
Ce matin, j’hésitais entre deux thèmes de chronique, je valsais entre deux memes.
Entre celui, ci-haut, poétiquement orienté, ou celui, ci-bas, dramatiquement imposé par une certaine réalité pas si lointaine.

En effet, ces jours-ci, je suis tombé sur quelques citations au sujet de la poésie (que je vous re-présenterai plus bas) mais je suis encore plus préoccupé bordeline obsédé par ce qui se passe en Palestine notamment, en particulier par le sort des enfants desquels on voit passer des photos tout maigres et affamés. Quoi que pas que là.
Mais je ne voulais pas poster la photo ci-haut pour ne pas qu’elle apparaisse en tête de chronique sur les réseaux car loin de moi l’idée de faire la morale à quiconque ni de tenter de nous culpabiliser. Car toujours à soi qu’on s’adresse ultimement, toujours de soi et à soi qu’on parle. Le monde est nous.
Revenons-en donc à la poésie, et on verra si on peut faire rimer avec Palestine mieux qu’en pensant au terme poésine. On ne lésine pas sur les efforts de guerre de mots.
Celle-ci, ci-bas, est la première de la série de trois, qui se veut humoristique et visuelle. Pour faire léger et fanfaron.

Avouez: on le voit s’éclater le poème non ? comme le poète.
Et on voit littéralement se répandre les éclats de vers, comme des éclats de verre. Rien à faire, la scène s’image devant nos yeux et s’imagine en notre tête alors que le plancher se poétise de bouts de vers. Le Ver, à moitié plein, dit le vide. Verdict ?
Le second meme, qui serait de Rumi (mais on lui en attribue plusieurs à lui il me semble) se traduirait ainsi : La poésie peut être dangereuse, en particulier la belle poésie car elle crée l’illusion d’avoir vécu l’expérience sans vraiment être passé au-travers.

En gros, on peut bien dire ce que l’on veut, faire les plus beaux discours et émettre les plus intelligentes opinions qui soient, au final c’est la vie qui décide. Et ce sont nos gestes concrets qui parlent toujours pour soi, toujours plus fort que nos mots dits. Ces mots qui cachent et camouflent tant de nos maux.
Nos paroles chuchotent et nos gestes, qui portent dans le vent, illustrent notre humanité, en silence, en discrétion ou en feux d’artifices. Chacun son style. On ne trump jamais personne.
Et pour en revenir à notre citation d’aujourd’hui, elle fait en quelque sorte le pont entre les deux précédentes.

Elle affirme que la poésie joue avec les mots en nous remettant la responsabilité finale du sens des propos, ceux lus comme ceux émis. Émissaires de paix ou de guerre les mots. Drapeau blanc ou Kalashnikov.
Car toujours ainsi la vie de toute façon: aucun sens ne réside at face value à l’extérieur de soi sans notre interprétation relative, toujours en soi le sens des mots, toujours en nous la réponse, comme la réaction.
La poésie se veut une invitation de mots, une invitation mise en mots. On utilise les mots pour nous faire voyager, pour nous extasier – nous faire sortir du petit soi incarné et enfermé dans le corps de nos croyances limitées ou pour nous faire s’éclater et percevoir plus grand que soi, c’est selon. Merci Jim, belles portes grandes as-tu ouvert.
Et le lien avec la Palestine ?
Pas encore clair. Que sur la même planète terre.
Même si les deux co-existent en moi et que je vois les deux alternatives: jouer avec les mots, invoquer la beauté et me soucier du sort du monde et m’en faire juste assez pour être concerné mais pas submergé par la tristesse. Et jouer avec les mots pour m’en éloigner, pour m’en distancier car trop dur à porter, à supporter, à me sentir responsable de.
Pas coupable, juste responsable. Ne le sommes-nous pas tous, toutes et chacun.e ?
Mais j’avoue que je trouve un peu puéril de jaser poésie quand on sait que des enfants sont affamés et meurent de soif intentionnellement presque devant nos yeux. On ne les voit pas, mais on le sait, et on ne sait pas trop quoi faire à part dénoncer, signer des pétitions et poster quelques photos ou memes outragés et outrageant à ce sujet sur les réseaux. Pendant que ça continue de se passer et qu’on le sait.
Utilise-t-on les mots pour en parler ou pour détourner le regard ? Et que faire à part les mots ?
Comment faire pression pour que la situation cesse car c’est de la plus fondamentale humanité partagée dont il est question ? La leur mais la nôtre aussi.
D’ici, on voit le monde s’inhumaniser devant le drame humain qui prend place. On a les mots pour le dire, pour en parler, mais ensuite, qu’est-ce qu’on fait ?
Peut-on faire quelque chose ? Ou n’y peut-on rien ?
On aime croire qu’il est doit être possible de faire quelque chose à-propos d’un tel drame. Je vais donc continuer à y réfléchir et à ressentir la douleur humaine qui prend place en Palestine, mais pas que là d’ailleurs. Tout en continuant de tenter du mieux possible de contribuer à mon humble et petite échelle par l’entraide et la création de beauté à petite échelle.
Petite poésie impuissante mais déterminée des montagnes de Val-David en ce mois de mai mois de Marie de fin de premier quart de 21ème siècle. Pendant qu’on célèbre les 80 ans de la fin de la 2ème guerre mondiale. Plus ça change, plus c’est pareil et en même temps, jamais rien de pareil.
Belle poésie lucide mais dramatique d’un temps trouble sur terre.
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et un grand de nos poètes locaux, François Gourd, foulosophe premier:
Jeudi 8 mai 2025 :
Je pense, je lis, j’observe, j’écoute, je hume, je mélange, je rajoute, et pendant que les idées tournent dans ma tête, je tente de les apprivoiser, de les comprendre, de les absorber. J’évolue lentement au gré des hasards et des calculs savants. J’ai tant à découvrir, je ne suis qu’une minuscule parcelle dans ce grand univers.
Pourtant mes rêves peuvent être grandioses.
Mon imaginaire peut me faire entendre des sons et des dialectes qui naissent dans le cœur des poètes, des âmes sensibles, des itinérants du désert, des cracheurs de vérité sur les places publiques.
Silence on tue.
Titre de la compilation des livres de Laurent Chabin, pourrait être les gros titres de l’actualité internationale au sujet de ce qui se passe sous nos yeux.
Mais si on en parle, on passe pour un fou furieux.
There is a fool on the hill…
– The Beatles
Voilà que les mots des autres écrivent à la place des miens.
Paresseux, je les écoute et les retranscris…
Personne ne prétend que la résilience est une recette de bonheur.
C’est une stratégie de lutte contre le malheur qui permet d’arracher du plaisir à vivre, malgré le murmure des fantômes au fond de sa mémoire.
– Boris Cyrulnik, Le murmure des fantômes
L’absurde naît lorsque l’être humain cherche un sens dans un univers indifférent.
Mais de cet absurde jaillissent des forces : la révolte, la liberté et la passion.
Accepter que la vie soit dénuée de sens intrinsèque n’est pas une résignation, c’est un appel à vivre pleinement, à créer du sens dans chaque acte, car même dans le silence du monde, l’existence mérite d’être embrassée.
– Albert Camus
Tu dois danser comme si personne ne te regardait, aimer comme si tu n’avais jamais été blessé, chanter comme si personne ne t’entendait et vivre comme si tu étais au paradis.
– Frida Kahlo
Je ne suis pas jeune, et je ne serai jamais vieille.
J’appartiens à une tribu de femmes qui possèdent le rire des petites filles et le sourire insolent des aînées, les cheveux longs et libres, et les yeux anciens comme la Terre, où la beauté intérieure ne s’arrête pas.
Sœurs d’hommes qui ont l’esprit du loup et de l’aigle.
De joyeux lutins qui n’ont jamais cessé de jouer.
Des êtres qui traversent le temps, en mouvement constant, brûlant de curiosité.
Je n’ai pas, et je n’aurai jamais l’âge que mes documents indiquent, parce que je ne suis pas jeune et je ne serai jamais vieille.
Je Suis Éternelle.
– Muthukumaraswamy Aram Valarthanatan
