SAVOIR SENTIR LA VIE

Je suis tombé sur cette citation:
La vie ne reportera pas notre mort plus tard qu’elle n’est prévue,
alors ne reportons pas notre vie.
Et ça je l’ai senti.

J’aime les citations.

En quelques mots concis, qui adoptent un point de vue particulier – j’allais écrire un point de vie, mais cela s’applique surtout si on voit la vie – on entre dans une section de la réalité qui nous fait voir les choses autrement.

J’aime tellement les citations que comme certain.e.s le font avec les cheveux, j’aime les couper en quatre.

Je suis tombé sur cette citation.

Ou n’est-ce pas plutôt la citation qui m’est tombée dessus ? La question se pose. Car souvent, les bons mots – bene dictions – nous arrivent au bon moment. Souvent on entend des gens dire : j’avais besoin d’entendre cela en ce moment. Les mots, même s’ils mêlent parfois les choses, sont quand même nécessaires parfois.

D’ailleurs, est-ce que les bons mots peuvent arriver au mauvais moment ? Autre question koan.

La vie ne reportera pas notre mort plus tard qu’elle n’est prévue,

Notre mort est possiblement pré-déterminée, déjà à l’horaire divin comme personnel, ou peut-être pas. Le grand questionnement débatique entre le hasard et le destin.

Certains.e.s affirment parfois. avec une assurance surprenante à mon humble avis, que le hasard n’existe pas. D’autres aiment plutôt dire que tout est chaos et hasard.

Une certaine réalité se situe probablement entre ces deux extrêmes. Ou pas. Et est-ce un hasard si j’écris cela ici maintenant, ou est-ce la destiné ? Pas besoin de chercher car pas si important pour moi. Ce qui est est. Ou l’est-ce vraiment ?

La seule chose que je sais, ou que je pense savoir, que je sens en fait, c’est que nous sommes ici maintenant vous et moi et on doit faire avec. Vos yeux qui lisent mes doigts. Que quelques paires d’yeux qui liront ces mots alors qu’ils passeront inaperçus pour la grande majorité du monde. Et cela est juste et bon car il m’est plus important d’écrire que d’être lu.

Nous sommes ici vous et moi et on doit faire du mieux que l’on peut avec ce que l’on a dans le coeur et entre les mains, ce que l’on a en tête et en réserve. Car on n’a jamais vraiment rien d’autre que ce l’on pense avoir, que ce que l’on pense savoir.

Et comme on ne sait pas vraiment rien, on ne s’obstinera pas right ?

Ça on le sait avec un peu plus de certitude que le moment et le lieu de notre mort. En fait, on le sait parce qu’on le sent. Le sait-on vraiment parce qu’on le sent ? Car en fait, on sent plus que ce que l’on sait. Je sais car je sens pourrait devenir une citation. Mais Existe-t-il une distinction réelle entre sentir et savoir ? Autre bonne question avec laquelle on peut jongler si la vie est un cirque.

Bang ! Le clou de la citation. Et ça je l’ai senti.

On ne sent peut-être pas notre mort à venir, mais on peut sentir la vie. Probablement mieux que l’on ne sente pas trop notre mort venir car ça pourrait être angoissant. Ou pas. Car certain.e.s. choisissent le moment précis de leur mort. Peut-être que ça nous permet de mieux nous préparer.

Certain.e.s. connaissent le moment précis de leur mort et d’autres meurent par hasard, sur un coup de tête ou un coup de coeur. D’autres meurent de vieillesse et par destin. Décidément, on n’en sort pas.

Toutefois, même si on ne connait pas le moment précis de notre mort, et même si on ne le sent pas, on la sait probable cette mort à venir. Car qui n’est jamais mort.e ? Vous et moi, bien d’accord.

Mais on ne peut mourir sans avoir vécu. Ou peut-être que certain.e,s naissent morts nés ? Si on ne peut répondre à cette question, probablement que certain.e.s meurent en ayant très peu vécu, ou bien mal vécu.

Alors, au-delà des questions de singes qu’on peut se poser pour occuper un mental souris en cage, apprécions le fait qu’il nous reste encore du temps pour bien vivre, pour vivre bien. Il nous reste encore et toujours ce moment. Pour vivre tout ce que la vie met dans notre assiette dans ce grand buffet à volonté,

Un grand buffet all you can live la vie. La vie la vie disait le poète.

Et n’oublions pas ceux et celles dont le buffet n’offre que des miettes, comme des conditions inhumaines comme on nous montre trop et en même temps trop peu. Le trop peu est surtout en lien avec ce que nous faisons collectivement pour enrayer cette inhumanité collective.

Car le sens profond de la vie ne me semble pas tant de survivre, ni même de tout juste vivre, mais de vivre toute notre humanité, et de la partager.

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Les morts sont des vivants qui nous ont faits. Ils seront les morts que nous en ferons…
-⁠ ⁠Éric-Emmanuel Schmitt, Journal d’un amour perdu

Comme nous avons peur de la mort. Mais ce dont nous avons le plus peur c’est de la vie, nous ne savons pas vivre. nous connaissons le chagrin, et la mort n’est que le chagrin final. Nous divisons la vie entre vivre et mourir. Alors cela doit être la douleur de la mort, avec sa séparation, sa solitude et son isolement.

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