FACE À FACE À L’ÂME

Nous devons tous et toutes, chacun chacune, vivre avec notre bagage intérieur. On peut tenter de le nier, de le refouler, de le réprimer, de l’enterrer, de s’en divertir et détourner le regard, mais, éventuellement, on devra se mettre le nez dedans, comme les deux mains du coeur. Tout ce que l’on a vécu est enregistré, accumulé, intégré. Qu’on le veuille ou non. Et qu’on le veuille ou non, on doit ouvrir les yeux et respirer dedans.

Et comme on dit, plus on résiste plus ça persiste. Éventuellement, on doit faire face à nos peurs, nos ombres, nos faiblesses et notre vulnérabilité. On peut soit passer à-travers et en tirer des leçons ou repousser constamment par en avant. Personne ne veut souffrir, pourtant, beaucoup de souffrance en ce monde, en chacun.e de nous. Le monde est mis à mal.

Chaque obstacle peut devenir un chemin de croissance ou une voie de contournement ou de détournement jusqu’à ce que l’on soit prêt.e à l’affronter, à rentrer dedans, à le dénouer, le sentir puis le laisser aller. Le prétendu obstacle peut et doit même devenir le chemin. Et souvent la vie se charge de nous y mener, surtout quand on tient à l’éviter. Le petit cailloux sur la route semble nous attirer inexorablement, surtout si on ne veut pas aller vers. Quoi qu’on fasse pour l’éviter, la vie nous mènera plus ou moins directement là où l’on doit aller, plus ou moins frontalement.

Plutôt que de s’attaquer à nos propres blessures, traumatismes, bleus au coeur, on peut s’attaquer à vouloir changer le monde. Mais éventuellement, la guérison est une inside job. Et ça requiert beaucoup de courage en effet. Courage comme dans coeur.

On dit qu’il y a d’un côté douleur et de l’autre souffrance. La douleur serait davantage une sensation physique, alors que la souffrance serait une certaine forme d’évitement de la douleur, une résistance face à celle-ci, physique mais aussi mentale. Ça mérite réflexion me semble.

Il y a de l’amour d’évitement, et il y a de l’amour propre, celui qui nous fait prendre la souffrance à bout de bras et à bras le coeur et à y plonger.

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Grand-Maman, que faire avec la souffrance ?
— Mon enfant, la souffrance est une graine.
Si tu l’enfouis dans l’oubli, elle pourrit.
Si tu la jettes au vent, elle revient.
Mais si tu la plantes avec soin, elle peut fleurir en sagesse.

Comment une douleur peut-elle donner naissance à autre chose qu’à elle-même ?
— Parce que la souffrance, lorsqu’elle est touchée par la lumière de la conscience et travaillée par les mains du cœur, devient un chemin.
Regarde le sculpteur : il ne maudit pas la pierre, il la taille.
Regarde le musicien : il ne maudit pas le silence, il en fait une mélodie.
Et regarde la rivière : elle ne se plaint pas du rocher, elle le contourne et le polit.

Mais Grand-Maman, si la douleur est trop grande ? Si elle me submerge ?
— Alors, mon enfant, souviens-toi que l’eau qui déborde trouve toujours une fissure pour s’échapper.
Ne retiens pas ta souffrance comme un poids, donne-lui une voie.
Écris, marche, danse, parle, prie, crée.
La douleur ne demande pas à être enfermée, elle demande à être transfigurée.

Et si je n’y arrive pas ?
— Alors, respire.
Respire comme l’arbre respire en silence sous la tempête.
Il ne combat pas le vent, il plie.
Il ne refuse pas l’hiver, il attend le printemps.

Cela veut dire qu’il faut accepter la souffrance ?
— Non, il faut l’accueillir comme un visiteur qui a quelque chose à dire.
Si tu l’écoutes, elle partira après avoir livré son message.
Si tu l’ignores, elle reviendra frapper plus fort.

Et si je ne veux plus l’entendre ?
— Alors, transforme-la en offrande.
Laisse-la nourrir ta patience, ta tendresse, ta compréhension des autres.
Car ceux qui ont souffert et ont su transformer leur douleur deviennent des refuges pour les âmes fatiguées.

Grand-Maman, crois-tu que ma souffrance puisse un jour devenir une lumière ?
— Mon enfant, toute étoile que tu vois dans le ciel est née d’un chaos.

de source inconnue

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