
Une grande évidence. Le message central du temps des fêtes.
Pourtant, certains des grands meneurs de ce monde nous illustrent par de multiples exemples concrets l’envers du décor. Ils incarnent le faîte de la bassesse humaine.
On pourrait les remercier car ils nous montrent ce qui abaisse l’humanité à sa plus vile expression. Avidité, désir de puissance, manque d’empathie, name the rest. Quand on est rendu à mépriser les gens qui meurent, le fond n’est pas bien loin. Et même si ce n’est qu’un jeu médiatique, une conscience doit sûrement pouvoir atteindre le dernier sous-sol de l’humanité éventuellement. Ça sent le fond.
Comme l’impression que ces petits grands garçons doivent faire dans leur froc à l’idée de perdre ces richesses vides de sens, ce qui arrivera inévitablement plus tôt que tard. Tous ces privilèges artificiels leur seront retirés éventuellement car on sait bien que rien ne dure. À part leur tête et leur obsession d’en avoir toujours plus, que ce soit un prétendu pouvoir, une sécurité pourtant impossible et inatteignable, ou encore une quête effrénée d’éternité.
Alors pour ce Noël, souhaitons-leur de s’éveiller un peu, souhaitons leur un peu de woketitude, et de tomber, même si par hasard, sur une toute petite parcelle de leur propre humanité cachée quelque part en eux.
Prions pour qu’ils s’aperçoivent que cette course folle, quelqu’en soit le but ou l’objectif, dans laquelle ils nous entraînent sans scrupules dans leur foulée, cette inaccessible étoile, ne nous mènera que dans le cul du sac à surprises.
Car
Posséder des richesses matérielles sans paix intérieure, c’est comme mourir de soif en se baignant dans un lac.
– Paramahansa Yogananda via Pierre Lemieux
Ou comme le suggérait Georges Carlin, essayer d’être heureux en accumulant des possessions ressemble à essayer de combler sa faim en se collant des sandwiches sur le corps.

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LE MIRACLE
De l’Invisible au visible
Miracle initial, délivrance finale
Le seul vrai miracle est celui du Un se manifestant sous forme du multiple : le passage de l’Invisible au visible.
C’est la seule chose qu’on ne saura jamais expliquer ; d’ailleurs, on n’a pas à le faire.
Ce miracle est ce qui est le plus digne d’être célébré dans l’espace-temps de nos brèves vies sur terre et c’est exactement ce à quoi les anciens Égyptiens, sous l’égide des maîtres qui furent à l’origine de tout, ont consacré leur temps et leur énergie pendant des millénaires.
Non seulement avaient-ils à cœur ce miracle, mais ils avaient aussi fréquenté la voie du retour à l’Un pour l’être humain qui se voit séparé, limité et souffrant.
Cette voie passe par un retour à ce qui nous a un jour fait prendre conscience que «j’existe» et nous a dès lors amenés à nous affirmer en tant qu’individu.
C’est uniquement par la reconnaissance de ce mouvement que peut luire en toute clarté la pure Lumière consciente qui le provoque.
C’est par la prise de conscience directe du mouvement de la création temporelle que l’homme se découvre sa propre intemporalité.
C’est en réalisant ce qui a assisté à la prise de conscience « j’existe » qu’il se découvre au-delà de l’existence et de la non-existence.
C’est le sens véritable d’expressions telles que l’immortalité ou la vie éternelle : Cela qui est au-delà même du fait d’exister ou ne pas exister.
C’est cela qu’on dit au-delà de toute dualité .
Même parler du Un est une licence poétique.
Le mythe initiatique égyptien des origines, dans ses versions diverses et complémentaires, parle du miracle initial et fait signe vers la délivrance finale.
C’est en prenant vivement conscience du miracle de son origine que l’homme peut réaliser qu’il est vraiment l’Invisible, ou l’Absolu, et non simplement cet instrument mortel par lequel Il expérimente sa manifestation dans le multiple.
La tradition égyptienne était initiatique : elle se transmettait de bouche à oreille à qui s’en montrait digne et capable de porter la Connaissance.
Le grand secret, autrefois transmis nuitamment dans les cryptes ou sur le toit des temples, est aujourd’hui formulé beaucoup plus ouvertement.
Les initiés de l’Égypte antique se gardaient bien de formuler ouvertement cette Connaissance.
Ils ne souhaitaient pas que la Vérité tombât dans les oreilles de ceux qu’elle pourrait rendre fous ou qui pourraient la déformer et même l’utiliser à des fins personnelles.
Mais au fond c’était surtout une question de respect absolu : ne pas la livrer en pâture au vulgaire allait de soi et cela fut la norme dans toutes les civilisations traditionnelles.
La crainte de voir la Vérité tomber en de « mauvaises mains » concerne ceux qui sont à moitié prêts, car, on le voit bien encore de nos jours, celui qui n’est pas prêt du tout entend sans écouter et regarde sans voir, et continue de vaquer à sa petite vie personnelle comme si de rien n’était. Par contre, ceux qui entendent et en forment des concepts aussitôt mis au service de la machine égotique, ceux qui s’embrouillent en croyant avoir tout compris, sont très actifs : le nombre des malheureux et de malheureuses qui se prétendent des « éveillés » permanents, ou qui un peu plus subtilement le laissent entendre, est en croissance rapide.
Ceux qui vont ainsi grossir l’offre sur le populaire marché des éveillés de pacotille répandent une confusion colossale, bien sûr, mais cela est dans l’ordre des choses à une époque de grand désordre comme la nôtre.
La Connaissance tient à très peu de mots : l’homme n’a jamais cessé d’être l’Homme cosmique, l’Absolu, la Lumière consciente .
Tout être humain méditant avec passion sur le Mystère arrivera à une conviction absolue, hors de tout doute, et seulement alors pourra-t-il vivre sans restriction la liberté et la joie sans borne.
Toute la vie des sages de la civilisation du Nil était, à travers le mythe des origines, tournée vers cette révélation libératrice.
En dehors de cette conviction totale, la vie humaine n’est qu’une suite d’ajournements, « vanité des vanités ».
On ne peut voir directement la lumière entrant dans une pièce ; on ne sait voir cette lumière que lorsqu’elle se répercute sur les obstacles qui la réfléchissent.
Nous appelons cela des objets. Nous sommes obnubilés par les « objets » de nos perceptions —ces formes construites par notre cerveau— et nous ne réalisons pas que nous voyons toujours que la lumière elle-même et rien d’autre.
Ainsi, nous ne pouvons connaître directement l’Inconcevable, l’Irrationnel ; nous ne savons que reconnaître et comprendre les perceptions qui nous viennent de nos sens, ainsi que les images et les notions que notre cerveau construit sans arrêt depuis notre naissance.
Le réseau complexe de toutes ces images et les liens tissés entre elles, nous appelons cela le monde.
Ce monde imaginaire, nous le découpons par rapport à l’image que nous appelons moi.
C’est cela qui se passe en chacun d’entre nous au moment où nous commençons à penser et dire « j’existe ». Nous croyons que ce monde et ce moi existent vraiment de manière séparée, alors qu’il n’y a que pur Regard, la Lumière consciente, l’Inconcevable, l’unique Réalité, au-delà du fait d’«exister».
La souffrance humaine vient de cette confusion et de l’identification à cette image appelée moi.
Pendant tout ce temps où nous percevons, pensons, calculons, espérons, désespérons, pendant que nous nous réjouissons et souffrons, il n’y a que la seule la Lumière consciente, qui est notre vraie nature.
C’est cette Lumière consciente que les anciens Égyptiens ont appelé Rê (ou Râ) puis de nombreux autres noms.
Les initiés égyptiens savaient, bien sûr, qu’on ne peut connaître Rê comme on connaît un objet.
C’est pourquoi on affirmait que son nom véritable est secret.
Connaître implique une dualité.
Les Anciens ont reconnu que c’est uniquement en pressentant le mécanisme de la manifestation de l’Absolu que celui-ci peut luire en toute clarté en nous et que l’homme peut en arriver à saisir qu’il est de tout temps libre de toutes ses images et identifications.
Voilà pourquoi les Anciens ont célébré Rê sous toutes ses formes dans les hymnes et qu’ils en ont tant souligné les lois de la manifestation dans leur science sacrée.
L’architecture des temples, la sculpture, les bas-reliefs, les décorations, les Neter (les principes vitaux en nous et partout dans l’univers; on ne met pas de “s” au pluriel des mots d’autres langues, en Égyptien le pluriel est Neterou), les mythes, tout cela n’eut jamais d’autre but que de faire signe en cette direction.
Dans toutes les civilisations traditionnelles, la science était inséparable de la base spirituelle sur laquelle elles furent édifiées et qui, tant que cette base demeurait relativement intacte, en assura le fonctionnement harmonieux.
Les sciences sacrées de ces civilisations traditionnelles sont aujourd’hui snobées parce qu’on n’arrive pas à les faire entrer dans le système de classification moderne.
C’est une caractéristique de l’esprit profane moderne de tout séparer, car il ne perçoit pas le fondement universel de l’existence.
Un tel esprit, lorsqu’il se tourne vers les civilisations traditionnelles, essaie d’interpréter ce qui est fondamentalement initiatique et mystique en termes de « philosophie » ou de croyances religieuses et ce qui est science sacrée indissociable du fondement en termes de sciences modernes profanes.
On appelle civilisation traditionnelle toute civilisation au cœur de laquelle fut conservé et transmis le grand secret de l’existence et dont les institutions et le fonctionnement étaient modelés autour de la Vérité qui est au-delà de ce que nous appelons la vie et la mort.
(Extrait de « L’Harmonie secrète, cœur de l’ancienne Égypte », Almora, 2015)
via Jean Bouchart d’Orval
