BIENVENUE EN NÉOTÉNIE

Moi non plus je ne connaissais pas ce terme avant hier. Beau hein ? Et oui, moi aussi il m’accroche et m’enthousiasme ce mot un peu étrange qui rappelle un pays d’Europe de l’est.

En fait, j’imagine qu’il ne s’agit pas tant de re-créer l’émerveillement, mais simplement de le retrouver car l’émerveillement est probablement encore et toujours présent en nous si on fouille le moindrement au fond de notre coeur d’enfant. Et possiblement aussi un peu dans les ptits racoins négligés. Car l’émerveillement se cache en soi, au coeur de soie, et se pose dans nos yeux quand on regarde le monde à partir de là.

L’émerveillement est notre état fondamental et consiste en une grande curiosité, un regard frais et neuf, encore et toujours, sur les choses et les gens qui nous entourent. Une vivacité dans le regard, une grande appréciation du simple fait d’être en vie. Comme on dit, la vie n’est pas un problème à résoudre mais un mystère à découvrir, again and again.

Rien à faire pour être émerveillé.e, suffit de regarder et de ne rien tenir pour acquis. Car rien n’est jamais acquis. Tout ne se tient qu’au bout de chaque respiration. Il suffit de se laisser happer par la merveillosité du monde, de la laisser vivre en nous. Elle ne vient pas de nous, elle ne fait que nous passer dedans, nous traverser. Si on le décide ainsi.

Oui mais pauvre chroniqueur, ne lis-tu pas les nouvelles ?

Oui, un peu cher lecteur/trice. Mais de plus en plus vite, et de moins en moins, et je décroche plus rapidement qu’avant et, après un temps de plus en plus court, j’arrête et Je sors et je vais jouer dehors. Pour observer le miracle de la nature qui se déploie à chaque instant sous nos yeux si on prend la joie de bien regarder. Oh ! regarde le vent dans les arbres. Écoute ! un corbeau qui passe au-dessus de nos têtes. Oups, un flocon !

Même si je me désintéresse des dites nouvelles qui roulent en boucle tout le tour du monde de nos écrans, je n’arrête jamais de penser aux gens qui souffrent, aux enfants qui ont faim, aux sans-abri, particulièrement en hiver et par temps froid. Je les garde en mon coeur, en mon humanité. Je lis moins mais je me lie de plus en plus à eux et elles. Aux enfants en particulier. Et aux personnes âgées qui apprennent à ralentir.

Et quand je vois des personnages détestables, car il y en a en ce bas pour nous faire pratiquer l’amour inconditionnel, j’essaie désormais de me brancher sur leur coeur, et de les voir tels des petits enfants. Avec le même besoin d’être aimé et respecté qui est aussi mien, ce qu’ils cherchent parfois grâce au pouvoir et à la prétendue gloire, avec les mêmes besoins de sécurité et de paix intérieures. Sure, pour certains, la guerre c’est la paix ou, du moins, de gros profits. Je sais, difficile à comprendre mais le merveilleux inclut probablement aussi le terrible et ce qui est éloigné de soi.

Quand je lis et que j’entends des gens bitcher et se plaindre, je tente de toujours sentir le besoin qui se cache derrière leurs complaintes. Car derrière chaque récrimination, il y a un besoin inassouvi et non comblé, toujours une insatisfaction certaine. On doit écouter avec ce coeur d’enfant aussi car celui qui entend et comprend le mieux.

Nous sommes plus de 8 milliards d’humain.e.s vivant sur une boule qui tourne dans le vide. Déjà pas merveilleux ça ?

Plus de 8 milliards de coeurs qui battent à l’unisson sur une terre généreuse mais si malmenée, sans compter toutes les autres formes de vie. Et ça continue de tourner.

Plus de 8 milliards d’âmes humaines qui cherchent un sens en tentant de survivre du mieux possible avant de retourner à la maison.

Tout ce ballet humain, animal et minéral se déroulant sur une boule nommée terre, en une époque donnée, dans une intensité difficilement descriptible. Cette boule que l’on perd parfois nous-mêmes avec nos têtes de linotte échevelées et dissipées.

Bienvenue en Néoténie, ce pays des Nations Unies pour les simples d’esprit et les généreux de coeur. Un lieu et espace temps qui couve toujours en soi, pour peu qu’on prenne le soin d’y descendre et de s’y déposer.

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Les tourments de ce monde sont éphémères, et ce qui nous reste, c’est ce que nous avons fait de notre âme.
– Shoghi Effendi via Justine

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Plus nous nous accrochons, plus la vie nous échappe ; plus nous nous détendons, plus elle s’écoule naturellement vers nous.

La plénitude n’est pas un but à atteindre, elle est ce qui nous revient lorsque nous cessons de la poursuivre et commençons à l’accepter.
Tao Te Ching 

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Ce n’est pas l’impermanence en soi, ni même la conscience de notre mortalité, qui est la cause de notre souffrance, enseignait le Bouddha.
C’est plutôt notre résistance à l’incertitude fondamentale de notre condition.
Notre malaise provient de tous nos efforts pour nous ancrer solidement, pour réaliser notre rêve d’un bien-être constant.
– Pema Chödrön
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L’univers tout entier est ma scène.
Je ne me contente pas de jouer, je construis la scène et les décors ; j’écris le scénario et je dirige les acteurs.
Oui, je suis l’acteur seul et unique qui joue les rôles de millions de personnes – et, qui plus est, ce spectacle ne s’achève jamais !
Le scénario est continuellement écrit, sans cesse de nouveaux rôles sont conçus, sans cesse de nouveaux décors sont mis en place pour de multiples situations différentes.
Ne suis-je pas un merveilleux acteur-metteur en scène-producteur ?
Cependant, la vérité, ajouta-t-il, est que chacun d’entre vous peut dire la même chose de lui-même.
Mais, et c’est là toute l’ironie de la chose, dès l’instant où vous êtes réellement capable de ressentir profondément et avec conviction qu’il en est ainsi, le spectacle est terminé pour vous !
Pouvez-vous percevoir que c’est seulement vous qui jouez le rôle de chaque personnage du monde ?
Ou bien allez-vous vous confiner à ce rôle morcelé que vous vous êtes assigné, et vivre et mourir dans ce rôle étriqué ? »

– Nisargadatta Maharaj

2 réflexions au sujet de « BIENVENUE EN NÉOTÉNIE »

  1. Avatar de AnandgyanAnandgyan

    Moé tou je ne connaissais pas ce mot

    et j’ai juste trouvé de la biologie et des larves

    pis comme une blastula inachevée, fa’ que

    être néoténien me laisse plus pantois qu’absurde

    ce qui est très bien pour un surréaliste.

    Ce sont les deux récentes citations de Nisargadatta Maharaj

    qui m’allument particulièrement fidèle lecteur que je suis.

    Merci pour tes partages again and again.

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