir les beurks et les ouarks est moins évident, mais là que se situe le vrai défi.

Pas si simple de regarder le monde évoluer présentement et considérer qu’il nous faille aimer l’état du monde et de son monde. Mais quoi d’autre à faire ? Si on aime pas quelqu’un, ou quelque chose, soit on le change, soit on regarde ailleurs.

On revient encore et toujours à la prière de la sérénité mais avec quelques plus.

Accordez-moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux changer et la sagesse d’en connaître la différence

et accordez-moi le courage de ne pas renier ce que je crois être bien, même si je pense que c’est sans espoir.

En y ajoutant, apprenez-moi à aimer éventuellement tout ce que je déteste actuellement, ce qui consiste au fond simplement à transformer la haine en amour. Tout simplement mais si simple en effet.

Aimer ce que l’on aime déjà est relativement simple, mais aimer ce que l’on déteste, ce qui nous répugne, nous dégoûte, nous lève le coeur est la job des job du coeur à réaliser. Réaliser, comme dans rendre réel, vrai, sincère.

Arriver à considérer les choses et les gens que l’on perçoit actuellement comme inhumains, malsains et inconscient.e.s, et on a sûrement un ou quelques exemples en tête, peut constituer le plus grand défi dans notre apprentissage de l’amour inconditionnel. L’ultime exploit que d’arriver à aimer tout ce qui vit, en particulier le laid et ce que l’on considère inférieur à soi.

Car chacun.e de nous sommes ici pour apprendre, pour tirer des leçons. Oui, certains semblent attirer vers le bas, mais ce n’est que leurs leçons à eux. Et qui sommes-nous pour juger ? Sait-on mieux que quiconque. Car même le laid, une fois accepté, reconnu et aimé, peut constituer du beau, ou se transformer.

Dans nos yeux que réside la capacité de transformation.

Comme dans notre coeur.

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Il est essentiel d’utiliser la voie spirituelle pour dissiper la confusion.
Cette confusion est notre perception erronée de qui nous sommes.
La voie doit la clarifier, et non l’aggraver.
C’est essentiel.
Nous ne cherchons pas à polir notre ego et à créer un nouveau « moi », brillant et spirituel.
En réalité, nous devons être habiles dans notre pratique afin qu’elle n’intensifie pas et ne solidifie pas ce qu’elle est censée dissoudre.
Comprenez-vous ?
Cela peut représenter un grand danger sur toute voie spirituelle, car cela peut créer l’effet inverse de celui escompté.
Dès lors, dès que nous commençons à nous considérer comme spéciaux ou différents des autres, nous nous trouvons déjà sur un terrain très dangereux.
Ce qui devrait se produire, c’est que nous ressentons de plus en plus notre connexion intérieure avec tous les êtres : « Ha, nous sommes tous dans le même bateau. »

– Jetsunma Tenzin Palmo

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D’ailleurs, Thich Nhat Hanh disait justement ceci sur cet écran précédemment.

Continue de pratiquer jusqu’à ce que tu puisses te reconnaître dans le plus cruel et inhumain politicien, dans le prisonnier le plus torturé, dans l’homme le plus riche du monde comme dans les enfants affamés qui n’ont plus que la peau et les os. Pratique-toi jusqu’à tu reconnaisses ta propre présence dans toutes les personnes dans l’autobus et dans le métro, dans les camps de concentration, dans les travailleurs des champs, dans une feuille, dans une chenille, dans la une goutte de rosée, dans un rayon de soleil. Médite jusqu’à tu puisses te voir reconnaître dans une poussière d’étoile comme dans la plus lointaine galaxie.

https://www.youtube.com/watch?v=M9_lObety_E&embeds_referring_euri=https%3A%2F%2Fatisupino.com%2F&source_ve_path=Mjg2NjY


ÊTRE ET/OU SE SENTIR LIBRE ?

Plutôt que de vous demander si vous pourrez être libre un de ces jours – parce qu’un de ces jours est un long et lointain laps de temps, demandez-vous plutôt si vous pouvez être libre en ce moment-même.
Le seul temps et le seul lieu où vous pouvez être libre est maintenant. Pas pour le reste de votre vie ni plus tard. Simplement maintenant.
– Eckhart Tolle

Pas fou ce cher Eckhart. Pourtant, on repousse souvent à plus tard la liberté. Ou l’illumination, Ou la retraite, Ou la mort qui constitue possiblement l’ultime liberté. Pour certain.e.s du moins.

La liberté était jadis liée à la retraite et s’atteignait à 65 ans.

Ensuite on a inventé – et mis en marché avec succès, la preuve ! – la Liberté 55. Et désormais, ils sont nombreux à viser la liberté dès 40 ans.

Ou même plus jeune mais par différents moyens. On dirait que moins on est libre plus on veut l’être.

En fait on vise probablement tous et toutes la liberté. Mais tant qu’on vit dans un corps, tant que nous sommes incarné.e.s, la liberté semble limitée, notamment liée de près aux divers besoins corporels, à la santé du corps. Et de l’esprit, car jamais bien loin du corps en général.

On peut même se demander qu’est-ce qu’être libre ? Et j’imagine qu’il y autant de réponses que de personnes.

Une chose est certaine, la liberté ne se limite pas à l’argent car on connait bien des gens riches mais qui sont prisonniers de leur bidous, et tremblant de tour perdre. D’une certaine façon, plus on est riche, moins est libre car on a beaucoup à perdre, ou peur de perdre, ou tenter de protéger.

Et avoir beaucoup d’argent n’est certainement pas une garantie de liberté si on est riche mais malade, ou si on a peu d’ami.e.s et pas d’amour à donner ni à recevoir. Non libre non plus si on a peur de mourir.

Alors on est libre ou on se sent libre ? La question se pose. Et question secondaire en corollaire: peut-on se sentir libre à un autre moment que maintenant ? Ailleurs qu’ici ?

Autre question qui se pose mais qui n’est pas reposante. Si la réponse est plus qu’évidente, sa réalisation est moins évidente. Car nous sommes, la plupart d’entre nous, aux prises avec des pensées constantes, certaines envahissantes. Sommes-nous libres de penser ? Probablement car ça pense tout seul. Mais on peut au moins les observer, les laisser aller, les laisser s’échapper au paradis des pensées perdues. Ou est-ce un enfer ?

Nous sommes confrontés à des habitudes aussi, certaines tenaces et limitatives.

Certains détenus de longue date se sentent peut-être plus libres à l’intérieur des murs qu’en liberté, qu’en société. Car pour certains, la vie est plus simple entre les murs. D’ailleurs certains trouvent la liberté dans le cadre d’une routine serrée.

Ainsi, si la liberté est un concept élastique dans sa forme, elle ne peut l’être dans sa temporalité, ni dans sa localisation. elle ne peut être qu’ici, maintenant. Sinon la liberté n’est qu’un rêve, un fantasme. Et la liberté ne se rêve pas, elle est ou pas.

On ne peut pas avoir hâte d’être libre, on ne peut que l’être, ou pas. Et on ne peut que l’être ici, et maintenant. Car la liberté ne peut pas se déplacer, ni dans l’espace ni dans le temps. La liberté ne peut que se dévoiler ici, dans le moment. Et la liberté ne peut que se trouver sur place.

Liberté et vérité sont des concepts abstraits, des mots de 6-7 lettres. Ils ne peuvent exister sans qu’on leur prête vie, sans qu’on les incarne. On doit en effet les incarner pour qu’ils puissent se révéler à nous, qu’ils puissent devenir une expérience.

Ils ne peuvent pas non plus se trouver sans les avoir perdu auparavant. On dirait qu’on ne peut trouver la liberté sans contrainte, la vérité sans mensonge. On ne peut que les retrouver. Comme si on devait s’en éloigner, puis s’en rapprocher de nouveau et les découvrir sous un nouvel angle, sous un nouveau jour. Comme si leur absence nous montrait le chemin vers elles, devenait des boussoles. Comme un poisson qui n’aurait jamais manquer d’eau ne peut pleinement apprécier cette eau.

Peut-être que la liberté s’est réfugiée dans notre coeur, et peut-être que le coeur est un oiseau. Qu’on doit laisser s’envoler. Plus haut. Mais les deux pieds au sol.

AUTRES TEMPS AUTRES MOEURS

je ne suis pas né pour cette époque…

J’ai l’impression que personne parmi nous n’est né.e pour cette époque. Époque inhumaine. En fait, plus on a de vécu, moins ça doit être facile de vivre aujourd’hui. Tant de nouveautés, tant à apprendre. Avec la vitesse des progrès technologiques, il doit être vraiment difficile de s’adapter à ce monde rapide et impersonnel quand on est né.e il y a longtemps de cela.

Car lorsqu’on naît à une certaine époque, on est censé.e s’y adapter. Mais celle-ci est particulièrement folle. Trop tranchante, trop bruyante, trop vite pour moi.

Trop inégale, injuste, extrémisée avec d’un côté des super riches décomplexés qui s’accaparent tout le pouvoir et les ressources qui viennent avec, et de l’autre de plus en plus de gens poussés à vivre dans la rue. Ou à crédit. Avec un tissu social qui s’effrite.

J’étais fait pour une époque de routes de terre, de lumières douces et de ciels calmes…

Oui je sais, comme vous aussi. Nous sommes plusieurs de cette gang.

Un temps, une époque alors que les rapports étaient plus personnels, plus simples, plus vrais. Une époque dans laquelle les choses allaient moins vite, où les gens se parlaient encore, plutôt que de s’insulter anonymement par écrans interposés.

Pour ceux et celles né.e.s relativement récemment, les choses doivent paraître normales. Relativement du moins. Car lorsqu’on n’a pas connu autre chose, l’anormalité peut paraître normale.

Et comme john roedel, moi aussi c’est surtout la vitesse qui me tue. Tout va trop vite, tout se bouscule, tout le temps. Les gens compris.

Me manque ce temps où la bonté aurait la patience des arbres.

Mais voyez-vous, on a beau être nostalgiques vous et moi, nous vivons à cette époque-ci, en ces temps précis. Hasard ou coïncidence ? Parait que c’est la même chose et que ça ne compte pas vraiment. Here and now we are.

Nous sommes né.e.s à une époque étrange mes ami.e.s, une épopée, une époque puckée sur le plan de la solidarité et de la justice sociale. Sans parler de notre manque de soins de l’environnement. Dans un temps marqué par un génocide en direct. Comme il y en a déjà eu d’autres auparavant mais celui-ci se passe maintenant. L’humanité feel un mauvais cotton, passe un mauvais moment, et certain.e.s s’en font passer – de travers – un pire que les autres.

Nous sommes dans un temps imparfait peut-être, mais c’est à nous qu’il revient de le reperfectionner, de le ré-humaniser. Même si la perfection n’est toujours qu’un élan vers, un processus inatteignable et toujours en mouvement, jamais un état permanent et fixe dans le temps. La perfection devrait une inspiration qui nous fait avancer. Perfection d’être humain.

On dit que le monde actuel est fou.Mais on dit aussi que le monde actuel a besoin des enfants qui naissent aujourd’hui malgré les pronostics peu encourageants. Si on choisit de naître – plus ou moins consciemment – ceux et celles qui le font aujourd’hui ont du courage car les défis sont nombreux.

Et nous aussi, les plus vieux, devons mettre les pôles à la roue et non les bâtons dedans. On peut s’ennuyer d’une époque plus lente et plus socialement huilée, mais si elle a déjà été, elle n’est plus désormais. À nous de jouer.

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Vieillir n’est pas pour les âmes sensibles.
Un jour, on se réveille et on réalise que la jeunesse s’est envolée sans bruit.
Mais elle n’est pas partie seule.
Elle a emporté avec elle vos insécurités, votre désir de plaire, votre peur de ne pas être à la hauteur.
Et à la place ?
Elle vous a laissé quelque chose de plus fort :
Un rythme plus lent, mais une démarche plus assurée.
La sagesse de dire au revoir sans crainte.
La grâce de chérir ceux qui choisissent de rester.
Le pouvoir d’être soi-même, sans complexe.
Vieillir, ce n’est pas perdre, c’est lâcher prise.
Il s’agit d’apprendre à accepter, à lâcher prise et à voir vraiment :
Cette beauté n’était jamais qu’un reflet dans le miroir…
Elle vivait dans chaque histoire, chaque cicatrice et chaque force silencieuse que nous portions en nous.
Vieillir est un cadeau.

Portez-le avec dignité.
— Inspiré par Meryl Streep

D’ÉCRIRE LE SILENCE

Chronique dédiée à mon ami Alain qui m’a refilé les deux beaux bouts de silence alphabétisés ci-bas. Mersilence.

Ce matin, quelques bribes à propos du silence. Ou plutôt des silences, car il en existe de nombreux types. Certains sont lourds, d’autres sont de soie, et d’autres encore tentent d’étouffer la vérité. Certains silences sont crûment criants, d’autres murmurent la vie, d’autres encore l’éviscèrent alors que les mots nous exaspèrent. Certains mots demeureront toujours un tissu de mensonges même s’ils sont émis et vomis sur un réseau nommé VÉRITÉ.

Au cours d’une vie, pour la plupart de nous, êtres humains normalement entendants et parlants du moins, on entendra et émettra des milliards de mots, dits, chantés ou écrits. Certains sont musiques à nos oreilles, d’autres chefs d’oeuvre à nos yeux et descendent jusqu’au coeur.

Mais on oublie que chaque mot est séparé par un silence, chaque mot est enveloppé d’un silence. Sans silence, qu’une longue file de mots indivisés qui ne fait aucun sens. Avant et après chaque mot règne un silence. Toujours le silence qui règne au-delà comme en-deça des mots. C’est le silence qui permet de détacher et distinguer les mots les uns des autres. Car les mots doivent être distingués, sinon ils perdent leur classe.

Un silence de plus que les mots est toujours requis pour que les mots fassent sens au sein d’une phrase comme au coeur d’une vie. En fait, deux silences: le silence du début, et le silence de la fin.

Comme les chutes et les relèvements, du corps comme de la conscience: tomber 7 fois, se relever 8.

Certains parlent tout le temps, d’autres trop peu alors qu’il faudrait nommer le dit silence, tandis que la plupart d’entre nous n’écoutons pas suffisamment, ni soi ni les autres, ni les mots, ni le silence. Mais c’est surtout le silence que nous négligeons. Papillons volatiles et volubiles dans des nuages de mots, nous nous éparpillons d’onomatopées, de sons et de bruits de toutes sortes et, ce faisant, nous embouchons le silence, nous le bouchonnons comme un mauvais vin. Nous n’écoutons pas, ou si peu, seulement pour pouvoir mieux et tout de suite répondre du tac au tac.

Contrairement au scrabble, il n’est pas toujours payant de laisser filer toutes nos lettres, soient-elles rares, de noblesses ou de détresse, entre nos dents de sagesse. Il faudrait s’écouter davantage si on voulait s’entendre vivre. Il faudrait respirer pour écouter et entendre l’air du temps qui nous passe dans les poumons, comme entre les dents.

Mais malgré les mots de plus en plus nombreux et bruyants sur tous les réseaux antisociaux, le silence est toujours ici, environnant, il demeure, permanent, constant, présent, sous-jacent. Flottant, suspendu hors du temps.

Et si on se la boucle et qu’on écoute, il est juste là, ici, le silence. Au coeur de soi, doux comme une soie. Entre les lignes, comme entre les mots, entre chaque lettre même, même si on écrit en lettres attachées ou qu’on les tape sur le clavier.

Mais pour l’entendre et le sentir le silence, faut sortir nos oreilles les plus fines, les trois. Pour cela qu’avec le temps qui file et le retour à la source qui se rapproche à chaque jour que le soleil luit et renuit, l’écriture, la lecture, la chanson et la contemplation redeviennent des richesses hors du temps.

Toujours gratuit le silence, mais jamais donné.

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CELUI QUI VENDAIT DES SILENCES
Dans une ville où tout hurlait,
où les klaxons se battaient avec les enseignes,
où les téléphones criaient plus fort que les oiseaux,
il y avait un petit kiosque étrange,
caché au fond d’une ruelle presque timide.
Pas d’affiches criardes.
Pas de néons.

Juste une pancarte écrite à la main : “Silences à vendre. Tarifs doux.”

À l’intérieur,
un vieil homme,
avec des yeux couleur de mer calme,
et un sourire qui ne pressait personne.
Il vendait des silences.
De toutes sortes.
Des silences courts, pour apaiser une colère.
Des silences longs, pour guérir un deuil.
Des silences légers, pour respirer entre deux battements du monde.
Des silences profonds, pour retrouver ce qu’on croyait perdu.
Les gens entraient, souvent par hasard.
Ils pensaient acheter un journal, un café, un billet de loterie.
Et ils repartaient…
avec un morceau de silence plié dans leur poche,
comme une lettre que seul leur cœur saurait lire.
Il ne demandait pas grand-chose en échange.
Parfois une poignée de pièces rouillées.
Parfois un sourire fatigué.
Parfois rien du tout.
Son seul contrat était silencieux :
“Emporte-le doucement. Ne le gaspille pas.”
Un jour, une enfant a demandé :
– Pourquoi tu vends des silences alors que tout le monde vend du bruit ?
Le vieil homme a souri, et a répondu :
Parce que c’est ce qu’on oublie toujours de s’offrir à soi-même.

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Poème (écrit à la craie blanche sur la devanture du kiosque, effacé par la pluie)

Le bruit vend des promesses rapides.
Le silence offre des vérités lentes.
Quand tu n’as plus rien à dire,
ni à prouver,
ni à défendre,
viens chercher un silence.
Dedans, il y a ton nom oublié.
Et la lumière intacte de ton premier souffle.

Belkacem Bouasria Ouldabderrahmane via Alain Leblond

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Écrire, c’est se laisser faire par l’écriture.
C’est savoir et ne pas savoir ce que l’on va écrire.
Ne pas croire qu’on le sait.
Avoir peur.
On voit dans quelle direction on va.
On a des repères très simples.
On se dit: Aujourd’hui, la femme que je décris sortira de sa maison et rentrera au crépuscule.
Mais une fois la femme sortie, il faut laisser faire le livre.
Tous les jours, un livre en cours peut changer de direction.
Il faut le suivre…

– Marguerite Duras
[Le dernier des métiers : Entretiens 1962-1991] via Alain Leblond

TOUS ET TOUTES DANS TOUT

Continue de pratiquer jusqu’à ce que tu puisses te reconnaître dans le plus cruel et inhumain politicien, dans le prisonnier le plus torturé, dans l’homme le plus riche du monde comme dans les enfants affamés qui n’ont plus que la peau et les os. Pratique-toi jusqu’à tu reconnaisses ta propre présence dans toutes les personnes dans l’autobus et dans le métro, dans les camps de concentration, dans les travailleurs des champs, dans une feuille, dans une chenille, dans la une goutte de rosée, dans un rayon de soleil. Médite jusqu’à tu puisses te voir reconnaître dans une poussière d’étoile comme dans la plus lointaine galaxie.
– Thich Nhat Hanh

Il est naturel de se sentir séparé.e. de ce qui nous répugne. Ça nous protège. Comme ça on peut juger, faire porter le blâme hors de soi et garder une illusion de distance, se sentant supérieur.e et plus vertueux/se que.

Comme il est tout aussi fréquent de se sentir séparé.e. de ce que – ou qui – nous admirons, jugeant cela comme mieux, mais un peu inatteignable, nous sentant ainsi inférieur et imparfait.e.

Mais si on était autant l’un que l’autre ? Si on était au fond qu’une infime partie de tout ce qui vit ? Le beau comme le laid, le grand comme le méprisable, le divin comme le maléfique. On aurait moins tendance à juger non ?

Si, au fond, tout ce que l’on voit à l’extérieur de soi n’était que des parties extériorisées de nous-même ?

Et si on était tous et toutes des Trump, des Musk et des Netanyahou vous et moi ? Si on ne les voyait que parce qu’une partie de nous se reconnaissait en eux ?

Et si on était autant les enfants qui meurent de faim, leurs parents qui les voient mourir que les snipers qui leur tirent dessus et qui pensent défendre leur pays ? Peut-être qu’on saisirait mieux l’entièreté et la complexité des conflits.

Et si on était assez vastes vous et moi qu’on se prenait pour le monde entier ?

Le monde deviendrait alors notre monde, comme notre responsabilité personnelle. Il nous faudrait ainsi nous impliquer davantage car peut-être bien qu’on réaliserait qu’il n’y a pas d’autres que soi dans le monde. Peut-être bien qu’il n’y a que soi et qu’on ne voit que soi-même dans les diverses manifestations s’activant dans le monde entier ? Ce qui semble en dehors de soi n’est peut-être que soi-même ?

Et peut-être aussi que tous les êtres humains sur terre ne font que jouer le rôle qu’on leur a attribué à la naissance. Chacun chacune le faisant du mieux qu’il ou elle le peut. Même quand ils/elles ont un des pires rôles. Au meilleur de sa connaissance et de son expérience.

Certains sont là pour nous inspirer, et tirer le monde par en avant, d’autres au contraire sont là pour nous montrer ce que l’on ne veux surtout pas devenir.

D’après ce que je comprends des propos de Mr Hanh, c’est que si on peut arriver à s’identifier à tout, à tous et toutes, peut-être alors qu’on réussira à ne plus s’identifier à rien, ni à ce petit moi qui nous ratatine à un point de vue obtu et limité et nous contraint à un monde limité au mental et trop petit pour la grande âme que l’on porte.

Je crois que ce qu’il tente de nous dire est de développer de l’empathie et de la compassion, pour nous sentir lié au bon comme au moins bon, à élargir nos limites pour en arriver à se sentir faire partie du monde entier, à nous sentir être le monde entier. De la poussière d’étoile à la plus lointaine galaxie.

Dit autrement, par un autre sage : La réalité est que vous n’êtes personne. Pourquoi ne pas partir de là et affronter les faits directement, sans tenter de devenir quelqu’un ?

Mais comme il est trop tard et que nous sommes déjà devenu quelqu’un, on doit s’éplucher, se dé/couvrir, se déconstruire pour retrouver notre visage originel.

Bon voyage.

BONNE NOUVELLE POUR LES NOUNOURS

Ça va Winnie ?
Pas vraiment Porcinet. Tout semble tellement, comment dire, fucké ben raide. (traduction libre)

On te comprend Winnie. Ni Winnie non 😉 car nous sommes plusieurs à nous sentir comme toi parfois.

Tellement d’actions et de gestes qui défient la simple humanité fondamentale dans ce monde. Tant de ressources gaspillées en guerres, en haine, en division, en opposition.

Mais malgré les apparences, bonne nouvelle pour toi mon Winnie. Et pour tous les gens de bonne volonté.

Lis ça lentement
Il se produit actuellement un profond changement pour le mieux sur la planète. Ce changement ne passera pas aux nouvelles, et ne deviendra pas viral. Et si on ne le cherche pas, on ne le remarquera pas. Ce changement se produit dans le coeur des êtres humains. Les gens réalisent que nous devenons la cible de notre attention. Et nous influençons cette réalité à partir de qui nous devenons. Les gens réalisent qu’il est inutile et insensé de se battre, et que de mettre l’emphase sur le combat est futile. De plus en plus, les gens portent attention à créer le paradis sur terre. Ils et elles mettent l’emphase sur la guérison, et sur la création de la beauté. Les gens réalisent que le fait de s’éveiller à leur propre divinité est ce qui nous protège contre la manipulation et leur permet de voir et de devenir le changement désiré. Cette révolution prend place parmi toutes les nations, mais elle est difficile à remarquer. Cependant, cette force se multiplie. Pas en nombre de gens qui se battent car le combat ne fait qu’engendrer plus de combat. Cette force calme et croissante dans la création d’un monde plus beau ne peut que devenir évidente que les autres vont s’y joindre. Jusqu’au point où, un jour, plus personne ne répondra plus aux appels à la guerre. Les fréquences de la guerre, de l’avidité et de la manipulation ne pourront plus exister au sein d’une réalité peuplée d’être souverains vivant en contact avec leur propre divinité.
– Sarah Zula

Je sais que toi aussi tu le vois ce changement Winnie, tu le sens comme nous, les gens qui lisent ces mots. Tout comme Joni Mitchell, nous sommes plusieurs à avoir le coeur brisé face à toute cette stupidité de la part des humain.e.s.

Mais comme le dit Gangaji, osons permettre à notre coeur de se faire briser car c’est ainsi qu’il peut grandir, qu’il peut s’épanouir, qu’il peut s’ouvrir jusqu’à englober le monde entier. https://www.youtube.com/watch?v=gII6JEuwLq0&t=3s

Et de continuer à garder espoir dans les moments difficiles n’est pas seulement innocemment romantique. Car l’histoire de l’humanité ne repose pas seulement sur la cruauté mais aussi et surtout sur la compassion, le sacrifice, le courage et la bonté. Ce sur quoi nous nous dédions dans cette histoire complexe déterminera nos vies. Si nous ne voyons que le pire, cela va détruire notre capacité de faire quoi que ce soit. Si nous nous souvenons de ces périodes et de ces époques au cours desquelles les gens ont agi magnifiquement – et elles sont nombreuses – cela nous donne l’énergie pour agir ou, au moins, la possibilité de contribuer à faire bouger le monde dans une direction différente. Et si nous sommes en action, peu importe l’ampleur de nos actions, nous n’avons pas à attendre un avenir utopique. L’avenir est une succession de moments présents, et si nous vivons dès maintenant comme on croit que les humains devraient vivre, en défiant tout le mal autour de nous, en soi c’est déjà une merveilleuse victoire.
– Howard Zinn

Tu vois Winnie, y a de l’espoir. Oui il se passe tout plein de choses folles et terribles autour de nous et de par le monde, inégalités, injustice et abus de pouvoir. Et c’est normal d’avoir le coeur lourd parfois. En fait ce serait un peu étrange de ne pas ressentir cette lourdeur car nous sommes perméables à la douleur et à la souffrance humaine. En fait là repose notre grande qualité, soit notre capacité d’empathie et de compassion. Non l’empathie n’est pas une faiblesse comme aiment le prétendre certains petits bullies bien insécures probablement en eux-mêmes, l’empathie est notre plus grande force.

Utilisons ces folles actions pour nous stimuler encore davantage à créer un monde juste et bon, un monde comme il devrait l’être.

Et comme on pourrait dire, les plus faibles seront les plus forts. Et heureux les simples d’esprit et au coeur grand et ouvert car le royaume des cieux est right here right now, au coeur de notre coeur.

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Le bonheur n’est pas quelque chose d’immédiat. Il vient de vos propres actions.
– Dalaï-Lama, via Pierre Lemieux

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Tout cela peut paraître utopique, idéaliste ; une chose à laquelle l’humain ne peut qu’aspirer.
Mais si vous ne faites qu’y aspirer, vous continuerez à tuer.
L’amour est aussi réel, aussi fort que la mort.
Il n’a rien à voir avec l’imagination, le sentiment ou le romantisme ; et naturellement, il n’a rien à voir avec le pouvoir, la position sociale, le prestige.
Il est aussi calme que les eaux de la mer et aussi puissant que la mer.
C’est comme les eaux courantes d’un fleuve qui coule sans fin, sans commencement ni fin.

– J. Krishnamurti

Et Winnie, bonne nouvelle car nous sommes en août, et août est ici.

N’est-ce pas Minion ?

OUI JE LES VOEUX

Je rêve d’un monde dans lequel chacun.e a un toit sur la tête, personne n’a faim, tous les malades sont guéris, aucun en enfant n’est orphelin, tous les animaux sont traités avec soins et amour, les gens traitent la terre avec respect et où chacun.e prends soin d’autrui.

Imagine. Imaginez. Imaginons.

Qui peut être contre la vertu right ? On dirait bien qu’il y en a quelques-un.e.s sur terre. Mais nous on a le luxe de rêver. On a le privilège d’être assez à l’aise au quotidien pour imaginer un monde meilleur, et non pas de se battre au quotidien simplement pour rester vivant.e, pour trouver quelques miettes à manger, pour se réfugier et se protéger du chaud ou du froid. Pour ne pas seulement survivre mais bien vivre.

Et avec ce luxe et ce privilège vient une aussi grande responsabilité, une immense responsabilité. Celle d’étendre notre bien-être à autrui, à toute âme qui vive. Et de prendre au moins une ou quelques petites actions en ce sens à chaque jour. Simplement améliorer le sort de la nature autour de soi, d’un animal ou d’une personne. Créer un peu de beauté et contribuer au bien du plus grand nombre.

Car vient un point où prier, souhaiter, imaginer ne fait plus la job. Vient un point où l’on doit agir. Personnellement et collectivement. Pour cela il faut s’organiser, se parler, se consulter. Et je crois que nous avons atteint ce point critique.

Oh bien sûr, ça fait longtemps que nous y sommes. Mais maintenant plus que jamais. La vérité crie et hurle. Même si pour le moment tout semble stagner, pendant qu’un peuple est bombardé, isolé, affamé et assoiffé par ses voisins, la réponse s’organise lentement, trop lentement. Et pas si sûrement que ça. Mais quand même un peu. Dommage qu’on doive toujours attendre trop longtemps pour que les choses s’améliorent. Ça doit être dans la nature humaine.

Oh, bien sûr, devant l’état du monde actuel, on peut considérer les souhaits émis ci-haut comme des utopies, comme des pensées magiques. Mais gardons tout de même en coeur et en tête le souhait personnel et général du mieux, du meilleur pour tous et toutes, et du plus beau partout.

Car quel autre choix avons-nous ?

Surtout, ne tuons pas la beauté du monde.

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Le dernier après-midi d’un atelier intensif de deux semaines, Joanna Macy se promenait et rencontra un jeune moine du centre de retraite qui organisait l’événement.

« Eh bien », dit-il, « je m’attends à ce que, le dernier jour, tu donnes des vœux. »

Joanna lui répondit que ce n’était pas son cas.

« Dommage », dit-il, « je trouve, dans ma vie, les vœux très utiles, car ils canalisent mon énergie pour faire ce que je veux vraiment faire. »

Poursuivant sa promenade, Joanna pensa que si nous devions faire des vœux, ils ne devraient pas être plus nombreux que les doigts et le pouce d’une main. Presque aussitôt, les cinq vœux suivants lui vinrent à l’esprit :

Je fais le vœu, à moi-même et à chacun de vous :

1- De m’engager quotidiennement pour la guérison de notre monde et le bien-être de tous les êtres.

2- De vivre sur Terre de manière plus légère et moins violente dans la nourriture, les produits et l’énergie que je consomme.

3- Puiser force et guidance auprès de la Terre vivante, des ancêtres, des êtres futurs et de mes frères et sœurs de toutes les espèces.

4- Se soutenir mutuellement dans notre travail pour le monde et demander de l’aide lorsque j’en ressens le besoin.

5- Suivre une pratique quotidienne qui clarifie mon esprit, fortifie mon cœur et m’aide à observer ces vœux.

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Il n’y a plus de portes dans les murs, plus de ponts sur les rivières.
Entre les pour, les contre, les contre du pour et les pour du contre, nous prenons nos peurs pour des opinions, et nous nous rapetissons dans nos peines.
Chacun pour soi, chacun chez soi, nous ne faisons plus que subir et nous débattre dans la tristesse de la séparation.
Il est là, le vrai virus, caché dans cette cave du cœur où nous oublions notre commune humanité.
Au delà de nos idées, de nos croyances, il est grand temps de revenir à ce qui nous fait semblables : la vie, la chaleur de la vie.
Nous ne sommes ni nos idées, ni nos croyances.
Nous sommes beaucoup plus que cela.

Nous sommes des êtres vivants peuplés de joies, de peines, d’émerveillements, de mémoire, de rêves et de cauchemars, d’élans et de désirs.
Parlons donc de tout cela qui nous unit, c’est la meilleure façon d’éloigner ce qui nous sépare.
Tout au long de mon existence j’ai tenté de servir la vie.
Je ne peux donc qu’essayer encore et vous dire mon sentiment.
Le mauvais temps que nous traversons doit nous apprendre à grandir, à créer partout où nous le pouvons des oasis de fraternité plutôt que des champs de bataille.
Je vous le dis parce que je sais qu’au fond nous en rêvons tous, et que nous n’avons pas d’autre choix que de cheminer vers nos rêves.

– Henry Gougaud


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Être joyeux dans un monde qui semble s’effondrer est un acte de résistance.
C’est refuser de se laisser submerger par la tristesse et le désespoir, c’est affirmer, malgré tout, que la vie vaut la peine d’être vécue.
La joie n’est pas une absence de douleur, mais une décision de la surmonter, de la transcender.
Elle est ce choix conscient de voir la beauté dans les moindres détails, de trouver un éclat de lumière même dans les moments les plus sombres.
La joie est rebelle, elle refuse de céder à la morosité ambiante, elle persiste, tenace, comme un acte de foi dans la cruauté fondamentale de l’existence.

– Christopher Laquieze, Le silence de la joie

SIOUX HOMME AUX CHATS ET À LA FIANCÉE

Il pensait à l’intérieur des autres, et les autres pensaient en lui.
Au fond, c’est cela, l’ultime dessein de l’écriture – l’idéal vers lequel je tends : penser et ressentir en l’autre, comme d’autres – écrivains ou non – ont pensé et ressenti en moi.
– Annie Ernaux, L’écriture comme un couteau

La mémoire étant une faculté qui arrive à s’oublier elle-même, je ne me souviens pas en détails de Foglia et de ses mots. Mais je me souviens du mood quand on le lisait. Et probablement que si j’écris depuis une 14-15 zaine d’années, c’est à cause de lui. Oui, à cause de plutôt que grâce à lui. J’imagine que lui faisait ça aussi, twister des expressions, ou il aurait pu le faire ce cher fier Pierre. Car de toute façon, il a fait bien pire, et il nous a fait rire. Comme il nous a brassé.s les mots et les idées.

J’ai lu que plusieurs plumes ont été inspirées par son style sans style jadis et depuis lui. Désormais quelques jeunes claviers se sentent encore poids plumes devant son style, devant ses mots. Oui, jadis, dans le temps du Foglia, nous étions plumés et chatouillions à la main le papier, mais de nos jours nous tapons. Mais lui était unique. Et pas surprenant qu’il ait commencé comme typographe ce drôle de type et homme de lettres.

Foglia écrivait tout petit la vie, mais ses mots résonnaient en grand, comme des géants dans nos têtes. Résonnance de sens, et de reliance. Si on le lisait sur papier qui nous tachait les doigts, ses mots touchaient aussi notre coeur qui souriait, comme tous nos sens, de l’humour, de la provocation à la surprise. Comme notre sens de l’amour de l’humain. Il parlait de tout et de rien mais disait tout en parlant de rien.

Peut-être que c’est à cause du papier qui transmettait mieux le sens de ses mots ? Tac tac tac. Et tabarnak, car ses mots étaient sacrés et lui osait le faire. On les sentait de nos doigts ses mots dits, et cris silencieux dans leur écrin de pâte à papier. Il écrivait baveux un peu Foglia, mais toujours juste. Juste assez et parfois too much. Mais jamais de trop.

Quand on le lisait, on le sentait nous écrire personnellement à la main comme au coeur, et jusque dans la face. Jusqu’au cul aussi parfois qu’il nous bottait un peu à l’occasion. On le sentait écrire à personne en général comme à tout le monde en particulier, comme s’il voulait nous baver un peu, et nous braver beaucoup. Il écrivait frondeur, jamais de peur. Je ne sais pas pour lui mais ses idées étaient braves en mots dits.

Quand on le lisait, on le sentait, il était ici avec nous, et nous dans le journal avec lui, et c’était comme s’il nous sentait lui aussi. Ou se crissait-il de nous ? Il savait quoi écrire pour entrer en nous, pour nous toucher le feu au cul et au coeur et nous déranger un peu. Ou nous arranguer le portrait. En fait, ses mots sentaient la vie, ses mots chantaient l’envie, de vivre comme de nous faire sentir vivant.e.s et de nous faire voir les ptits détails de la vie. Il disait, telles quelles, les choses ordinaires de la vie, de façon extra ordinaire. Telles qu’il le voyait, sentait, chantait. Extraordinaire le Pierre.

Foglia écrivait la petite vie d’une façon grandiose et pour ça, oser, on peut dire qu’il osait oser. Il écrivait un peu fleur rose, mais aussi noir rock n roll. Il était drôle mais il était aussi roc. Ses mots nous faisaient sourire et parfois maudire, sinon mauvir pour les plus prudes du verbe de la chair et de la sainte taxe.

Je suis certain que Foglia a eu un troupeau de chroniqueurs wannabe freestyle à sa suite. Moi le premier, et je ne suis sûrement pas le premier. Ni le dernier car on sait bien où finissent les premiers. Nous sommes plusieurs à nous essayer depuis lui. Non pas de le copier, inimitable il est, mais d’écrire aussi unique que lui en tentant de toucher les gens par des mots, petits ou gros, des mots de l’intérieur. Car lui écrivait de l’intérieur, littéralement car à ce qu’on dit il le faisait plus souvent de et à la maison qu’au bureau. Mais, surtout, intérieurement en partant de lui, en parlant de lui. De lui, par lui, vers le monde entier. Définitivement, l’universel et personnel.

Car nous sommes le monde, chacun chacune de nous, un petit univers qui tente de rejoindre l’autre du mieux possible, de rejoindre les autres le plus sincèrement possible. Même ceux qui ne s’en souviennent pas, qui ne s’en souviennent plus. Par la musique, par les mots ou par notre être entier. Moi et l’autre.

Certain.e.s écrivent pour crier doucement, ou durement, d’autres pour se livrer, d’autres encore pour se délivrer. Du mal comme du bien. Comme aurait pu dire ce diable de chroniqueur, si tu fais le mal, fais-le bien.

Il aura été une inspiration, un souffle d’authenticité dans le journal de la vie, une volée de vérité impolie mais si jolie dans un grand journal populaire de mouréal. Et si c’était écrit – par lui – dans le journal, ça devait être vrai. Ou pas. Mais pour de vrai qu’il écrivait. Par ses mots qu’il touchait. Il torchait comme diraient les jeunes d’aujourd’hui.

Avec lui meurt une époque, mais lui survit tout une tribu de tribuns, et de tites brunes. Des joueurs et joueuses de mots, et de tour, de France, comme les cerises de jadis. Il écrivait depuis tout le tour de la terre, mais surtout à partir de lui, où qu’il soit. Il jouait avec les mots, les tissait, les vissait dans nos têtes que parfois il dévissait. Il brassait nos idées préconçues, pour ne pas dire nous les décrissait. Je n’ai presque pas oser le dire mais lui l’aurait fait sans scrupules.

Foglia écrivait doux, comme en ptit rough and tough. Mais toujours il écrivait vrai. Il nous faisaient sentir intelligent.e.s, capable de le prendre. Ou pas, et de l’ignorer. Et il s’en crissait probablement. il écrivait tout d’abord pour lui, et ensuite pour nous. Ou l’inverse. Ou pas. Et un peu probablement pour payer le loyer aussi. Mais jamais il n’essayait de plaire. Sous ses mots, le papier était hot. Et beau.

Merci Foglia. Ils et elles devaient être peu nombreux à t’appeler Pierre. À part tes chats et ta fiancée. Et quelques collègues. Car tu t’es fait un nom et désormais tu l’emporteras au paradis. Ou ailleurs.

Salut vieux bougre de chroniqueur sympathique. Pensées de coeur vers tes proches.