
Parce que 99 % de tout ce que tu penses, et tout ce que tu fais, est pour toi-même, et il n’y a pas de soi.
– Wei Wu Wei, Le Secret ouvert
Toute la machinerie de la quête s’effondre lorsqu’on réalise qu’ils n’y a jamais eu de chercheur/se.
Pourquoi suis-je ici ?
Qui suis-je ?
Que cherche-je ?
Le bonheur ? La liberté ? L’éveil ?
Quelle est mon essence ?
Ce fameux Je ? Ou Dieu ?
Tout ? Rien ? Rien du Tout ?
Probablement que notre grand malheur, nous humain.es, réside dans cette quête incessante et inassouvie, dans le fait de toujours en vouloir plus et de le chercher ailleurs, plus tard, dans autre chose que ce qui est.
Que l’on quête des bidous, de la bouffe, de la sécurité, de la gloire, des likes ou du sens, on cherche toujours autre chose, et pas mal toujours en dehors de soi.
Comme un chiot un peu foufou, on court toujours et sans cesse après sa queue.
Peut-être que le secret consiste à jouir de la course folle ?
Ou à arrêter de courir.
Ou de trouver le 1 % utile de nos pensées ?
Allez donc savoir.
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Je suis terriblement choqué par les gens qui vous disent qu’on est libre, que le bonheur se décide, que c’est un choix moral.
Les professeurs d’allégresse pour qui la tristesse est une faute de goût, la dépression une marque de paresse, la mélancolie un péché.
Je suis d’accord, c’est un péché, c’est même le péché mortel, mais il y a des gens qui naissent pécheurs, qui naissent damnés, et que tous leurs efforts, tout leur courage, toute leur bonne volonté n’arracheront pas à leur condition.
Entre les gens qui ont un noyau fissuré et les autres, c’est comme entre les pauvres et les riches, c’est comme la lutte des classes, on sait qu’il y a des pauvres qui s’en sortent mais la plupart, non, ne s’en sortent pas, et dire à un mélancolique que le bonheur est une décision, c’est comme dire à un affamé qu’il n’a qu’à manger de la brioche.
– Emmanuel Carrère, D’autres vies que la mienne
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La dépression et le burn-out ne sont pas des fautes du cœur, mais des haltes forcées de l’âme épuisée.
Quand le feu sacré se retire, ce n’est pas qu’il s’éteint, il se cache pour ne pas consumer ce qu’il aime.
L’esprit moderne veut produire sans cesse, comme si la valeur d’un être se mesurait à la vitesse de sa roue.
Mais le silence, parfois, se fait maître, il brise les ressorts pour que le cœur apprenne à battre autrement.
La dépression, vue de l’extérieur, semble un trou, vue de l’intérieur, c’est une chambre obscure où mûrit la graine du vrai.
Elle t’arrache aux illusions du contrôle et t’oblige à descendre là où aucune image ne te sauve.
Là, dans le noir, tu entends enfin le bruissement d’une autre intelligence, celle qui ne veut rien, qui ne prouve rien, qui simplement « est ».
Le burn-out est le cri d’une lumière qu’on a trop forcée à servir les formes.
Le corps, lassé d’obéir au mental, réclame sa part de ciel.
Ce n’est pas une chute, c’est une initiation sans décors, le moment où la flamme apprend à se nourrir d’air plutôt que d’huile.
Rien n’est perdu dans l’épuisement.
Ce qui s’effondre, c’est ce qui devait tomber. Ce qui reste, c’est ce qui respire encore, le centre nu, sans rôle, sans masque, sans performance.
Quand la fatigue devient un sanctuaire, la guérison commence.
Le vide, alors, n’est plus une absence, mais une matrice.
Et de ce sol dépouillé surgira un être plus simple, plus vrai, qui n’a plus besoin de brûler pour briller. »
– Acquario Waterman via Éloise Bénad
et pour arrêter un peu, petit oasis de paix, bon week-end…

Ah ! this … Bouffée de fraîcheur ce matin.
Merci. 🙏
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