
– Bernard Kastrup
Nous sommes certain.e.s à pratiquer l’art de se regarder soi-même.
Mais pour qu’une telle pratique puisse devenir un art, on doit s’y mettre sans relâche, ou avec un total relâchement, c’est selon.
La pratique qui consiste à se regarder n’est jamais acquise ni maîtrisée complètement. Il peut toujours survenir un événement, ou une personne, pour nous faire tomber de notre trône de paix et nous déclencher dans notre réactivité et ainsi nous sortir de soi, nous faire sortir de nos gonds.
Si on médite depuis longtemps et/ou qu’on a beaucoup lu ou écouté les maîtres, on peut penser savoir, ou croire se connaître. Mais la connaissance de soi est une pratique constante qui requiert exactement ce qu’elle est, de la pratique.

Tel que l’avance Krishnamurti : on peut penser posséder de la connaissance ou de l’information au sujet d’un fait ou un état, mais la réalité de ce fait/état est complètement différente de la connaissance «au sujet» de ce fait/état. Il faut laisser les livres de côté, abandonner les descriptions, la tradition et l’autorité et entreprendre le voyage qui consiste à se connaître.
Et ce voyage n’est jamais complet tant que nous sommes vivant.e.s.
Mais quelle est cette pratique d’introspection au juste ? Demandons à Ram Dass :

La base de la pratique consiste à continuellement s’extraire de l’identification à votre conscience et ses désirs, ses peurs, ses espoirs et ses pensées. Le but n’est pas de vous isoler dans votre royaume de licornes (lala land), mais de vous ancrer dans divers niveaux de conscience, et ensuite de rester en contact totalement avec la vie. Ainsi, vous pouvez danser dans la vie en tant qu’être humain et en même temps être absolument spacieux et vide.
Facile à lire mais un peu moins à réaliser, soit à rendre réel, tout le temps.
Pratique pratique disait le gourou.
Le travail pour développer l’art de l’introspection est truffé de pièges et de défis – tricky ego va – et requiert patience et persévérance. Et une présence constante et de tous moments. Oui papa.
Le problème réside souvent au niveau de la définition du Je, du Soi. Comme du lieu où nous nous trouvons.

Et c’est souvent un problème de définition. Pour Bashar, la définition que tu entretiens à propos d’où – ou de qui – tu es détermine ton expérience actuelle.
On va méditer là-dessus.
Peut-on s’éveiller ? Car personne ne peut s’éveiller du Rave. De toute façon, qui va s’éveiller ?

«Tu» ne peux pas t’éveiller parce que «Tu» est le rêve. Le rêve ne peut s’éveiller, le rêve ne peut que se terminer.
Extasy, when I see your face extasy.
Mais pas si simple ni facile d’accepter l’hypothèse que nous ne sommes rien, ni personne.
Car l’identification est la dépendance qui consiste à (penser) être quelqu’un. Et on préfère souffrir que de n’être personne parce que cette vérité nous terrifie.

Nous, adeptes du monde dit spirituel, sommes quelques-un.e.s à chercher depuis longtemps l’illumination. Mais qu’est-ce qu’un tel état ?
Peut-être pas tant un état à acquérir que l’effondrement de l’illusion qu’il y a déjà eu un.e. chercheur/se ou quelque chose à trouver.

Oh, nous avons bien vécu quelques épisodes de Satori ici et là au cours de nos pélerinages.

Mais le vrai test consiste à incarner cet état au quotidien. Comme l’a bien dit Jack Cornfield, après l’extase, la lessive. Et le monde actuel constitue toute une brassée, alternant entre les cycles Rinse et Spin. Et les taches sont tenaces.
On aime bien blâmer notre égo pour tous nos problèmes. On le démonise, on l’affuble de tous les torts, comme si on pouvait vivre sans un tel artifice.
Mais au fond, sous la surface, ce dit égo n’est que notre identité, simplement le rôle qu’on joue en cette grande comédie dramatique humaine. Rien de plus et néanmoins.
Au fond, qu’un peu de bruit sur la surface de notre récit historique. On doit tenter d’écouter le silence sous la surface car ce que nous serions selon Rumi.

Et on l’aime Rumi nous right ? Même si on ne le connait pas.
Souvent, je trouve que les gens qui s’introspectent, moi-même le premier, mettons beaucoup de temps à trouver la paix intérieure, et pas suffisamment à prendre action socialement. Souvent en effet, je me dis: arrête de te gratter le nombril mon ati et va aider le monde.
Mais peut-être que c’est justement ce calme intérieur qui va sauver et transformer le monde. Oui mon Eckart.

Et justement, tant qu’à citer Mr Tolle, c’est peut-être en réalisant que nous sommes déjà là que nous y arriverons.

Il ne nous reste plus qu’à définir les concepts d’ici et de là.
Et il ne faut trop se prendre au sérieux. Surtout si on n’existe pas 😉
Lala Land et Tralala. Et ding ding dong !
