HALTE ESCAPE

Salut lecteur/trice

Si tu es déjà passé.e par ici, tu sais que je me fais aller les doigts régulièrement et chroniquement pour taper des mots divers, même l’été. Et l’automne. Je tape surtout le matin, plus tôt que tow. J’écris dans le now.

Je tape pour voir, juste pour voir. Juste pour voir ce qui va popper de mon inconscient. Pour voir et parfois revoir, ce qui se cache en moi, ce qui git dans le ptit cagibi de bibi.

Je tape pour jouer, avec les mots, mais surtout pour que les mots se jouent de moi. Car j’aime me faire jouer par les mots. Me faire jouer des tours et faire rire de moi. Je crois que les mots se jouent toujours de nous. Nous pensons pouvoir les maîtriser mais ce sont eux qui nous tiennent, nous stressent ou en détresse, en laisse ou en liesse.

Les mots ne nous laissent que très rarement tranquilles. En fait, les mots nous retiennent, nous enchaînent et nous détiennent. Et certains mots nous donne la chienne, surtout ceux que l’on doit dire. Les plus durs à dire. Mots durs, mots doux.

Même dans nos silences, dans nos méditations, les mots volent et revolent de partout en nous, même si, surtout dans notre tête de pinotte. Les mots passent et repassent même quand on se passe de mots.

Et les mots de passe ? Les pires à se souvenir de. Mots de passe comme hôtel de passe-passe. Passe-partour et post-partum.

Parfois les mots se croient, les mots se croisent. Parfois, les mots crissent, les mots crossent, mots criss-cross. Mots croisés et mots cachés. À demis mots, maux exposés. Mots crasses.

Moi, mes mots sont free style, mes mots sont gratuits, ils ne sont jamais cashés. J’écris pour rien justement, alors c’est tout dire.

Et comme le dit si bien Georges Courteline: Pour avoir une conversation distinguée, on doit se rappeler de n’ouvrir la bouche que lorsqu’on n’a rien à dire. Rien et bien dit. D’où l’expression, je dis ça, je dis rien. Je vous l’avais dit.

Tape tape tape, dans le dos comme dans face. Comme le vent.

J’écris free donc. Écriture libre, sans style, sans but. Échappatoire de mots. QUand c’est trop, control Alt delete.

J’écris pour me délivrer du mal car comme on sait bien, le mal a dit, le mal dit tout. Au tour du bien de parler, de crier, de soupirer. Bene dictions.

Alors que les maux sont souvent de trop, on dit souvent rien qui ne vaille. Car ultimement, rien qu’il ne faille dire. Tout a déjà été dit. Et on ne gagne rien à tout dire. Faut savoir se retenir le sac à scrabble car souvent ce ne sont pas les mots, mais plutôt le silence qui compte, double. Mots simples, sens multiples.

Tout a déjà été dit, écrit, chanté. En particulier l’amour. Et ses peines surtout. Et si on chantait la joie alors ? Amor amor amor alors. Aimes-tu la vie comme moi ? À mort.

Bouteilles à la mer et petits mots chroniques à la mère terre. Mots chroniques par foi, mots comiques parfois. Les deux à la fois ma foi.

Penser jouer avec les mots quand, au fond comme en surface, ce sont les mots qui se jouent de nous, et nous manipulent, les mots qui nous jouent des tours, les mots qui nous mènent en portes battantes et en free games. Moi je tape et eux résonnent, et me sonnent. Ding dong ! KO ? OK !

L’exercice d’écriture, même si ce n’est que pour nous, permet souvent de digérer un peu de ce qui peut nous tenir éveillés longuement dans nos ruminations, notre peine, notre deuil.
– Nathalie Plaat, Le Devoir 24/7/23

Moi j’écris pour moi, mais avec vous, devant vous. Vos écrans du moins. Je me vide l’écrin dans vos écrans. De rien. Et pas de trouble, vous n’êtes que quelques-un.e.s. Et deux fois plus de yeux et de mains. Et j’écris plus comme un pied que comme un mètre. Alexandre hein ?

Écrire pour ruminer, pour divaguer, pour digérer donc. Sinon les mots nous bouchent la foi. Car lorsqu’on a la foi, la vraie, aucun mot n’est requis. La foi exige le silence et la persévérance. Comme la pureté du coeur.

Ce sont les requins qui usent et abusent des mots comme des joueurs de baseball. Pitchs de vente. Les vendeurs et les bullshitteurs.

L’abus du langage induit le mal dans l’âme. – Socrate, qui ne ne parlait pas de grammaire. Ni de sa grand-mère.

Mal utiliser le langage, c’est l’utiliser à la manière des politiciens et des publicitaires, pour le profit, sans assumer la responsabilité du sens des mots.
Le langage utilisé comme moyen d’accéder au pouvoir ou de gagner de l’argent est mal utilisé : il ment.
Le langage utilisé comme une fin en soi, pour chanter un poème ou raconter une histoire, est juste, il tend vers la vérité.
Un écrivain est une personne qui se soucie du sens des mots, de ce qu’ils disent, de la manière dont ils le disent.

Les écrivains savent que les mots sont leur chemin vers la vérité et la liberté, et ils les utilisent donc avec prudence, réflexion, crainte, plaisir.
En utilisant les mots avec discernement, ils fortifient leur âme.
Les conteurs et les poètes passent leur vie à apprendre l’art de bien utiliser les mots.
Et leurs mots rendent l’âme de leurs lecteurs plus forte, plus lumineuse, plus profonde.
~Ursula K. Le Guin

Bonne sereine.

Laisser un commentaire