INQUIÉATTITUDE CHRONIQUE

90 % des choses à propos desquelles je m’inquiète ne se réalisent jamais. L’inquiétude fonctionne.

C’est le 10 % restant qui m’inquiète 😉

Worry se traduit par s’inquiéter, se faire du souci, ou se faire du tracas, se tourmenter, se tracasser ou être tracassé.e, être préoccupée.e (par quelque chose), ou se préoccuper (se le faire soi-même, par soi-même, à et en soi-même), s’en faire, broyer du noir, etc. Il y a bien d’autres termes mais on comprend le concept. Car on s’en fait au quotidien pour de si nombreuses choses.

Je m’inquiète donc je suis.

Le verbe (se) préoccuper est particulièrement intéressant. Se pré occuper signifie être occupé.e par quelque chose ou une situation – ou par quelqu’un.e – avant que le problème ne se produise ou se manifeste. Parfois c’est notre intuition qui nous guide et nous aide à prévenir un danger, parfois c’est notre habitude chronique de s’en faire pour rien.

Dans les faits, en ce moment même, il n’est pas si déplacé d’être préoccupé.e.s par quelques enjeux autour de nous. Même si on ne peut rien faire pour le prévenir, ou si peu.

Mais si on ne peut rien à son propos, pourquoi s’en faire right ?

Bonne question e chroniqueur.

Le retournement de pensée de l’affirmation ci-haut est intéressant car par l’absurde, on nous montre qu’on peut bien s’inquiéter pour une foule de choses – la santé de la planète, Trump, Gaza, les inégalités sociales et tutti quanti – pas grand chose qu’on puisse faire pour prévenir une éventuelle catastrophe à venir.

En fait, comme le dit si bien Bashar ci-bas, s’inquiéter est comme prier pour quelque chose que vous ne voulez pas. Pourquoi faire porter votre attention sur une réalité dont vous ne voulez pas ?

On peut s’inquiéter pour préparer l’avenir, pour éviter le pire, ou le faire par habitude redondante. Et on nous a bien inculqué cette habitude de s’inquiéter pour la fin dans la religion catholique en nous promettant l’enfer à la fin de nos jours si on n’obéissait pas à certaines lois divines. Et nous on a acheté une partie de cette croyance.

Un dicton dit d’y penser à deux fois avant de sauter dans le vide. Un autre dit au contraire : sautez dans le vide, sans penser, et vous aurez ensuite tout le temps d’y penser par la suite.

Deux façons de vivre, une seule vie à vivre. Un seul choix à faire.

Alors cette journée à venir, j’ai envie de l’offrir aux gens de Gaza, avec eux et elles en nos coeurs et nos pensées.

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On oublie que la mort existe…
Ou peut-être fait-on semblant.
On s’inquiète pour un rien, et parfois pour beaucoup.
On râle pour cinquante mètres à parcourir sous la pluie, pour une mèche de cheveux coupée trop court, pour un agenda trop rempli d’obligations que l’on a nous-mêmes empilées, comme si le temps était une matière infinie, une ressource inépuisable.
Et puis… il y a ce jour.
Celui qui nous rappelle que la vie est fragile.
Celui où le téléphone sonne, où les mots s’étranglent, où le monde s’arrête.
Une personne qui nous rendait fier s’en va, une maman doit laisser sa fille, un regard s’éteint, et avec lui, une partie de nous vacille.
Alors on se fait des promesses.
De ne plus remettre à demain.
De rire plus fort, d’aimer sans demi-mesure.
D’oser, d’alléger, de ne plus se laisser happer par l’illusion du contrôle.
On se jure de choisir la lumière.
Mais la vie, cette magicienne, reprend son cours.
Les urgences factices reviennent.
Les cinquante mètres redeviennent une contrainte, la mèche trop courte redevient un drame, et l’agenda se remplit à nouveau, insidieusement.
Jusqu’au prochain rappel.
Et si, cette fois, on tenait parole ?
Si on choisissait vraiment, chaque matin, la lumière ?
Pas en de vaines promesses, mais en gestes concrets.
Un regard plus tendre, un café pris sans se presser, un « je t’aime » dit sans raison, une main serrée avec intention.
Parce qu’il n’y a pas de plus grand oubli que celui de la vie elle-même.
Et pas de plus bel hommage à ceux qui partent que de la vivre pleinement, ici, maintenant, sans plus jamais faire semblant.
J’ai une pensée infiniment douce et emplie d’amour pour toutes ces mamans et tous ces papas qui ont dû laisser leurs enfants trop tôt, trop vite…
Et pour tous ces enfants qui ont dû grandir d’un seul coup, portant en leur cœur l’écho d’un amour devenu absence, mais jamais silence.

– Aline Metzmacher

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